Selon un communiqué de l’agence Ma’an en date du 1° janvier, le Premier ministre palestinien déposé, Ismail Haniyeh, a demandé à l’ancien président américain Jimmy Carter de servir de médiateur dans le conflit entre le Hamas et le Fatah.

Carter ayant accepté cette mission, Haniyeh a ajouté que cette méditation devrait reposer sur la légitimité palestinienne.

Ismaïl Haniyeh dans la camp de réfugiés d’Al Shati - Gaza le 28 décembre 2007 - Photo : Ma’anImages

C’est ici que les choses se compliquent. Qu’est-ce que la "légitimité palestinienne" ? Haniyeh considère que le Hamas qui a été dépossédé de son pouvoir en tant que légitime parti de gouvernement - alors qu’il a été élu par le peuple palestinien au service de tous les Palestiniens - doit diriger le peuple palestinien.

Dans le contexte actuel, il a à la fois tort et raison. Il a raison, en ce sens que le Hamas a été élu par la majorité des Palestiniens, mais il a tort, car le Hamas a été élu pour 3 raisons nettement distinctes : 1) le scrutin devait montrer au monde entier, et notamment aux Palestiniens eux-même, que le peuple palestinien exerce son droit démocratique de choisir le parti qui va les représenter ; 2) le résultat du vote est un message clair envoyé aux responsables du Fatah pour leur signifier que les Palestiniens n’acceptent pas le comportement peu scrupuleux de certains membres du parti ; 3) le vote en faveur du Hamas ne signifiait ni que les électeurs estiment que ce parti à la capacité de gouverner, ni qu’ils sont d’accord avec sa plateforme politique, il tenait strictement à sa probité.

La direction du Hamas a soit mal analysé les raisons de son étonnant succès, soit choisi de les ignorer. Les jours qui ont suivi le rejet massif du processus démocratique palestinien par les "pays démocratiques d’Occident et par Israël", les responsables du Hamas, agissant unilatéralement, ont gouverné la Palestine et les Palestiniens conformément à leur propre programme politique, sans prendre en compte le fait qu’ils avaient été élus par le peuple, pour servir le peuple.

Un peu plus tard, le Hamas s’est emparé par la force de la Bande de Gaza, constituant à lui tout seul le gouvernement, sans que le Fatah ait le moindre mot à dire sur la manière de diriger le pays. Et comme ce dernier domine en Cisjordanie, il y gouverne tout seul, sans que le Hamas ait son mot à dire. Avec deux entités séparées, Gaza et la Cisjordanie, le peuple palestinien est plus éloigné d’une solution globale au conflit qu’il ne l’a jamais été depuis son expulsion en 1948.

Cela nous ramène à la demande d’intervention directe de Haniyeh auprès de Carter. Ce dernier peut-il réussir là où les Saoudiens ont échoué ? Dans son livre, à la page 189, il écrit qu’« avec un contrôle de plus en plus important sur Jérusalem Est, une relative sécurité due au mur qui entoure ce qui reste de la Cisjordanie et des milliers de colons toujours présents à l’est du mur et qui sont protégés par une importante force d’occupation, certains Israéliens sont tout simplement tentés d’abandonner tout effort en direction d’un accord de paix basé sur la "feuille de route" du Quartet ou de toute autre négociation de bonne foi. »

Bien mieux que beaucoup d’observateurs, Carter a réussi avec cette phrase à résumer en quelques mots le véritable obstacle à la paix dans la région. S’il parvient à convaincre la direction palestinienne des véritables raisons qui sous-tendent le conflit israélo-palestinien, il pourrait réussir là où tant d’autres ont échoué jusqu’à présent.

1° janvier 2007 - Agence de presse Ma’an - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.maannews.net/en/index.ph...
Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz