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On en rirait, si ce n’était si tragique

lundi 28 janvier 2008 - 23h:00

The Jordan Times - Editorial

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Le fait de tirer ces roquettes ne peut, en aucune façon, être comparé à celui de faire mourir de faim délibérément un million cinq cent mille personnes.

Les Etats-Unis se sont opposés à un projet de résolution non contraignante des Nations unies, proposé par les pays arabes ; il faisait part de la « préoccupation » de ces pays à propos de la situation humanitaire à Gaza, « condamnait » les tirs de roquettes sur Israël et appelait le gouvernement israélien à cesser son blocus contre la bande de terre appauvrie.

Pourquoi cette opposition ? Parce que, selon les officiels US, les Nations unies n’abordaient pas ce qu’ils appellent « le coup illégal » du Hamas contre l’autorité « légitime » dans Gaza et que, par conséquent, les Nations unies ne prenaient pas en compte la « cause initiale » de la situation de Gaza.

Ce raisonnement est ridicule et pourrait avoir été tiré des pages d’un manuel israélien d’instruction de relations publiques.

Si la prise du pouvoir, par la force, du Hamas à Gaza pose assurément problème, on ne doit jamais oublier que c’est le Hamas, et non le Fatah, qui a gagné les élections parlementaires de 2006 et qui, par conséquent, constitue l’autorité légitime.

Plus important encore, prétendre que cet évènement serait la cause première de la situation difficile de Gaza est ridicule. Au c ?ur des griefs des Gazaouis (comme d’ailleurs de tous les Palestiniens), il y a leur dépossession massive de 60 années et leur occupation de 40 années. Pour les deux, la responsabilité est à imputer entièrement à Israël.

Israël n’a jamais rien fait pour réparer l’injustice de 1948 ni pour atténuer son occupation de 1967. Tel est, tel a toujours été, et tel sera probablement toujours, le c ?ur du problème.

Mais, et les tirs de roquette qui « terrorisent » les bébés et les enfants israéliens ? Eh bien, le fait qu’ils soient largement inoffensifs ne doit pas minimiser l’inquiétude réelle qu’Israël doit ressentir face à ces attaques. Mais si Israël a un droit légitime à se protéger contre ces tirs, les Palestiniens ont un droit légitime à se protéger contre une occupation agressive et illégale qui nie leurs droits, non seulement à leur sécurité personnelle, mais encore à la liberté et à l’autodétermination.

Et non seulement cela, mais le fait de tirer ces roquettes ne peut, en aucune façon, être comparé à celui de faire mourir de faim délibérément un million cinq cent mille personnes. Le premier est un acte ultime, de désespoir, tirant sans distinction ni efficacité sur quelques rares cibles. L’autre est un crime de guerre, ciblant sans distinction et avec une grande efficacité chacune et chacun des Gazaouis, à sa propre table de salle à manger, et dans sa propre maison.

Ainsi, si les officiels américains ont raison quand ils disent que les « causes centrales » doivent être abordées, ils sont extrêmement mal avisés dans leur appréciation sur la nature de ces causes.

Les Etats-Unis, pour être à la hauteur de leurs principes humains qu’ils mettent tellement en avant, doivent condamner de la façon la plus solennelle possible, les actes d’Israël dans la bande de Gaza et persuader ce pays de cesser cet abus de pouvoir lamentable et écrasant.

On peut espérer que le Hamas, une fois encore, décide d’une trêve unilatérale.

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Famine à Gaza.

26 janvier 2008 - The Jordan Times - publié également sur Annie’s letters - Traduction : JPP


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