16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Gaza : Tant de tragédies en si peu de temps

mardi 22 janvier 2008 - 06h:56

Mohammed Omer - BBSNews

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Shlomo Dror, porte-parole du ministère de la Défense israélien (20 janvier) :
« Les gens dans la bande de Gaza vivent normalement ».

JPEG - 28.6 ko
Un jeune Palestinien court pour se protéger d’une roquette israélienne tombée sur une maison à Gaza ville.




Par où commencer ? En parlant de quoi ? De la pénurie paralysante de l’électricité qui affecte les hôpitaux et les civils ? des frappes aériennes qui se poursuivent et des bombardements quotidiens par l’armée israélienne qui ciblent de façon indiscriminée tant les civils que les commissariats de police ? de la famine imposée délibérément contre un million cinq cent mille personnes par la fermeture de TOUTES les frontières par Israël qui n’autorise même pas le passage des aides des Nations unies, et encore moins celui des médicaments et de la nourriture basiques, comme des besoins pour les bâtiments.

La pénurie de carburant a réapparu à Gaza : la plus grande partie de Gaza n’a pas d’électricité et, plus grave encore, la pénurie de médicaments dans les hôpitaux palestiniens continue de s’amplifier, au point que le ministère de la Santé signale une catastrophe humanitaire imminente.

Ou devrais-je plutôt commencer par la bombe qui vient juste de tomber sur un mariage, près du bâtiment du ministère de l’Intérieur dans Gaza ville, avec 15 immeubles habités qui se trouvaient sur la trajectoire de la bombe ? Une femme a été tuée et 40 autres personnes ont été blessées, principalement des enfants et des femmes qui se trouvaient chez eux ou jouaient dans la rue ! Des scènes d’enfants blessés, couverts de sang et criant, quelques instants seulement après s’être réjouis de cette fête, dans la salle de mariage de Gaza... un spectacle atroce dont la plupart des sources d’informations ne parleront même pas.

Les blessés ont été évacués sur l’hôpital Al Shifa qui a eu de grandes difficultés à trouver assez de lits et de couvertures pour les recevoir, des enfants furent entassés à trois ou quatre sur le même lit du fait de la surpopulation des malades.

Tôt vendredi, Israël a fermé ses frontières avec la bande de Gaza à toute circulation ; selon les officiels, il s’agit d’une réponse aux tirs de roquettes depuis Gaza sur Israël, décision qui s’oppose à l’entrée de toute aides humanitaires, même celles des Nations unies. Elle fait suite à l’engagement d’Israël d’amplifier sa campagne militaire contre les militants de Gaza, lesquels ont lancé plus de 110 roquettes sur le sud d’Israël, des roquettes fabriquées sur place, durant les trois derniers jours, faisant deux blessés chez les Israéliens.

Mais de l’autre côté, ce sont 19 Palestiniens qui ont été tués en une seule journée, mercredi dernier, lors d’une nouvelle frappe israélienne qui prenait cette fois pour cible l’est de la ville de Gaza.

Ceci pour les dernières frappes, mais ce n’est pas tout : depuis la visite du président et « artisan de la paix » américain, George W. Bush, en 74 h seulement Israël a tué 37 personnes et en a blessé plus de 90. Ces chiffres, qui peuvent grossir à tout instant, ont été confirmés par Khaled Radi, porte-parole du ministère de la Santé à Gaza. Radi indique également qu’Israël utilise des armes déclarées illégales internationalement, et qui rendent impossible l’identification des corps par leurs proches, ayant été rendus méconnaissables.

Parmi les dizaines de tués, il y a un garçon de 13 ans, avec son père et son oncle, tués dans ce qu’Israël prétend être « une erreur ». Une autre frappe israélienne a tué une mère, Maryam Al Rahel, et son fils, Mohammed ; ils étaient à dos d’âne quand l’avion israélien a largué sur eux sa bombe. Leurs corps, comme beaucoup d’autres, ont été déchiquetés, des petits morceaux de chair se sont éparpillés partout !

Une nuit encore plus noire !

Avec quelques autres journalistes, nous avons voulu aller présenter nos condoléances à l’un de nos amis journalistes pour la mort de son cousin, due à la pénurie de médicaments, mercredi. Sur le chemin, on entendait qu’il y avait beaucoup de coups de feu tirés dans des funérailles et des manifestations. Puis, alors qu’on quittait notre place de stationnement, Mohammed, un journaliste, nous a proposé d’attendre un moment. Mais les autres ont préféré ne pas rester là, et nous sommes finalement partis.

Au bout de quelques minutes de route seulement, on apprend que l’endroit où était garée la voiture venait d’être bombardé, deux Palestinien ont été tués et trois autres blessés. « Les tués, c’aurait pu être nous ! » me dit l’un des journalistes. Je lui réponds : « Dieu merci, ce n’est pas le cas. Mais c’est tellement triste ; ce doit être terrible pour leur famille, avec des enfants abandonnés et personne maintenant pour les aider. »

Mise à jour du nombre de tués

Comme prévu, le nombre de morts a augmenté depuis que j’ai commencé à rédiger cet article : une autre personne a été tuée dans le nord de Gaza et 7 autres grièvement blessées. Le porte-parole du ministère de la Défense israélien, Shlomo Dror, a déclaré : « Il n’est pas supportable que les gens de Sderot vivent tous les jours dans la crainte alors que les gens de Gaza vivent normalement. »

Et moi, je me demande, qu’est-ce qu’il entend par « vivre normalement » ? En effet, veut-il dire que c’est normal que plus de 35 civils aient été tués en 4 jours, qu’une population tout entière soit sur le point de mourir de faim et qu’elle soit contrainte de grelotter pendant des nuits d’hiver par manque d’électricité et de couvertures, que les hôpitaux et les centres médicaux soient obligés de fermer ou d’opérer avec des moyens insuffisants, sans les médicaments indispensables, sans nourritures, ni couvertures, ni même l’espace nécessaire, et la liste est longue... Si c’est cela, alors oui, nous vivons tout à fait normalement.

JPEG - 65.5 ko
Une voiture touchée par les avions israéliens à Gaza.
JPEG - 35.5 ko
Un enfant assassiné.
JPEG - 44.7 ko
Des morceaux de corps sont ramassés.
JPEG - 46.6 ko
JPEG - 39.8 ko
JPEG - 27.9 ko
Funérailles.

20 janvier 2008 - BBSNews - Rafah today - Publié aussi sur le blog Annie’s letters - Photos : Rafah Today - traduction : JPP


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.