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Huit jours après Annapolis, Israël relance la construction d’une colonie

jeudi 6 décembre 2007 - 05h:19

Michel Bôle-Richard - Le Monde

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Une semaine après le sommet d’Annapolis (Maryland), l’administration israélienne a annoncé avoir lancé un appel d’offres pour la construction de 307 nouveaux logements dans la colonie de Har Homa. La création de cette implantation, à proximité de Bethléem, à la fin des années 1990, avait déjà soulevé de vives controverses.

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Har Homa

Alors que des pourparlers doivent s’ouvrir le 12 décembre pour tenter de créer un Etat palestinien, l’extension de Har Homa est considérée comme "une provocation" par les Palestiniens. "Si Israël n’annule pas cette décision, cela sabotera les résultats d’Annapolis avant même le début de leur application", a déclaré Saëb Erakat, principal conseiller de Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne.

Pour le gouvernement israélien d’Ehoud Olmert, cette colonie fait partie du "Grand Jérusalem" et devrait, dans la perspective de la création de la Palestine, être englobée à ce que les Israéliens appellent leur "capitale unifiée et indivisible". En revanche, pour les Palestiniens, elle est située sur le territoire conquis lors de la guerre des Six-Jours (1967) et doit faire partie de Jérusalem-Est, dont l’Autorité palestinienne souhaite faire sa capitale.

Appendice de Jérusalem

M. Olmert s’est engagé à interdire la construction de nouvelles implantations et à démanteler les colonies "sauvages", mais il s’est refusé à empêcher l’extension des colonies existantes, notamment dans les trois grands blocs qui sont censés être intégrés au territoire israélien. La question est de savoir si Har Homa va être considérée comme un appendice de Jérusalem, comme l’affirme Mark Regev, porte-parole du gouvernement, pour lequel "Israël établit une distinction claire entre la Cisjordanie et Jérusalem, qui tombe sous la souveraineté israélienne".

Dans la perspective des négociations sur le devenir de Jérusalem-Est et sur le tracé des frontières de la Palestine, Israël entend garder ses acquis sur le terrain. Près de 180 000 colons sont installés à Jérusalem-Est et 267 500 autres en Cisjordanie, dont deux tiers environ à l’ouest de la "barrière de sécurité" qui, une fois terminée, s’étendra sur 760 km. Israël souhaite garder le territoire conquis grâce à la construction de cette barrière (près de 10 % de la Cisjordanie), mais également toute la rive occidentale du Jourdain.

C’est pourquoi Ehoud Barak, ministre de la défense, a proposé, dimanche 2 décembre, de soutenir une loi permettant d’offrir une compensation aux colons qui vivent à l’est de la "barrière de sécurité" et souhaitent quitter volontairement leur domicile. Environ 70 000 à 80 000 colons sont dans cette situation et devraient être évacués en cas de création de l’Etat palestinien. Ce projet a suscité un tollé au sein de la droite et des partisans du "Grand Israël".

Ces derniers protestent également contre les propos de M. Olmert, qui a évoqué la destruction de 21 colonies "sauvages" sur les 105 répertoriées par l’organisation La Paix maintenant. Dans un rapport rendu public mardi, ce mouvement opposé à la colonisation de la Cisjordanie révèle que, sur les 3 449 ordres de démolition, seuls 107 ont été exécutés au cours des dix dernières années. Quant aux nombreuses promesses de démanteler les colonies "sauvages", elles n’ont jamais été suivies d’effet.

Michel Bôle-Richard, 6 décembre 2007

Jérusalem - Israël a répondu à des interrogations des Etats-Unis sur le lancement d’un appel d’offres pour la construction de 300 nouveaux logements à Jérusalem-Est annoncé une semaine après la conférence de paix d’Annapolis, a indiqué vendredi le gouvernement d’Ehoud Olmert.

Washington a demandé des explications sur cette décision dénoncée par les Palestiniens comme de nature à saborder le processus de négociations lancé fin novembre dans la ville du Maryland.

Aux termes de la "feuille de route" de 2003 dont Israéliens et Palestiniens ont réaffirmé la pertinence à Annapolis, l’Etat juif est censé geler toutes ses activités de colonisation dans les territoires occupés en 1967. Les Palestiniens revendiquent Jérusalem comme la capitale du futur Etat indépendant qui leur a une nouvelle fois été promis lors de la conférence.

Mark Regev, porte-parole du Premier ministre Ehud Olmert, a déclaré que le principe de ces constructions dans le quartier de Har Homa pour les Israéliens, Abou Ghnaïm pour les Palestiniens, avait été arrêté il y a plusieurs années.
Il a ajouté que ni le bureau du Premier ministre ni le ministère de la Défense n’étaient impliqués dans cette décision. La question a été abordée lors de discussions bilatérales, a précisé Mark Regev.

Un responsable américain a, sous le sceau de l’anonymat, a déclaré jeudi que Washington refusait "toute initiative qui entamerait la confiance entre les deux parties".
"Cette question nous inquiète et nous avons réclamé des explications aux Israéliens", a-t-il ajouté.

Reuters, 7 décembre 2007


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Michel Bôle-Richard - Le Monde, le 5 décembre 2007
Reuters, le 7 décembre 2007


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