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De Balfour à Bush

dimanche 2 décembre 2007 - 16h:24

Saleh Al-Naami - Al Ahram Weekly

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Les Palestiniens allaient être perdants à Annapolis : c’était couru d’avance, écrit Saleh Al-Naami

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1° décembre 2007 - La comédie d’Annapolis n’a même pas eu pour effet de suspendre une seule journée les attaques contre la bande de Gaza - Ici le cortège funéraire du combattant du Hamas Mohammed Abu Anza - Photo : AP/Khalil Hamra

Shaul Godstein, dirigeant des colons israéliens en Cisjordanie, ne tarissait pas d’éloges à l’égard de son Premier Ministre, Ehud Olmert, après avoir écouté le discours du Président des Etats-Unis, George W Bush, celui du Président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas (Abu Mazen) et celui d’Olmert à la réunion d’Annapolis de mardi.

Parlant à la télévision israélienne sur le Canal 10, ce pilier de l’extrême droite israélienne a salué le succès d’Annapolis qui permettra aux colonies de se développer en Cisjordanie. La jubilation de Goldstein contraste fortement avec les sentiments de la plupart des Palestiniens qui, à la lecture des discours, ne pouvaient douter d’avoir perdu.

Dans la déclaration conjointe que le Président Bush a lue au début de son intervention, il a répété les exigences israéliennes, à savoir que le document de principes issu de la réunion n’engagerait pas les parties, qu’il s’agirait plutôt d’« une déclaration d’intention ». Cette déclaration a montré combien Abu Mazen avait battu en retraite par rapport à sa promesse aux Palestiniens de ne pas aller à Annapolis avant d’avoir un accord sur une déclaration de principes qui couvrirait les questions fondamentales du conflit, notamment le statut de Jérusalem, les cinq millions de réfugiés palestiniens et les frontières.

L’équipe de négociation palestinienne avait aussi juré de ne pas aller à Annapolis avant qu’Olmert n’ait annoncé le gel des colonies israéliennes sur le territoire palestinien occupé, l’arrêt de la construction du mur d’apartheid et le démantèlement des postes de contrôle militaires autour de la Cisjordanie.

Comme il fallait s’y attendre, la déclaration conjointe n’a pas mentionné de date limite pour l’achèvement des négociations. Bush a promis de déployer de « grands efforts » pour que les négociations se terminent avant la fin de son mandat présidentiel, mais il n’a pas donné de détails quant aux mécanismes qui rendraient ce but atteignable.

Si Abu Mazen devait être tenté de considérer la réunion d’Annapolis réunissant les représentants de 50 pays comme fructueuse pour les Palestiniens parce que les Etats participants inciteraient Israël à adopter des positions moins intransigeantes, son optimisme a certainement été tempéré par la déclaration conjointe. Celle-ci a souligné que les négociations entre les deux camps seront bilatérales, le gouvernement étatsunien s’arrogeant le rôle de juge. Après tout c’est un rôle que le gouvernement US monopolise depuis 14 ans.

Chose plus alarmante peut-être est que la déclaration considère la feuille de route comme la seule référence pour le processus de négociation, ce qui semble indiquer que les pourparlers entre les deux camps pourraient se poursuivre indéfiniment.

Bush a peut-être insisté pour qu’aussi bien Israéliens que Palestiniens tiennent leurs engagements en vertu du plan, mais les Américains et les Israéliens maintiennent que ces engagements doivent être « successifs ». Ce que cela veut dire en fait est que l’Autorité palestinienne (AP) doit d’abord remplir ses obligations et que si elle y arrive, ce sera au tour d’Israël de tenir les siennes. L’AP doit donc réaliser le tour de force de désarmer les mouvements de résistance palestiniens avant même qu’Israël ait à lever le petit doigt.

Selon les médias israéliens, tant Bush qu’Olmert ont dit à Abu Mazen, lors de leur réunion tripartite, qu’il doit reprendre le contrôle de Gaza et mettre fin aux tirs de missiles, scénario qui promet une guerre civile palestinienne.

Il y a deux mois, Abu Mazen a promis de travailler à l’unification de la Cisjordanie et de Gaza. Il semble maintenant que cet effort vers l’union ne passe pas par le dialogue avec le Hamas. Parlant à la TV israélienne après le discours d’ouverture d’Olmert à Annapolis, le vice premier ministre israélien, Avigdor Lieberman, a dit : « Abu Mazen et Fayyad [Premier Ministre Salam] semblent encore plus pressés que les résidents de Sederot [colonie qui subit les tirs palestiniens depuis Gaza] de voir Israël réoccuper la Bande ».

Bien qu’il soit difficile d’énumérer les détails de l’échec palestinien à Annapolis, un des moments les plus glaçants fut quand Bush décrivit Israël comme « le pays d’origine des juifs ». Ce que veut dire cette phrase c’est que non seulement les Palestiniens renonceront à leur droit au retour, mais qu’elle prépare aussi la voie vers « l’expulsion des Palestiniens de 1948 », comme l’a déclaré Benny Alon, chef du parti israélien du Moledet. Même Abdullah Abdullah, chef du comité politique du conseil législatif palestinien, et proche associé d’Abu Mazen, a jugé la déclaration « catastrophique ».

« Cela signifie que des centaines de milliers de Palestiniens seront arrachés à leur terre » a-t-il dit à ’Al-Ahram Weekly’.

Le porte-parole du Hamas, Salah Al-Bardaweil a dit au Weekly que la déclaration de Bush équivalait à une « nouvelle promesse Balfour », tandis que selon Abdul-Sattar Qassem, professeur de science politique à l’Université An-Najah, elle est une « attaque contre la conscience collective des Palestiniens... Ils veulent que nous protégions l’occupation israélienne et ses institutions avec l’argent américain ».

Bush a snobé les délégations arabes qui ont assisté à la réunion en omettant de mentionner l’initiative arabe de 2002 qui offrait une totale normalisation des relations avec Israël en échange de son retrait aux frontières de 1967. Il a ainsi enlevé tout sens à leur participation. Il a ensuite aggravé son cas en mentionnant sa lettre de garanties, adressée à l’ancien premier ministre Ariel Sharon, comme le point de référence le plus important des négociations.

La lettre en question bloque le droit au retour, le retrait aux frontières de 1967 et permet à Israël d’annexer les colonies construites sur les terres occupées. Quant à la Syrie, obligée d’assister à la réunion, elle s’est vue récompensée par le silence observé par Olmert et Bush dans leurs discours concernant les hauteurs du Golan occupé.

Tous les auditeurs ont compris le message sous jacent des vocables « extrémistes » et « puissances des ténèbres » employés par Bush et l’appel lancé par Olmert aux Arabes pour qu’ils participent avec Israël à la guerre contre le fondamentalisme. Le moindre de ces auditeurs n’était pas Dan Schueftan, chef du centre national israélien de recherche sur la sécurité.

La réunion d’Annapolis, a-t-il dit, n’a jamais eu pour but de résoudre le conflit entre Israël et les Palestiniens ; elle a été convoquée pour préparer la voie à une frappe américaine contre l’Iran en collaboration avec les Arabes et Israël.

Du même auteur :

- Yasser Arafat doit se retourner dans sa tombe
- Compte à rebours avant l’offensive israélienne sur Gaza
- Se préparer au pire
- Traitement médical contre trahison

29 novembre 2007 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2007/873...
Traduction : AMG


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