16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Le vrai visage de Tony Blair

jeudi 1er novembre 2007 - 06h:52

Saleh Al-Naami - Al Ahram Weekly

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Liquider la résistance palestinienne face à l’occupation israélienne est la véritable raison pour laquelle, Tony Blair a été détaché auprès du Quatuor, et cela apparaît aujourd’hui plus clairement, écrit Saleh Al Naami.

JPEG - 7.7 ko
"Blair, un mélange unique de cruauté et de malhonnêteté" (Robert Fisk)

Le rabbin Benny Elon, président de l’aile droite du parti Israeli National Union Party a eu du mal à dissimuler son soulagement jeudi dernier, quand l’animateur d’une radio juive lui a demandé son avis sur le plan conçu par Tony Blair, ancien premier ministre anglais et actuellement émissaire du Quartet. "Enfin, même Tony Blair est d’accord avec nous sur deux points essentiels", a déclaré Benny Elon. "Il s’agit de déraciner les organisations terroristes palestiniennes et de résoudre le problème des réfugiés en écartant toute responsabilité pour Israël sur cette question."

Révélé la veille, le plan de Tony Blair pour réformer les institutions de l’Autorité palestinienne PA)a soulevé des vagues sur la scène palestinienne. Les factions comme les élites et le public palestinien ont été choqués quand il est devenu clair que la "réforme" des institutions de l’Autorité palestinienne voulue par Tony Blair vise à mettre en place les conditions pour jeter le grappin sur les mouvements de résistance palestinienne, notamment en Cisjordanie. Le plan de Tony Blair ne lie pas la mise en application de cette réforme à une décroissance des attaques de l’Armée d’occupation et des colons contre les Palestiniens.

Selon son plan dont une copie en hébreu a été publiée mercredi dernier sur le site Internet de Haaretz, Tony Blair déclare qu’il est nécessaire d’adopter une réforme administrative des organes de sécurité du Président palestinien, Mahmoud Abbas, pour rendre plus efficace leur guerre contre les activites du Hamas et du Jihad islamique en Cisjordanie. Le plan conditionne le règlement du conflit israélo-palestinien à la capacité des organes de Sécurité de Mahmoud Abbas à mener une campagne militaire implacable et sans relâche contre le Hamas et le Jihad islamique.

En introduction de ce plan, Blair écrit que sans campagnes violentes conduites par les forces de sécurité palestiniennes (fidèles à Abbas) contre les mouvements de résistance palestinienne en Cisjordanie, il n’y a aucun espoir de parvenir à un règlement du conflit.

Pour rendre les organes de sécurité d’Abbas plus efficaces dans leur guerre contre les mouvements de résistance palestinienne, le plan recommande l’octroi de pouvoirs à l’appareil judiciaire et au Bureau du Procureur de la Cisjordanie pour leur permettre de traduire en justice les membres et les chefs de la résistance. En outre, le plan recommande la formation d’une nouvelle administration de l’Autorité Palestinienne pour la gestion des prisons qui comprendra des observateurs européens pour éviter que les membres de la résistance qui seront jugés, ne soient libérés.

Le plan appelle à une augmentation du nombre de consultants européens pour aider la police palestinienne dans ses activités à poursuivre les membres des mouvements de la résistance. Il invite également à accroître les interventions de l’équipe dirigée par le coordonnateur américain général de la sécurité, Keith Dayton, qui est responsable de l’amélioration de l’efficacité de l’Autorité palestinienne en matière de sécurité et, en particulier, de l’efficacité des organes de la sécurité nationale palestinienne et des gardes de la sécurité présidentielle.

Les Palestiniens sont consternés par la recommandation de Tony Blair de faire du Ministre de la défense israélien, Ehoud Barak, un membre du comité chargé de superviser l’exécution du plan, aux côtés de Premier Ministre palestinien Salam Fayyad et de Blair lui-même. Blair a présenté une copie de son plan au Premier ministre israélien, Ehud Olmert et envisage de le faire approuver lors du prochain Sommet de cette année à Annapolis.

Pourtant, les Palestiniens conviennent que la partie la plus alarmante du plan de Tony Blair est sa tentative de jeter une base pour le règlement de la question des réfugiés palestiniens. Utilisant l’argument du facteur travail pour améliorer la situation économique des Palestiniens, le plan recommande la construction de nouveaux projets de logements en Cisjordanie, dans le but de rapatrier les réfugiés palestiniens.

En premier dans la liste parmi les projets recommandés par Blair, se trouvent la création d’une nouvelle ville palestinienne près de Ramallah au centre de la Cisjordanie et l’idée d’y faire loger des centaines de milliers de réfugiés palestiniens pour les « réhabiliter ». Des « experts » et des dirigents de l’extrême droite israélienne proposent exactement la même chose pour solutionner le problème des réfugiés palestiniens.

En contrepartie de toutes les obligations qu’il fait peser sur l’Autorité palestinienne, ce plan demande seulement à Israël d’alléger les restrictions imposées à la liberté de circulation des Palestiniens en Cisjordanie parce que Blair estime qu’il est important pour eux de sentir un changement "positif" dans la qualité de leur vie.

Pour leur part, les représentants des factions palestiniennes ont sévèrement critiqué le plan de Blair, le voyant comme une tentative de liquider la cause palestinienne. Jamil Al-Majdalawi, membre du bureau politique du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et le chef du Comité des réfugiés du Conseil législatif palestinien (PLC), estiment que des proches d’Abbas avaient encouragé Blair à proposer son plan.

Pour sa part, Khaled Al Butsh, un éminent leader du Jihad islamique, indique que le plan de Blair vise à enterrer le droit de retour des palestiniens sous le slogan "réhabilitation des réfugiés." Ce plan est une tentative de mettre un terme définitif à la question des réfugiés. S’adressant à Al-Ahram Weekly, Al Butsh dit que Blair ne voit pas de problèmes en Israël aux "agressions criminelles", aux activités de colonisation, à la judaisation des territoires palestiniens, et aux attaques de colons.

Pour Yehia Moussa, vice-président du bloc Hamas dans le Conseil Législatif Palestinien, Mahmoud Abbas est de mèche avec Blair pour éliminer le problème des réfugiés. Moussa fait référence aux déclarations faites récemment par Abbas indiquant la possibilité de trouver des "solutions créatives" à la question des réfugiés. S’adressant à Weekly, Moussa a souligné que Blair, et ceux qui sont en contact avec lui découvriront rapidement que le peuple palestinien est capable de "déjouer le complot qu’ils sont en train de mettre en place contre lui ».

La rancoeur des Palestiniens est piquée au vif par le fait que le plan de Blair ignore de façon flagrante les mesures répressives de l’armée israélienne et des colons contre le peuple palestinien et cela en dépit de toutes les statistiques fournies par les groupes des Droits de l’Homme y compris les organisations israéliennes, statistiques qui confirment que les civils palestiniens sont soumis à d’horribles exactions.

Selon ces statistiques, le nombre de Palestiniens tués par les balles de l’armée d’occupation en Cisjordanie et dans la bande de Gaza depuis le début de l’année est de 350 alors que le nombre de soldats de l’occupation et des colons tués par les opérations de la résistance palestinienne n’a été que de 5 tués.

Selon les organisations israéliennes des Droits de l’Homme, les colons ont mené 25.000 agressions contre des Palestiniens à travers la Cisjordanie depuis le début de cette année seulement. Dans certaines zones, comme Hébron, ces attaques ont amené un grand nombre de Palestiniens à quitter leurs quartiers. Malgré l’accroissement et l’intensité de ces attaques, un seul colon a été traduit en justice et il a été libéré au vu d’une faible caution.

Dans le nord de la Cisjordanie, les colons ont déraciné 10.000 oliviers et empoisonné des centaines de puits artésiens. Ils ont également lâché de grands troupeaux d’animaux pour détruire les récoltes agricoles. Selon une étude israélienne, les checkpoints militaires en Cisjordanie rendent la vie difficile sinon impossible à près de 80% des Palestiniens.

Pourtant, et encore plus grave, est le fait que le plan de Tony Blair ignore les déclarations franches et bien documentées des dirigeants de l’armée israélienne admettant qu’ils ont créé les conditions pour permettre aux colons de commettre des crimes contre les civils palestiniens. Le Général Yuval Bazak, chef du département de la "théorie du développement militaire", de l’Etat Major israélien, et qui a dirigé l’armée israélienne en Cisjordanie, a récemment déclaré au journal israélien Yediot Aharonot que l’armée d’occupation a pendant des dizaines d’années fermé l’ ?il sur les attaques des colons contre les civils palestiniens. "Une déception grave est en train de naître ici", a dit Bazak. "Nous, en tant qu’armée, nous avons aidé les colons juifs à commettre des crimes contre des civils palestiniens désarmés."

Il a ajouté que l’armée israélienne a protégé des organisations terroristes israéliennes actives dans les colonies. Il a souligné en outre que l’armée israélienne et les services de renseignements israéliens ne bougent pas le doigt pour démanteler les organisations terroristes juives.

Alors que le plan de Tony Blair recommande de "réformer" le système judiciaire palestinien pour le rendre plus efficace contre les mouvements de résistance palestinienne, il n’aborde pas le système judiciaire israélien alors que les organisations israéliennes des Droits de l’Homme ne cessent de dénoncer la manière raciste dont il ignore les violences des colons contre les citoyens palestiniens.

Un rapport publié par l’organisation israélienne “There is the law”, qui observe l’occupation israélienne en Cisjordanie, indique que seulement 1% des plaintes déposées par des citoyens palestiniens en Cisjordanie auprès de la police israélienne contre les agressions de colons connaissent une fin positive. Dans tous les autres cas, le dossier est tout simplement classé sans suite.

Sur le même thème :

- Blair, un politicien qui a échoué dans tout ce qu’il a entrepris au Moyen-Orient
- L’héritage de Blair : militarisme à l’étranger, dévastation sociale à l’intérieur
- Blair : au service de l’Amérique

25 octobre 2007 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2007/868...
Traduit de l’anglais par D. Hachilif


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.