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Nucléaire iranien : Israël contre-attaque

vendredi 7 décembre 2007 - 23h:44

Roni Sofer - Yediot Aharonot

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Par peur de voir se briser l’unité de la communauté internationale, Tel-Aviv a décidé de lancer une offensive diplomatique contre le rapport des renseignements américains qui relativise la menace iranienne.

En réaction au rapport américain selon lequel l’Iran a gelé son programme nucléaire en 2003 à la suite de la pression internationale, Israël va lancer une campagne diplomatique pour obtenir le durcissement des sanctions contre Téhéran. Tzipi Livni, la ministre des Affaires étrangères, a reçu le corps diplomatique israélien avant de partir en visite officielle en Slovénie [mardi soir]. "Le monde ne saurait accepter un Iran nucléaire. La volonté de Téhéran de se doter de l’arme nucléaire est établie et il est évident pour tout le monde que l’Iran continuera à tout faire pour obtenir cette technologie. Les sanctions se sont avérées efficaces et nous devons augmenter nos efforts pour les renforcer", a-t-elle déclaré.

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Tzipi Livni (AFP)

Selon les autorités de Jérusalem, la principale préoccupation d’Israël, c’est que le rapport renforce l’opposition de la Chine et de la Russie à une troisième série de sanctions onusiennes contre l’Iran. Ces deux pays sont membres permanents du Conseil de sécurité et disposent à ce titre d’un droit de veto.

En Israël, tous les regards étaient fixés sur Saeed Jalili, le principal négociateur iranien sur le dossier nucléaire, qui devait rencontrer le président Vladimir Poutine plus tôt dans la journée.

Israël craint que cette rencontre n’accélère la livraison de combustible nucléaire russe à la centrale iranienne de Bushehr. Manouchehr Mottaki, le ministre des Affaires étrangères iranien, doit se rendre à Moscou dans un avenir proche pour renforcer les liens et peut-être la coopération nucléaire avec la Russie.

Les autorités de Jérusalem ont cependant été encouragées par l’annonce que le président George W Bush se rendrait le 9 janvier en visite officielle en Israël - la première depuis sa prise de fonction. Cette visite servira entre autres choses à renforcer la position israélienne et américaine sur la nécessité de continuer à faire pression sur l’Iran.

"Si les paroles n’arrêtent pas les missiles, les actes oui", a déclaré mardi soir Ehoud Barak, le ministre de la Défense. "Et il y a beaucoup à faire concernant le programme nucléaire iranien. Il faut que nous agissions, que nous appliquions des sanctions, que nous fassions jouer la diplomatie, et d’autres choses."

Les services de renseignements israéliens contestent les conclusions du rapport, a ajouté Barak, et pensent que Téhéran est toujours en train de mettre au point une arme nucléaire. "Il est apparemment vrai qu’en 2003 l’Iran a interrompu son programme militaire. Mais, à notre avis, il l’a repris depuis. Les différentes organisations mondiales ont des conclusions différentes sur cette question et seul le temps dira qui a raison."

Interrogé sur le fait de savoir si le nouveau rapport américain réduisait les perspectives de frappe militaire américaine en Iran, Barak a répondu que c’était "possible". Il a toutefois ajouté : "Nous ne pouvons pas nous permettre de nous reposer sur nos lauriers uniquement à cause d’un rapport émanant de l’autre bout du monde, même s’il vient de notre plus grand ami."

Rony Sofer

En complément :

Pour Israël, le rapport sur l’Iran est un danger. L’Etat hébreu transmettra de nouvelles informations aux Américains.

« Aucun service au monde n’est à même de vraiment connaître le contenu du programme nucléaire iranien. » Reçevant l’ex-secrétaire d’Etat américaine de Bill Clinton, Madeleine Albright, le président israélien Shimon Peres a entamé mercredi la campagne internationale lancée par l’Etat hébreu pour décrédibiliser le rapport des seize agences de renseignement américaines selon lequel l’Iran aurait interrompu son programme nucléaire militaire en 2003.

Les dirigeants israéliens ont réagi au quart de tour à la révélation du contenu de ce document en le présentant comme un « danger ». Dès mardi soir, l’entourage du ministre de la Défense, Ehoud Barak, a en tout cas estimé que les analystes des différentes agences américaines « n’ont pas suffisamment tenu compte » des renseignements qui leur auraient été transmis dans le courant de ces derniers mois. Interviewé par Galeï Tsahal (la radio de l’armée), le ministre a par ailleurs estimé que « l’Iran poursuit son programme nucléaire militaire ».

« Campagne internationale »

Dans la foulée, le Ministère israélien des affaires étrangères a annoncé le déclenchement d’une « campagne internationale ». Cette dernière fait suite à celle déclenchée à partir de la fin du mois d’octobre contre le directeur général de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA), Mohammed ElBaradei, accusé par Israël de se montrer « trop perméable » à l’égard de Téhéran.

Quant à l’entourage d’Ehoud Olmert, il a fait savoir que le premier ministre profiterait de la visite dans la région du président George Bush les 9 et 10 janvier prochains (lire ci-dessous) pour « discuter du dossier iranien ». « Le président et nous sommes sur la même ligne et ceux qui voient dans ce rapport un moyen d’éloigner Israël des Etats-Unis se trompent lourdement », assènent les mêmes conseillers.

Emissions spéciales

Outre son volet public, la campagne israélienne comprendra un volet plus confidentiel. En l’occurrence l’Etat hébreu se propose de transmettre de nouvelles informations aux services américains à l’occasion de la prochaine réunion de la commission d’échanges stratégiques entre les deux pays. Israël y sera représenté par l’ex-chef de l’état-major et ex-ministre de la Défense, Shaoul Mofaz, un faucon né en Iran.

En moins de deux jours, la radio publique Kol Israël a ainsi diffusé trois émissions spéciales sur le « danger iranien ». Toutes les chaînes de télévision lui ont consacré la plus grande partie de leurs journaux télévisés. Dans leurs interventions, les différents commentateurs ont remis en cause le contenu « probablement incomplet » du rapport américain et affirmé que « de nombreuses preuves démontrent que Téhéran veut sa bombe ». Ils ont également estimé que l’analyse des agences américaines constitue « une douce victoire pour l’Iran » et « un camouflet pour George Bush ».

Quant au chroniqueur Ehoud Yaari, un ancien de l’Aman (les Renseignements militaires) qui passe pour exprimer à voix haute ce que l’establishment pense tout bas, il a présenté le rapport comme « une surprise qui pourrait se retourner contre ceux à qui il est adressé ».

Serge Dumont, Le Temps, le 6 décembre 2007


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Via le Courrier international


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