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Bush au Moyen-Orient : un double échec

samedi 26 janvier 2008 - 08h:33

Bernard Ravenel

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Les médias nous avaient pourtant présenté l’image d’un Président capable d’imposer une sorte de tournant à la négociation israélo-palestinienne qui n’arrive pas à démarrer depuis Annapolis.

Le discours de Bush à Jérusalem le 10 janvier devait avoir un impact décisif sur les deux parties. Rien de tel ne s’est produit. Rien n’est changé sur le terrain et très peu changera. On avait même pensé - audace suprême - que l’armée israélienne procéderait à l’évacuation d’une vingtaine d’avant-postes de colonisation sur cent en Cisjordanie, promesse d’Israël aux États-Unis il y a au moins quatre ans... La réalité est tout autre : Israël continue sa politique, en particulier l’expansion des colonies à Jérusalem, et accentue sa pression militaire sur Gaza.

G.W. Bush a d’autant plus échoué qu’il se serait contenté de « petits résultats » sur le front israélo-palestinien pour rassurer ses amis arabes et mieux se concentrer sur la question iranienne, motif réel à la fois d’Annapolis et de son déplacement, en particulier en Arabie séoudite.

G.W. Bush a certes été accueilli à Ryad par le vieux roi Abdallah avec le tapis rouge. Dans la coalition des pays arabes « modérés » que Bush veut construire pour affronter l’Iran, l’Arabie séoudite est l’Etat-clé et la dynastie des Séoud a besoin des armes américaines et de vendre à Washington le pétrole de ses riches gisements. De son côté, l’administration américaine s’est empressée de soumettre au Congrès le projet d’un paquet cadeau à la dynastie séoudienne de plusieurs milliards de dollars d’aide militaire américaine (sur un total de 20 milliards aux pays du Golfe) dans la perspective d’une confrontation avec l’Iran.

Le Président américain a donc sonné une nouvelle fois l’alarme sur le danger du programme nucléaire iranien. Une nouvelle fois, il a dressé la liste de ses griefs contre l’Iran, « principal Etat à parrainer le terrorisme dans le monde ». « C’est pourquoi », a-t-il ajouté, « les Etats-Unis renforcent leur vieil engagement en matière de sécurité auprès de leurs amis dans le Golfe et rassemblent des amis dans le monde pour faire face à ce danger avant qu’il ne soit trop tard. » Rien de nouveau donc.

En réalité, l’Arabie séoudite, comme ses alliés princiers du Golfe, a réaffirmé son désir d’alliance avec les Etats-Unis, mais elle a aussi exprimé qu’elle craignait davantage les conséquences d’une guerre contre l’Iran que l’Iran lui-même. Elle a même été amenée à accroître la pression en poussant les pays arabes - en particulier l’Egypte - et même la Turquie, à exprimer leur refus de l’aventurisme militaire américain.

Plus encore, les paroles de Bush n’ont pas bloqué le rapprochement entre Téhéran et Ryad, qui s’est traduit par une invitation d’Amadinejad à l’occasion du pèlerinage à La Mecque le mois dernier. Cette invitation s’est voulue un signal clair du refus arabe d’une autre guerre américaine au Moyen-Orient et de la volonté d’affronter les ambitions nucléaires du voisin perse avec les armes de la diplomatie...

En réalité, cette insistance de Bush après que les renseignements américains eurent ridiculisé ces affirmations sur l’avancée du programme iranien tient à deux raisons : d’un côté il entend maintenir l’option militaire américaine contre l’Iran encore défendue par le camp néo-conservateur, la droite sioniste et une bonne partie du complexe militaro-industriel, et de l’autre il veut marquer son soutien à Israël.

Mais après l’échec de ce voyage qui reporte sine die l’intervention militaire américaine, une question reste posée : que va faire Israël ? En effet, Olmert vient de répéter que, pour son gouvernement, l’Iran nucléaire est inacceptable et qu’il n’écarte par avance aucune option pour empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire. « Toute chose qui puisse prévenir la nucléarisation de l’Iran fait partie du contexte légitime des options avec lesquelles traiter la chose » a déclaré Olmert devant la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset.

Si bien que, de ce voyage de Bush, subsiste une lourde inconnue : qu’est-ce qu’ont pu tramer Bush et Olmert sur l’Iran ? Ce fut peut-être la raison principale et secrète de ce voyage, une raison préoccupante.

22 janvier 2008 - Confluences M2diterranée - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.confluences-mediterranee...


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