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Bush lutte contre le syndrome de l’insignifiance

jeudi 10 janvier 2008 - 06h:43

Luis Lema - Le Temps

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Alors que la campagne fait rage aux Etats-Unis, le président effectue son premier voyage dans la région depuis son élection.

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Des milliers de drapeaux américains sont fabriqués pour le venue de George Bush. Photo : keystone

Qui se souvient encore de George Bush ? Alors qu’il lui reste à passer exactement un an à la Maison-Blanche, le président américain a pratiquement disparu, ces jours, du paysage politique. Le processus électoral vient de démarrer en fanfare, passionnant les Etats-Unis et une bonne partie du monde. On ne parle que de « changement ». Et l’enthousiasme que soulèvent les nouvelles têtes est proportionnel à l’opposition qu’elles affichent à l’égard de l’administration actuelle. Aucun des amis politiques de George Bush ne lui a demandé de prendre une part active dans la campagne. A l’inverse : Bush, déjà, est poussé dans les tréfonds de l’histoire.

Le président commence pourtant aujourd’hui au Proche-Orient ce qui devrait être la tournée internationale la plus importante de ses deux mandats. George Bush connaît Israël et les territoires palestiniens. Lorsqu’il était gouverneur du Texas, c’est un certain Ariel Sharon qui s’était empressé de lui servir de guide, l’accompagnant à bord d’un hélicoptère pour lui montrer l’invraisemblable proximité qu’entretiennent Ramallah et Tel-Aviv, Jénine et Haïfa. Le Texan en était revenu chamboulé. Depuis lors, il n’a cessé de s’afficher comme le président le plus réceptif de l’histoire aux thèses israéliennes. Il est celui qui, comme nul autre, a constamment souligné les besoins de sécurité de l’Etat hébreu.

Pour son premier voyage officiel dans la région, il ne retrouvera pas son vieil ami Ariel Sharon. Mais il a reporté son amitié sur Ehoud Olmert, ce premier ministre aujourd’hui très sérieusement décrédibilisé, auquel il s’agit notamment d’apporter son soutien.

Ce n’est pas le premier président américain en bout de course qui se concentre ainsi sur cette région. Bill Clinton l’avait fait avant lui, se transformant en courtier entre Israéliens et Palestiniens et tentant jusqu’à la dernière minute, sans succès, de faire infléchir Yasser Arafat afin de trouver un règlement définitif avant la fin de son second mandat. Mais pour George Bush, la situation est différente : le Proche-Orient, au sens large, est depuis longtemps au centre de sa politique. L’Irak, l’Iran, le Liban sont autant de dossiers qui viennent troubler la question israélo-palestinienne, et qui font de ce président un personnage particulièrement impopulaire au sein des populations arabes.

Il n’y a que six semaines que s’est tenu, à Annapolis, le sommet qui devait remettre sur les rails le « processus de paix » régional. George Bush s’y était engagé à poursuivre personnellement chaque avancée, confiant de parvenir d’ici à la fin de l’année à l’établissement d’un Etat palestinien. Dans l’intervalle, pourtant, les rares espoirs qu’avait soulevé la réunion se sont déjà évanouis. La colonisation juive se poursuit à Jérusalem et en Cisjordanie ; les tirs de roquettes et les bruits de bottes s’intensifient à Gaza ; aussi bien en Israël que dans les Territoires palestiniens, les oppositions ne désarment pas. Dans ces conditions, nul ne s’attend à ce que le voyage de George Bush puisse aider à résoudre quoi que ce soit. Tout juste le président en tirera-t-il quelques expériences pour pouvoir alimenter son discours sur l’état de l’Union, qu’il délivrera pour la dernière fois devant les élus de Washington le 28 janvier.

Sa tournée de neuf jours devrait le conduire également dans les Etats du Golfe et en Egypte. Plus que le dossier israélo-palestinien, c’est surtout l’Iran qui devrait cependant être au c ?ur des autres étapes. Une rumeur insistante veut aussi que le président fasse un crochet par l’Irak, afin de démontrer le succès amené sur le terrain par l’envoi de renforts. « Je me réjouis de m’asseoir avec nos amis et nos alliés pour les assurer de mon engagement à la paix et pour travailler avec eux afin d’être sûrs qu’ils le sont aussi », expliquait George Bush lors de son adresse hebdomadaire. Le président, pourtant, le sait. Il est guetté par le syndrome le plus ravageur qui puisse affecter l’homme le plus puissant de la planète : celui de l’insignifiance.


Du même auteur :

- Moyen-Orient : L’histoire sans fin
- Annapolis veut voir la paix au coin de la rue
- Nucléaire iranien : la donne a changé

Luis Lema, New York - Le Temps, le 9 janvier 2008


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