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Une vie des Palestiniens invisible pour les Israéliens

dimanche 21 octobre 2007 - 07h:41

Edward Mast

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Les gens au check-point nous ont dit : « Prenez des photos. Dites aux gens ce qui se passe ici. »

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Les Palestiniens et ce qui les concerne sont de plus en plus invisibles
pour le peuple israélien. (photo Dienst)




Au cours d’un passage à Tel Aviv le mois dernier, j’ai demandé à quelques amis israéliens ce que les gens, en Israël, disaient de la situation palestinienne. Pas grand-chose, m’ont-ils répondu. Les Israéliens sont plus préoccupés par les accusations de corruption contre le Premier ministre Ehud Olmert qui s’enchaînent avec les mêmes accusations contre les gouvernements précédents. Les Palestiniens et ce qui les concerne, m’ont dit mes amis, sont de plus en plus invisibles pour le peuple israélien.

La vie des Palestiniens est invisible dans l’article de David Brumer, du 10 octobre, Malgré ses soucis, Israël est un pays plein de vie. Tout comme sont invisibles l’occupation par l’armée israélienne et la prise de contrôle continuelle de la terre palestinienne. Si Brumer s’était rendu de l’autre côté du mur, comme je l’ai fait, il aurait pu témoigner des multiples manières dont l’occupation israélienne écrase les gens, par la misère, la violence et l’injustice.

Avant d’aller à Tel Aviv, j’ai passé deux semaines à travailler dans un théâtre de la ville palestinienne de Ramallah, en Cisjordanie. Durant ce court séjour, l’armée israélienne a tué au moins 15 Palestiniens dans les territoires occupés, dont plusieurs étaient des enfants. Pour les Palestiniens, ces faits se reproduisent régulièrement. Au cours de ces 7 dernières années, l’armée israélienne a tué plus de 4 000 Palestiniens. La majorité d’entre eux, même d’après les chiffres israéliens, étaient des civils sans armes. Plusieurs milliers d’autres ont été blessés ou enlevés. La grave sous-information sur les victimes palestiniennes, aux USA comme en Israël, donne l’impression que la vie d’un Palestinien a moins de valeur qu’une autre.

Alors que j’étais là-bas, Brian Avery est venu des Etats-Unis à Jérusalem pour témoigner contre l’armée israélienne. Avery est un militant pour la paix sur qui l’armée israélienne a tiré en 2003. D’abord, l’armée a nié qu’il y avait eu le moindre tir, puis elle a été obligée de faire une enquête maintenant qu’Avery a intenté un procès.

A Ramallah, j’ai appris que, bien qu’il ne manque pas d’eau aux alentours de la ville, plusieurs centaines de milliers d’habitants ont passé l’été avec seulement trois ou quatre jours d’eau courante par semaine. De tels faits ont tendance à rester invisibles pour les Israéliens, avec ce qui les motive.

Ramallah se situe proche d’un groupe de nappes aquifères représentant les principales sources d’eau pour la Cisjordanie et pour Israël, mais 80 % de l’eau de Cisjordanie vont à Israël et aux colonies israéliennes. Depuis des décennies, Israël profite de son occupation militaire de la Cisjordanie pour construire tout un réseau illégal de colonies autour des sources. Les Palestiniens ont été frappés, tués et chassés pour libérer la place pour ces colonies, et Israël construit un mur continu, non pas sur la frontière avec Israël mais à l’intérieur du territoire palestinien, ce qui a pour effet d’annexer les colonies et les ressources en eau à Israël.

Les Israéliens disent que le mur est construit pour leur sécurité. Les Palestiniens l’appelle le mur de l’annexion, et il est difficile pour eux de croire qu’Israël puisse être un partenaire pour la paix alors que le gouvernement israélien continue de prendre leur terre pour les colonies, de construire le mur pour les annexer et de maintenir un réseau de check-points qui paralyse tout déplacement et toute vie en Cisjordanie.

Avec quelques collègues, j’ai passé une journée à me déplacer de Ramallah à Jérusalem. Le voyage de 8 miles nous a demandé deux heures et demie. A Ramallah, le mur fait 25 pieds de haut, et le check-point israélien est comme un poste de sécurité d’aéroport. Nous avons fait la queue pendant plus d’une demi-heure avec les Palestiniens pour passer un tourniquet télécommandé de 8 pieds devant lequel les gens sont entassés comme du bétail et attendent une lumière verte pour passer le plus nombreux possible avant qu’elle ne passe au rouge.

Après avoir passé les rayons et d’autres tourniquets, nous nous sommes partagés les taxis pour ce qui aurait dû être un court voyage jusqu’à Jérusalem. Cependant, l’armée israélienne avait installé un autre check-point, un « mobile », provisoire, à quelque 1 640 pieds en bas de la route, obligeant plusieurs voies de circulation à se resserrer en une seule pour y bloquer les voitures et les fouiller. Cela a pris presque une heure.

Les affaires à Ramallah sont gelées. La misère est partout ; on ne trouve pas de travail. Les gens au check-point nous ont dit : « Prenez des photos. Dites aux gens ce qui se passe ici. »

Certains Israéliens, tels que mes amis à Tel Aviv, n’acceptent plus le prétexte que l’emprisonnement quasi-total et la mort des Palestiniens seraient justifiés par des nécessités de sécurité.

Le gouvernement israélien a récemment confisqué de nouvelles terres palestiniennes, près de Jérusalem, pour construire une route, quasiment souterraine, réservée aux Palestiniens. Les colons israéliens pourront se déplacer quotidiennement dans les territoires sans être obligés de voir un Palestinien. Etre invisible ici n’est pas un hasard.


Edward Mast est un dramaturge, de Seattle, qui milite bénévolement à Paletine Informtion Project.

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Manifestation à Seattle.

Seattlepi.com - traduction : JPP


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