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La politique de l’Amérique au M.O. ignore des réalités majeures

jeudi 25 octobre 2007 - 06h:06

The Daily Star - édito

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Une conséquence de l’élaboration de la politique étrangère US dans un monde irréel est que ce que dit l’Amérique se trouve déconnecté de ce qu’elle fait.

D’après les chiffres disponibles, l’armée US a obtenu des résultats positifs en Iraq ces derniers mois. La stratégie de renfort des effectifs militaires dans le pays - et avec des troupes opérant de façon plus dynamique - semble avoir réduit le nombre des attaques par les insurgés. Mais une faille persistante dans les décisions politiques américaines menace d’ôter, à plus long terme, tout leur sens à ces résultats - ainsi que de compromettre un autre projet américain au Moyen-Orient, la relance du processus de paix israélo-palestinien. La faille en question est la propension à négliger les transitions d’une phase à une autre dans un problème, ce qui conduit à altérer la perception de la réalité.

En Iraq, par exemple, le progrès d’un instant, rendu possible par la pression plus forte de l’armée, va se dissiper à moins que les Américains ne donnent suite, par leur mise en ?uvre, aux recommandations du rapport Baker-Hamilton de l’an dernier. D’abord, les Etats-Unis ne peuvent maintenir leurs effectifs militaires au niveau actuel indéfiniment, et leur baisse entraînera presque certainement une recrudescence de la violence si les forces de sécurité iraquiennes ne sont pas suffisamment renforcées. Ensuite, on devrait actuellement déployer un effort acharné afin d’équiper, d’entraîner et d’approuver des unités de l’armée et de la police pour préparer cette prochaine étape, alors qu’au dire de tous, l’effort actuel crée des unités trop peu fiables et à un rythme trop lent. De plus, la cohésion des forces de sécurité iraquiennes ne résistera pas sous le feu de l’opposition à moins que les communautés ethniques et religieuses du pays ne se soient réconciliées, et ne soient traitées uniformément. Armer les Arabes sunnites et les milices kurdes tout en faisant la guerre aux chiites n’obtiendra pas le bon résultat.

Négocier une paix totale et juste entre les Palestiniens et les Israéliens devrait se révéler moins compliqué que de faire cesser le désordre en Iraq. Les efforts de la communauté internationale dans ce sens ont échoué depuis des années, mais ce défi n’est évidemment pas sans avoir ses propres difficultés. L’un des problèmes est que ces difficultés se sont aggravées, et non réduites, avec la politique américaine dans la région. Trop souvent, les administrations successives ont, avec insouciance, ignoré l’apparition de pressions explosives dans les relations israélo-palestiniennes, faisant l’erreur de croire que la poursuite d’un processus était un substitut viable à une paix véritable. Des ignorances analogues ont miné tout autant la politique US dans bien d’autres parties de la région et la tendance est inquiétante car elle dépend systématiquement de la volonté des pays occupés, et d’autres pays mécontents, de renoncer à essayer d’obtenir réparation par d’autres voies que le processus - notamment la résistance armée, un droit garanti par le droit international. Etant donné que certains de ces peuples attendent depuis très longtemps qu’il leur soit fait justice, il est ridicule de s’attendre à ce qu’ils acceptent de telles conditions - surtout que le moment sera apparemment choisi par un belligérant central, Israël, et par un médiateur, l’Amérique, qui est le principal allié de l’Etat juif.

Une conséquence de l’élaboration de la politique étrangère US dans un monde irréel est que ce que dit l’Amérique se trouve déconnecté de ce qu’elle fait. Fleurir son langage à propos d’un soutien à la démocratie au Liban et en Palestine quand le gouvernement israélien commet des crimes de guerre contre les populations civiles n’est pas seulement faire preuve d’un culot monstre : c’est aussi insulter les peuples concernés et profaner la mémoire de toutes ces femmes, de tous ces enfants qui ont été massacrés par la machine de guerre d’Israël, équipée par les USA. Une autre conséquence est l’érosion persistante de la crédibilité de l’Amérique et de son propre fait. Si Washington ne fixe pas une date ferme pour une conférence de paix et n’agit pas ensuite pour qu’elle rentre dans les faits, il lui faudra cesser ses allées et venues qui ne servent qu’à renforcer sa réputation de défenseur, partial et indigne de confiance, d’un Etat criminel.

24 octobre 2007 - Edito The Daily Star - traduction : JPP


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