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Histoire d’amour en Palestine

mardi 1er janvier 2008 - 07h:49

Ghassan Abdullah - The Electronic Intifada

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Il y a quelques mois, un employé européen à Ramallah organisait une fête d’adieu après la réalisation d’une partie du projet pour lequel il avait été recruté. Cet Européen, un Belge, avait précédemment passé beaucoup d’années dans les territoires palestiniens où il était très estimé, d’autant plus qu’il avait épousé une femme palestinienne, mais ceci est une autre histoire.

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Bethlehem, le 26 décembre 2007 - Jalal al-Hremy sert très fort dans ses bras sa fille Samaher âgée de 10 ans, après que les deux aient pu être à nouveau réunis ; Samaher n’avait pas le droit d’entrer dans Bethlehem parce qu’elle était inscrite sur la carte d’identité de sa grand-mère qui était décédée - Photo : Luay Sababa/MaanImages

Un ami et vieux collègue à moi m’a accompagné à cette fête et m’a discrètement interrogé au sujet de A., une belle femme qui travaille avec nous : « De quelle religion est elle ? ». « Musulmane », ais-je répondu. « Bon, » a-t-il dit. « Quelle sorte de carte d’identitré a-t-elle ? » J’ai répondu : « Elle est palestinienne avec un passeport jordanien périmé ici. Pourquoi ? » « Quel dommage, » m’a-t-il répondu, « parce qu’un ami à moi, Y., qui l’a juste rencontrée et a discuté avec elle voulait mieux la connaître. »

Ailleurs, une telle question pourrait sembler déplacée. Mais en Palestine elle est tout à fait justifiée.

Il y a des dizaines de milliers de Palestiniens avec des passeports jordaniens ou étrangers refusés par l’armée israélienne d’occupation, ou par les ministères israéliens de l’intérieur ou du travail ; ces Palestiens sont interdits de résidence dans les Territoires Palestiniens. D’autres sont empêchés d’une façon très arbitraire de visiter les territoires ou d’y retourner, bien qu’ils y aient leur famille, leurs amis, des affaires ou des études. La raison invoquée par les autorités israéliennes est souvent bitakhon, ou « la sécurité », sans prendre la peine de donner le moindre début de justification. Ceci a conduit beaucoup de Palestiniens, et même des épouses et des parents non-Palestiniens, à dépasser la durée de leur permis de séjour accordé par les israéliens, de crainte de ne pas être autorisés à revenir. Et c’était le cas de A.

Il y a tant de familles en Palestine, et également en Israël, séparées pour cause de passeports différents. Un Palestinien titulaire d’une carte d’identité de couleur orange épousant une Palestinienne avec la nationalité israélienne n’aura pas le droit d’habiter en Israël et la conjointe avec la nationalité israélienne n’aura pas le droit de vivre dans les Territoires Palestiniens. Même une titulaire d’une carte d’identité de Jérusalem de couleur bleue épousant un habitant de Cisjordanie ne sera pas autorisée d’avoir son conjoint vivant auprès d’elle à Jérusalem. Aussi est-on obligé de poser la question de savoir quelle est la carte d’identité de la personne dont on pourrait tomber amoureux.

Cette politique israélienne a rencontré une forte résistance suite à une forte mobilisation et aux pressions des gouvernements des ressortissants pour lesquels était nié l’entrée ou le retour vers les Territoires Palestiniens Occupés. Les concessions israéliennes en direction de l’Autorité Palestinienne ont inclus le droit à la réunification familial pour des membres de familles séparées par leur nationalité et leurs différentes cartes d’identité. A. fit par la suite partie de ceux et celles qui ont eu de la chance, mais ce n’est pas le cas de toute sa famille.

Je n’ai jamais vu A. aussi enthousiaste que lorsque son nom est apparu sur la liste des personnes pouvant disposer d’une carte d’identité palestinienne, liste publiée par l’armée israélienne d’occupation. Elle a immédiatement demandé ses papiers et une semaine plus tard elle est allée en Jordanie voir ses soeurs et ses parents qu’elle n’avait pas vus depuis près de dix ans. Elle a également constaté qu’il y avait bien plus de choix en y faisant des emplettes que dans Ramallah qu’elle avait toujours eu la crainte de quitter de peur d’être arrêtée à un point de contrôle de l’armée israélienne.

A. est passée à mon bureau cette semaine, avec un large sourire, pour me dire que son admirateur Y. qui après la fête était longtemps resté parti, était revenu lui faire une visite en montrant un intérêt renouvelé. Le reste peut devenir de l’histoire.

* Ghassan Abdullah est consultant en informatique à Ramallah en Cisjordanie.

27 décembre 2007 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
[Traduction : Alverny - Info-Palestine.net]


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