Prisonnier palestinien en Israêl

Israël a commencé lundi à libérer 86 prisonniers palestiniens sur plus de 11 000 qu’il détient, dans un geste envers le président Mahmoud Abbas à l’occasion du mois de ramadan et avant une réunion internationale de paix.

Les détenus libérés ont pris place à bord de bus qui les attendaient à l’entrée de la prison de Ketziot, dans le désert du Néguev dans le sud d’Israël, où ils ont été rassemblés ces derniers jours. Cinquante-sept prisonniers doivent être conduits au barrage de Beitounya près de Ramallah où seront relâchés les détenus originaires de Cisjordanie. Ceux de la bande de Gaza seront acheminés au point de passage d’Erez.

Israël avait dans un premier temps indiqué qu’il libérerait 87 détenus mais a ramené le nombre à 86 après avoir découvert que l’un d’eux avait rejoint en prison le mouvement Hamas, considéré comme une organisation terroriste par Israël, selon une source sécuritaire israélienne. Les détenus devaient initialement être relâchés vers 04H30 GMT, mais leur départ a été retardé "de quelques heures pour des raisons techniques", selon le bureau du Premier ministre Ehud Olmert.

Atteintes à la sécurité de l’Etat

Les prisonniers qui ont été libérés "étaient détenus pour des atteintes à la sécurité de l’Etat", a déclaré à l’AFP Ian Domnitz, porte-parole de l’administration pénitentiaire. "Il y a quelques jours, des détenus de diverses prisons ont été rassemblés ici pour des examens de santé et interrogés par le Comité international de la Croix-Rouge avant de signer un document par lequel ils se sont engagés à renoncer au terrorisme", a-t-il ajouté.

Tous les détenus originaires de la bande de Gaza ont indiqué vouloir y retourner malgré la prise du contrôle du territoire en juin par le Hamas, a affirmé le Commandant Eli Gabison, chef de l’administration pénitentiaire du district sud d’Israël. "Je suis très heureux d’être sorti de là", a affirmé à l’AFP un détenu qui portait ses effets personnels dans un petit sac en plastique en attendant les ultimes examens de procédure avant sa libération.

La plupart des détenus sont des membres du parti Fatah de M. Abbas, les autres appartenant au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et au Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP). Selon des responsables israéliens, aucun des prisonniers n’est considéré comme ayant "du sang sur les mains", c’est-à-dire impliqué dans des attaques ayant tué des Israéliens, et tous devaient purger encore au moins un an de prison.

Appartenance politique

Tout en saluant "le retour de n’importe quelque prisonnier dans son foyer", un porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, a rejeté "la politique de l’occupant israélien qui libère des dizaines de prisonniers et en arrête des centaines d’autres".

"Tous les prisonniers, et non seulement ceux d’une certaine appartenance politique (le Fatah), doivent être libérés et cette question ne doit pas être laissée au bon vouloir d’Israël", a-t-il dit à l’AFP.

Le cabinet israélien a approuvé ces libérations il y a une semaine après que M. Olmert a pris un engagement en ce sens avant la reprise de ses négociations mercredi avec M. Abbas en vue de préparer la réunion internationale de paix que les Etats-Unis entendent organiser en novembre.

11 000 Palestiniens détenus

Israël détient actuellement plus de 11 000 Palestiniens et dit vouloir renforcer M. Abbas, un modéré qui contrôle la Cisjordanie, face au Hamas. Les Palestiniens ont accueilli avec satisfaction ces libérations, mais ont indiqué qu’Israël devrait aussi conforter M. Abbas en levant plus de 500 barrages qui restreignent la liberté de mouvement en Cisjordanie. Les dernières libérations de Palestiniens remontent à juillet lorsque Israël en avait élargi plus de 250 afin de renforcer M. Abbas après le coup de force du Hamas à Gaza.

A propos des prisonniers palestiniens en Israël :

 Le cauchemar des prisonniers palestiniens en Israël
 Détention jusqu’à la mort
 Même pas une petite fête

AFP, via Le Temps, le 30 septembre 2007