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Fête des achats dans Rafah

lundi 28 janvier 2008 - 12h:27

Abdel-Rahman Hussein - Al Jazeera.net

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Depuis que les combattants du Hamas ont créé des brêches dans le mur séparant Rafah de l’Egypte, le flot des d’habitants de Gaza poussés par le désespoir et la recherche de nourriture n’a cessé de s’écouler.

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Des dizaines de milliers de Palestiniens ont traversé la frontière dans les deux sens - Photo : Adam El Sehemy

Des hommes, des femmes et des enfants ont été poussés à bout, jusqu’à leurs limites par un blocus israélien qui avait lentement privé les Gazouites des plus basiques des produits.

Dans chaque marché de chaque village égyptien et ville égyptienne situés près de la frontière de Gaza, des milliers de familles se sont lancés dans ce qui ne peut être décrit que comme une fête des achats pour les pauvres.

Hatem Hussain a voyagé 45 kms depuis sa maison à Beit Lahya au nord de Gaza avec son épouse et son fils ; ils sont restés dans Rafah pendant deux jours pour acheter des biens d’équipement ménager.

Il nous a montré des matelas d’éponge qu’il vient d’acheter pour sa maison.

Son fils mangeait un sac de chips, un parmi les dizaines achetées par Hussain pour ses enfants.

« Gaza n’a plus rien, ainsi chacun est venu ici pour acheter ce dont il a besoin. Comme vous pouvez le voir, ces personnes sont comme mortes, » nous dit-il.

« Il n’y a aucune vie dans Beit Lahya. Ceux qui sont malades ne peuvent pas aller se faire soigner à l’extérieur ; les étudiants ne peuvent aller à l’étranger, ni les gens y travailler. Toute ceci en raison du siège. La vie est difficile. »

Samedi, il y a eu des informations selon lesquelles le gouvernement égyptien avait ordonné aux magasins de fermer dans Rafah aussi bien que dans la ville d’El-Arish, à 50 kms de Rafah.

Abus sur les prix

Mais beaucoup de commerçants égyptiens vendaient toujours leurs articles aux clients palestiniens qui ont continué à franchir la frontière.

Ce dimanche, beaucoup d’étalages de magasins étaient vides et les réserves de carburant étaient épuisées dans Rafah et El-Arish.

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La famille Umm Ramadan’s a de grosses difficultés à acheter ce dont elle a besoin - Photo : Adam El Sehemy

Certains Palestiniens accusent les commerçants égyptiens d’escroquerie sur les prix ; Hussain a expliqué que quelques magasins exploitaient la situation en augmentant les prix de marchandises qui savait-il, avaient été beaucoup meilleur marché lors de ses visites précédentes en Egypte.

Des taux de change ont été également affectés : la Palestine ne dispose d’aucune monnaie nationale et les Gazaouites n’ont que des shekels israéliens. Alors que le taux de change du gouvernement est placé à 1,50 livre égyptienne pour chaque shekel, un taux de change au marché noir a été rapidement établi, dévaluant la devise israélienne jusqu’à près de 30 pour cent.

Dimanche, les négociants égyptiens de devises avaient fixé une parité entre le shekel et la livre égyptienne mais quelques magasins ont abandonné entièrement la livre égyptienne et ont commencé à accepter la devise israélienne.

Umm Ramadan, qui est venue à Rafah depuis la ville palestinienne d’Al-Daraj, a avoué avoir été déçue par le fait que les commerçants égyptiens avaient augmenté les prix de presque tous les articles de base.

Elle nous explique : « Nous ne pouvons rien acheter, ils ont profité de l’occasion. Le shekel est considéré comme équivalent [à la livre égyptienne]. Nous manquons de médicaments, de gaz, d’électricité... La vie que nous subissons est intolérable. »

Sa mère, la chef de la famille nous dit : « Nous voulons vivre comme les autres, nous sommes enfermés à clé. Nous ne pouvons pas voir nos familles... et nous sommes venus ici pour acheter et nous n’avons pas assez d’argent pour le faire, tout est cher ici. »

Gratitude

Mais Sameer Egdeeh, un policier de Khan Younis, localisé à 65 kms de Rafah, dit qu’il est reconnaissant vis-à-vis des autorités égyptiennes d’avoir permis aux Palestiniens de connaître un sursis face au blocus économique imposé par les Israéliens.

Il a déclaré à Al Jazeera : « Nous voulons remercier les Egyptiens de permettre aux Palestiniens d’acheter leurs marchandises malgré le siège. Les Egyptiens comprennent la douleur des Palestiniens. »

Egdeeh a acheté une moto dans El-Araish parce que selon lui, cela exige moins de carburant qu’une voiture, une idée logique avec les approvisionnements en carburant en forte diminiution dans la bande de Gaza. Egdeeh a également acheté du gaz dans Rafah.

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Egdeeh a fait l’acquisition d’une moto - Photo : Adam El Sehemy

Il explique aussi qu’il n’y avait plus d’eau ni d’électricité dans Gaza mais que les choses s’étaient améliorées légèrement après qu’Israel ait toléré la livraison d’une quantité de combustible un peu plus grande pour permettre le fonctionnement de l’unique centrale électrique de Gaza.

Tandis que quelques Palestiniens exprimaient leur gratitude pour la « solidarité » égyptienne, ils ont tourné leur amertume et leur colère vers d’autres pays arabes.

Egdeeh : « Je veux que les Arabes se souviennent des jeunes de Gaza tués comme ils ont pu le voir à la télévision. Nous voulons leur aide ; nous défendons la mosquée d’Al Aqsa et c’est pour tous les Arabes. Ce n’est pas simplement pour les Palestiniens, mais pour eux tous. »

Hussain ajoute : « C’est un problème de demander quoi que ce soit aux peuples Arabes. »

« Il est difficile de s’attendre à ce qu’une personne morte fasse quelque chose pour vous. Tout ce que je leur demande est de regarder les enfants de Gaza, pas les autres, juste les enfants qui meurent à cause du blocus. Jetez un coup d’ ?il, c’est tout ! »

28 janvier 2008 - Al Jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/NR/exe...
Traduction : Claude Zurbach


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