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Ismaïl Haniyeh prône la réconciliation

samedi 13 octobre 2007 - 06h:49

Monique Mas - RFI

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Ismaïl Haniyeh, ex-Premier ministre de Mahmoud Abbas et membre du Hamas, a annoncé que le dialogue avec le Fatah devrait reprendre (Ph. AFP)

L’ancien Premier ministre Ismaïl Haniyeh assure que la mainmise sur Gaza de son parti, le Hamas, est seulement « temporaire », ce qui devrait favoriser la reprise du dialogue avec le Fatah. Celle-ci serait même imminente, ce que le Fatah dément. Soutenu par Israël et les Etats-Unis qui entendent neutraliser le Hamas, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, le chef du Fatah repousse en effet l’idée de négociations avec le mouvement islamiste. Le Hamas n’est pas non plus sur la liste des invités à la réunion internationale sur le Proche-Orient programmée par Washington en novembre prochain, à Annapolis, aux Etats-Unis. Une mise à l’écart aujourd’hui dénoncée aux Etats-Unis par certaines figures de l’opposition comme de la majorité. Ismaïl Haniyeh annonce en tout cas une rencontre avec le Fatah la semaine prochaine, dans une capitale arabe.

« Notre administration à Gaza est temporaire », a lancé Ismaïl Haniyeh mercredi après la prière du soir. En clair, le Hamas peut renoncer à ses positions exclusives sur cette partie du territoire palestinien dont il a chassé le Hamas en juin dernier. C’est sur cette base implicite qu’Haniyeh assure que le dialogue avec le Fatah « va reprendre après l’Aïd el-Fitr », la fête qui va clore le mois de jeûne musulman du ramadan, à la fin de cette semaine.

Réconciliation ou isolement du Hamas

Limogé le 14 juin dernier par l’Autorité palestinienne après le sanglant coup de force du Hamas dans la bande de Gaza, l’ancien Premier ministre veut croire aujourd’hui à la réconciliation, possible échappatoire au boycott international qui condamne le Hamas à l’isolement et les Palestiniens de Gaza à la famine, à la grande satisfaction d’Israël. A la veille des pourparlers d’Annapolis, l’Etat hébreu joue en effet plus que jamais de la fracture palestinienne

« Il y a un fort courant en faveur d’un dialogue palestinien et nous avons accepté d’engager un dialogue avec le Fatah dans l’une des capitales arabes », assure Haniyeh. Méthode Coué ou ballon d’essai ? En tout cas, le mois dernier, déjà, il avait espéré reprendre langue avec Mahmoud Abbas en Arabie Saoudite, « pour tenter de régler le différend entre frères palestiniens sur la base de l’accord de la Mecque ».

Le 8 février dernier, l’accord de la Mecque avait vu un gouvernement d’union nationale s’ouvrir au Hamas vainqueur des législatives de janvier 2006. Mais Israël n’a jamais accepté cet attelage, les bailleurs de fonds occidentaux des Palestiniens traînant les pieds de leur côté. Le premier gouvernement d’union nationale s’est finalement noyé dans les affrontements inter-palestiniens de juin dernier. Le Fatah n’en souhaite pas vraiment un second.

Le Fatah entend consolider son autorité contre le Hamas

La rupture consommée par la partition de fait des Territoires palestiniens, le chef du Fatah, Mahmoud Abbas entend visiblement consolider son autorité en ayant raison du Hamas plutôt qu’en s’encombrant d’une réconciliation. « Le Hamas a voulu créer une fausse atmosphère positive à Gaza pour pouvoir dire qu’il est l’avocat du dialogue et que le Fatah y est hostile », grince l’un des proches conseillers du chef du Fatah, Abdel Rahman, s’empressant de démentir les déclarations d’Haniyeh. « Nous n’avons jamais entendu parler d’un tel dialogue », ajoute-t-il, en dénonçant une tentative de manipulation, à usage extérieur surtout, de la part du Hamas.

Pour sa part, le Premier ministre israélien, Ehoud Olmert verrait d’un très mauvais ?il le Fatah renouer avec le Hamas. Cela pèserait de manière négative sur les négociations entre Israël et le Fatah, dit-il, en évoquant le « document conjoint » que les deux parties se sont promis de finaliser d’ici Annapolis où Washington n’a pas invité le mouvement islamiste. Le Hamas est toujours inscrit sur ses listes noires des organisations terroristes.

La politique de mise à l’écart du Hamas ne fait plus l’unanimité aux Etats-Unis. Huit personnalités de premier plan, des républicains comme des démocrates, anciens parlementaires et ex-conseillers des présidents John Kennedy, Jimmy Carter, Bill Clinton et George Bush père, viennent de signer une lettre ouverte engageant l’administration Bush à changer de stratégie vis-à-vis du parti d’Haniyeh.

Des personnalités américaines prêchent le dialogue

Deux anciens conseillers à la sécurité nationale des Etats-Unis, Zbigniew Brzezinski et Brent Scowcroft, l’ancienne représentante au département du Commerce, Carla Hills, l’ancien président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Paul Volcker, ou encore l’ancien ambassadeur américain aux Nations unies, Thomas Pickering, estiment en effet « qu’un vrai dialogue avec cette organisation est bien préférable à son isolement ». « Nous n’avons pas l’illusion que ce sera un dialogue facile, explique l’ancien conseiller de Jimmy Carter, Zbigniew Brzezinski, mais nous savons aussi que le Hamas compte des gens réalistes et qu’un état de guerre permanent ne favorisera pas un meilleur avenir pour les Palestiniens ».

Dans leur message commun, les huit félicitent l’administration Bush d’avoir invité la Syrie à la conférence de novembre. Ils la pressent de faire de même avec le Hamas. A défaut, ce dernier projette d’organiser le 7 novembre un contre-sommet d’Annapolis à Damas où est toujours replié son dirigeant politique, Khaled Mechaal. Celui-ci entend y « réaffirmer les droits [des Palestiniens], concernant notamment Jérusalem et les réfugiés, et rejeter toute tentative de les brader, particulièrement dans le cadre de la réunion internationale » aux Etats-Unis où le Fatah ferait cavalier seul avec Israël.

Branle-bas général avant Annapolis

Sans surprise à la veille de la réunion d’Annapolis, chacune des parties prenantes du conflit israélo-palestinien s’efforce de se mettre en ordre de bataille, les Palestiniens restant divisés sur l’opportunité de passer outre leur antagonisme et les Israéliens se hâtant de confisquer de nouvelles terres aux abords de Jérusalem. Le statut de la ville sainte devrait être au menu des pourparlers avec d’autres questions-clés comme le tracé des frontières ou le problème des réfugiés palestiniens.

« Il est de la plus haute importance, si on veut donner une crédibilité quelconque à cette conférence, qu’elle coïncide avec un gel de l’expansion de la colonisation israélienne », écrivent les auteurs de la lettre ouverte. De son côté, la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, viendra sous peu prendre le pouls des protagonistes, avant de fixer les ordres du jour d’Annapolis. La dernière décision israélienne ne lui facilitera pas la tâche. Pour sa part, le Hamas, « entité hostile aux Etats-Unis aussi » n’est pas au programme de Condoleezza Rice et reste à savoir si les v ?ux de réconciliation palestinienne d’Ismaïl Haniyeh auront pris corps d’ici novembre.


De la même auteure :

- Proche-Orient : Echanges de bonnes paroles
- Libérations de circonstance

Monique Mas - RFI (Radio France internationale), le 11 octobre 2007


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