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Un joker non invité dans les pourparlers sur le Proche-Orient

jeudi 29 novembre 2007 - 07h:28

Robin Wright - Washington Post

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"En farfouillant bien [sur le Net], on trouve des choses intéressantes. À ma connaissance, cela n’a été rapporté (parmi les MSM occidentaux) que par Robin Wright, du Washington Post." (NdT)

Plus de quatre douzaines de gouvernements, d’organisations et d’institutions financières internationales seront représentées quand les pourparlers sur le Moyen-orient s’ouvriront à Annapolis aujourd’hui. Mais ce sont les acteurs non invités - l’ Iran et ses alliés du Hamas, du Jihad islamique, du Hezbollah et d’autres factions militantes - qui peuvent avoir le plus grand impact sur les discours de paix.

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L’Iran

Contenir l’Iran et son influence régionale est le défi ambitieux de toutes les assistances présentes en dehors de la Syrie, un but que beaucoup d’officiels des nations participantes présentent comme étant aussi important que de faire la paix au Moyen-orient. « L’Iran sera l’éléphant dans la pièce, bien que non présent, » a dit l’ancien négociateur de paix américain, Aaron David Miller. « Il sera dans les calculs et les motivations de chacun. . . [plus] l’impact du Hamas et le rôle qu’il peut jouer en exerçant des ravages quoi qu’il qu’arrive dans Annapolis. . . L’équilibre de pouvoir n’est pas en faveur des conciliateurs mais en faveur des fauteurs de troubles ».

L’impact de l’Iran sur le processus de paix a augmenté en relation directe avec ses gains politiques et stratégiques de l’année dernière, particulièrement sur trois frontières d’Israël. Le Hamas, aidé et armé par l’Iran, a gagné l’année dernière les élections les plus démocratiques jamais tenues dans le monde arabe et a pris contrôle du gouvernement et le parlement palestiniens.

Les Nations unies ont rapporté récemment que l’Iran a réarmé le mouvement Libanais du Hezbollah depuis sa confrontation militaire de 33 jours avec Israël l’année dernière. Et la Syrie, l’allié arabe le plus proche de l’Iran, a le pouvoir de jouer le trouble-fête et pourrait avoir été attrapé en train d’essayer d’acquérir la technologie nucléaire cette année.

Le rôle grandissant de l’Iran en Irak, où ses frères chiites contrôlent le gouvernement, a aussi changé la dynamique régionale, particulièrement pour les gouvernements sunnites de la région qui ont décidé de venir à Annapolis. « Ils ont décidé que le problème au Moyen-orient commence par un « I » mais finit par un « N », » a dit un officier américain supérieur dans un entretien récent. « Le problème au Moyen-orient aujourd’hui n’est plus Israël, ou les Israéliens, c’est l’Iran. . . Je pense que les états arabes croient que [la paix israélo-palestinienne]. . . a besoin d’être résolue, comme partie de leur effort de traiter le problème de l’Iran ».

La même chose est vraie pour les Etats-Unis. « L’année passée, Washington en est venu à voir l’endiguement de l’Iran comme le premier objectif de sa politique au Moyen-orient. Il tient Téhéran responsable de la violence montante en Iraq et en Afghanistan, les tribulations Libanaises, et l’intransigeance du Hamas, et sent que l’équilibre de pouvoir dans la région glisse vers l’Iran et ses alliés islamistes, » ont écrit Vali R. Nasr et Ray Takeyh dans le numéro de janvier 2008 du Foreign Affairs magazine.

La crainte commune a uni efficacement les Etats-Unis, les gouvernements Israéliens et sunnites derrière les objectifs de la promotion de la paix et l’endiguement de leur ennemi commun, disent les experts. « Tant qu’il n’y a pas de paix, l’influence de l’Iran dans le monde arabe continue à grandir. Il y a des tensions non résolues qu’il peut exploiter, » a dit Takeyh du Council on Foreign Relations.

L’Iran n’a pas fait secret de son opposition à la réunion depuis que la Ligue arabe a consenti vendredi à aller à Annapolis. Le dirigeant suprême de l’Iran, Ayatollah Ali Khamenei, a dit hier que la conférence d’Annapolis ne résoudrait pas la dispute vieille de 60 ans. « Tous les politiciens du monde sont conscients que cette conférence est condamnée à l’échec, » a dit Khamenei dans un discours télévisé. Et le Président Iranien Mahmoud Ahmadinejad s’en est violemment pris à ses voisins arabes, particulièrement à l ?Arabie saoudite, pour avoir consenti à y participer.

L’Iran disposera toujours d’un effet de levier en cas de paix, concèdent les officiels arabes. Le Ministre saoudien des Affaires Etrangères Saud al-Faisal a dit hier que n’importe quel accord de paix aurait finalement à inclure le Hamas puisqu’il contrôle Gaza et la moitié de l’Autorité palestinienne. De plus, les deux principales parties Palestiniennes, le Hamas et le Fatah qui contrôle la Cisjordanie, devront s ?unir dans un gouvernement d’unité nationale, a-t-il dit.

Un accord signé par les Israéliens et les dirigeants palestiniens aura besoin de la ratification de leurs parlements respectifs, et le Hamas contrôle toujours le parlement palestinien. « À moins que vous n’intégriez le Hamas du côté de la paix, vous ne remplissez pas vraiment une condition fondamentale. Un seul homme ne peut faire la paix ; ni même la moitié d’un peuple ne peut faire la paix », a dit Faisal lors d’une table ronde avec des journalistes américains. « Il devra y avoir consensus entre les Palestiniens à propos de la paix pour que ceci se fasse en douceur ».


Avec nos remerciements à K.

Robin Wright - Washington Post, le 27 novembre 2007 :The Uninvited Wildcard in Mideast Talks
Traduction : Blog d’Alain Gresh, Nouvelles d’Orient


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