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Etas-Unis : Comment le lobby pro-israélien influencera l’élection

jeudi 14 février 2008 - 05h:44

Eugene Schulman - Le Temps

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Dans ce cas... le lobby pro-israélien, ?uvrant toujours au nom d’Israël, pourrait s’appliquer à convaincre le gouvernement américain de mettre un terme à ses aventures hégémoniques au Moyen-Orient.

Eugene Schulman, consultant économique à Genève et membre de l’Overseas American Academy, souhaite la bienvenue dans le demi-monde de la politique. Discours à la Pangloss.

Les sondages d’opinion, qui donnent à George W. Bush l’indice de satisfaction le plus bas de l’histoire, pourraient conduire à s’imaginer que les Américains sont si avides de changement que les démocrates ont toutes les chances de remporter la présidentielle de novembre. Ce ne sera hélas pas le cas.

Il est d’abord très possible que les machines à voter soient truquées pour donner la victoire aux républicains en dépit des votes exprimés. Ou alors les résultats pourraient être si serrés que la Cour suprême sera à nouveau appelée à désigner le vainqueur. Ensuite, la possibilité existe qu’un nouveau parti apparaisse et divise les électeurs déçus, permettant à une majorité républicaine d’être réélue.

Il existe enfin un autre scénario, encore plus sinistre, qui pourrait empêcher les électeurs déçus de l’emporter. Comme John Mearsheimer, l’un des auteurs de The Israel Lobby and U.S. Foreign Policy (Le lobby israélien et la politique étrangère américaine) l’a fait remarquer dans The Oregonian (13 janvier), « une fois de plus, alors que la campagne présidentielle s’accélère, les principaux candidats se donnent énormément de mal pour faire part de leur attachement à l’État hébreu et de leur engagement sans faille envers la "relation spéciale" qu’il entretient avec les Etats-Unis ».

Qu’est-ce que cela signifie ? Bush semble déterminé à terminer sa présidence par un bilan positif. Il estime que le meilleur héritage qu’il puisse laisser est la paix au Proche-Orient par un accord entre Israël et la Palestine. Quel que soit le résultat de ses efforts, il est probable que les prémices de tout accord seront grandement influencées par le lobby pro-israélien.

Même si les différents candidats ont des prises de position différentes sur des sujets comme la guerre en Irak, les impôts, la couverture santé, l’éducation ou l’avortement, ils sont tous d’accord sur le fait qu’Israël doit avoir l’avantage. Même si un candidat est critique de la politique israélienne à l’égard de la Palestine, le lobby pro-israélien ne l’est pas, et aucun candidat n’osera s’opposer au lobby et se mettre à dos les Juifs américains ou les chrétiens sionistes, deux groupes très actifs dans le monde politique.

Pendant que l’administration Bush poursuit sa politique au Moyen-Orient, soutenant toutes les initiatives d’Israël, menaçant l’Iran et offrant des contrats d’armement avantageux à l’Arabie saoudite, les membres du lobby continuent à faire pression sur les candidats pour qu’ils suivent le sillon ainsi tracé, comme ils l’ont fait en tant que membres du Congrès. Il est difficile de dire en quoi un candidat est différent d’un autre. Quelle que soit la personnalité investie, les politiques seront les mêmes. Au fur et à mesure que les électeurs s’en rendront compte, l’apathie gagnera du terrain et ils ne feront plus l’effort d’aller voter.

Ces considérations sont trop pessimistes ? Examinons-en de plus optimistes. Il est toujours possible que ceux qui abominent l’administration actuelle et veulent lancer une procédure d’impeachment contre Bush et Cheney, parviennent à faire destituer l’un ou les deux. Dans ce cas, le troisième personnage de l’Etat, le speaker de la Chambre des représentants, actuellement la démocrate Nancy Pelosi, assume la présidence. Nous aurions donc un exécutif démocrate et une majorité démocrate au Congrès. Il serait imaginable qu’un tel scénario permît de commencer à réparer les dégâts infligés aux Etats-Unis par l’administration républicaine actuelle. Nancy Pelosi serait donc la présidente sortante, sans doute candidate à la présidentielle de cette année et il est peu probable qu’elle soit battue par un candidat républicain. Bingo, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles : fin de la guerre en Irak, impôt sur les riches pour financer la couverture santé, l’éducation et la création d’emplois...

Une autre hypothèse optimiste est que les machines à voter ne soient pas truquées et que l’un des candidats, démocrate ou républicain, remporte une victoire sans équivoque. Et que le nouveau président soit réellement dévoué au pays et au peuple américains, et les représente conformément aux v ?ux de la majorité. Re-bingo.

Etant donné que le sujet de cet article est le lobby pro-israélien et son influence possible sur l’élection présidentielle, envisageons une troisième option qui intègre parfaitement les deux scénarios précédents. Supposons que le gouvernement israélien change d’avis et réalise qu’il serait préférable à long terme de conclure une paix durable avec les Palestiniens et de leur offrir un Etat viable et indépendant aux côtés d’Israël ou même accepte la solution d’un Etat, deux nations. Dans ce cas, l’on pourrait s’attendre à une cessation des hostilités et il ne serait plus nécessaire pour les Etats-Unis de continuer à fournir à la 29e économie mondiale la proportion la plus importante de son aide aux pays étrangers. Et donc, le lobby pro-israélien, ?uvrant toujours au nom d’Israël, pourrait s’appliquer à convaincre le gouvernement américain de mettre un terme à ses aventures hégémoniques au Moyen-Orient. Les candidats ne seraient alors plus contraints par le lobby de défendre Israël à un coût préjudiciable, et pourraient se concentrer sur les questions de politique intérieure.

Si vous prenez pour argent comptant n’importe lequel de ces scénarios, c’est manifestement que vous avez passé trop de temps en compagnie du Docteur Pangloss.

13 février 2008 - Le Temps - Traduit par Julian Gallin.


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