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Israël maintient un black-out total sur le raid aérien contre la Syrie

vendredi 14 septembre 2007 - 04h:33

Le Temps - Courrier international - Le Monde

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La presse et les experts s’interrogent sur la cible visée par des chasseurs la semaine dernière. Damas dénonce une « provocation ».

« Pas de commentaires. » Sollicités par de nombreux médias locaux et étrangers, les responsables israéliens refusent obstinément de discuter des accusations syriennes selon lesquelles une patrouille de chasseurs-bombardiers marqués de l’étoile de David aurait survolé jeudi 6 septembre le nord-est de la Syrie et aurait ouvert le feu sur une cible inconnue avant d’être repoussée par des tirs de missiles sol-air.

La Syrie, qui dénonce une « provocation » israélienne, a saisi le Conseil de sécurité des Nations unies. Les grands médias satellitaires arabes, qui consacrent depuis une semaine de nombreuses minutes d’antenne à cette affaire, soupçonnent l’Etat hébreu de vouloir déclencher une nouvelle aventure militaire qui laverait l’échec de la deuxième guerre du Liban en 2006.

« Intérêt supérieur du pays »

Quant à Ehoud Olmert, il affiche le même sourire imperturbable depuis une semaine. « Il faut savoir garder le silence quand l’intérêt supérieur du pays est en jeu », dit le premier ministre israélien.

Une politique suivie à la lettre par les députés habituellement très prolixes à propos des dossiers de sécurité nationale ainsi que par les chroniqueurs militaires de la presse locale, qui sont cette fois soumis à une censure miliaire beaucoup plus sévère que d’habitude. « Nous savons tout ce qui s’est passé en Syrie, mais nous ne pouvons tout simplement pas le dire, reconnaît le commentateur Allon Ben David. Le fait que nous respections tous ce silence imposé démontre que l’événement est important. » Et de poursuivre : « On parle beaucoup de guerre depuis quelques mois. Tout ce qui touche de près ou de loin à la Syrie est hypersensible. »

Faute de pouvoir s’exprimer aussi librement que par le passé, la plupart des chroniqueurs des radiotélévisions tournent autour du pot. Beaucoup évoquent avec insistance le bombardement d’Osirak, le chantier de la première centrale nucléaire irakienne pulvérisé le 7 juin 1981 au cours d’une attaque surprise de l’aviation israélienne. A l’époque, le premier ministre Menahem Begin et le chef de l’état-major de l’armée Rafaël Eytan s’étaient empressés de diffuser la nouvelle en se flattant d’avoir « empêché un nouvel Holocauste ».

Laboratoire nucléaire ?

Dans les cercles diplomatiques de Tel-Aviv et de Jérusalem où l’on collectionne les bribes d’information relatives au récent survol de la Syrie, on n’accorde pas beaucoup de foi aux rumeurs selon lesquelles un laboratoire de recherche nucléaire fonctionnant pour le compte de l’Iran avec l’aide de la Corée du Nord aurait été visé par le raid de la semaine dernière. En revanche, on considère comme « crédibles » les renseignements affirmant qu’Israël a déjà mené par le passé une série de vols de reconnaissance au-dessus du désert syrien. Les mêmes sources considèrent également comme « sérieuse » la thèse selon laquelle les chasseurs-bombardiers de l’Etat hébreu ont frappé une base abritant des fusées de longue portée destinées au Hezbollah ou un convoi transportant de tels engins de fabrication nord-coréenne.

Pour calmer la tension sans dévoiler pour autant les coulisses des événements de ces derniers jours, les proches d’Ehoud Olmert diffusent un message selon lesquels « Israël ne veut pas d’un nouveau conflit avec la Syrie (ndlr : le 24e anniversaire de la guerre de Kippour sera commémoré le mois prochain), mais ne regrette rien de ce qui s’est passé ». « Les Américains sont également satisfaits et nous couvrent », ajoutent les proches du premier ministre pour lesquels « Damas sait qu’il n’a pas intérêt à trop faire mousser cette affaire sous peine d’amplifier son discrédit international ».

Serge Dumont - Le Temps, le 13 septembre 2007


Etat d’alerte le long de la frontière syrienne

Des fuites dans les médias américains confirment le survol de la Syrie il y a une semaine par des avions israéliens. Israël garde le silence sur cette affaire, alors que Damas dénonce la violation de son espace aérien. Reste à savoir quelle sera la nature de la riposte syrienne, estime Ha’aretz.

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Le parcours supposé de l’aviation israélienne dans le ciel syrien (Ph. Jerusalem Post)

Le nouvelle année qui commence [le Nouvel An juif a lieu ajourd’hui] sera-t-elle meilleure que la précédente ? Cela dépendra en grande partie des répercussions du raid aérien que la Syrie accuse Israël d’avoir effectué dans le nord du pays dans la nuit du 5 au 6 septembre. Même si les informations données [mardi 11 septembre] par [la correspondante internationale en chef de la chaîne CNN] Christiane Amanpour ne sont pas d’une fiabilité absolue, le brouillard qui entoure les circonstances de l’attaque commence à se lever. [Selon CNN, qui cite des sources américaines, Israël aurait bombardé une cargaison d’armes iraniennes livrée à la Syrie et probablement destinée au Hezbollah libanais. Une opération terrestre aurait également eu lieu, ce que la Syrie dément. Toujours selon CNN, la frappe israélienne aurait laissé "un grand trou dans le désert" syrien.]

Le fait qu’un média international comme CNN ait entrepris d’éclaircir le mystère est plus important encore que les détails de l’incident. La publication des principaux éléments de l’affaire dans les médias n’est plus maintenant qu’une question de temps. [Ce mercredi 12 septembre, le New York Times citait un responsable de l’administration Bush selon lequel Israël a récemment photographié des installations probablement destinées à des activités nucléaires en Syrie. Le matériel proviendrait de Corée du Nord.]

Les autorités syriennes et israéliennes sont restées extrêmement silencieuses sur le sujet. Il est difficile de prédire quelle sera la réponse de Damas, tout au moins d’après les déclarations faites au cours des six derniers jours. D’un côté, les Syriens lancent des mises en garde contre les conséquences de cette violation de leur espace aérien et sont mécontents de voir qu’aucun pays ne semble enclin à la condamner. Mais, de l’autre, selon la presse libanaise, ils ne disent rien de la cible "stratégique" qui aurait été bombardée. [La Syrie affirme que les appareils israéliens ont largué des munitions sur son territoire et seraient entrés profondément au-dessus du nord du pays pour atteindre le point le plus proche de l’Iran. La Turquie, de son côté, s’est inquiétée lundi 10 septembre de la présence de réservoirs de carburant retrouvés à sa frontière avec la Syrie, et qui seraient d’origine israélienne.] Si les Syriens confirmaient ces allégations, on pourrait craindre qu’ils ne soient en train d’envisager une riposte de grande ampleur.

La tension est également palpable dans le sud d’Israël, où les événements sont indirectement liés à ce qui se passe dans le Nord. Ce n’est pas sur ordre de Damas que le Djihad islamique a tiré une roquette Qassam [le 11 septembre depuis de la bande de Gaza] contre la base israélienne de Zikkim [faisant 69 blessés], mais il semble que ce groupe, qui agit pour le compte du Hamas, fasse tout pour que la situation se dégrade sur le front sud.

Les organisations islamistes ne refuseront pas de venir en aide à la Syrie, qui les a généreusement abritées pendant des années. Mais leur principale préoccupation, aujourd’hui, est de trouver le moyen de saper le processus diplomatique israélo-palestinien. Un porte-parole du Hamas a décrit l’attaque du 6 septembre comme une "victoire de Dieu", utilisant la même rhétorique que le Hezbollah pour qualifier sa guerre [de l’été 2006] contre Israël.

Le tir de roquette constituait-il une réponse au raid aérien ? C’est très improbable, car la réaction serait trop faible. La Syrie va vraisemblablement continuer à épuiser Israël en faisant en sorte que ses forces armées soient constamment en état d’alerte dans le Nord. Pour des raisons similaires, Israël ne ripostera pas contre l’attaque de Zikkim par une opération de grande envergure contre la bande de Gaza. Tant que tout le monde se concentrera sur le front nord, l’armée israélienne préférera éviter de combattre sur deux fronts à la fois.

Amos Harel et Avi Issacharoff - Ha’aretz, via le Courrier international du 13 septembre 2007 : The air strike in Syria is a secret that cannot be kept



La Syrie saisit les Nations unies après un mystérieux raid israélien

a Syrie a demandé, mercredi 12 septembre, au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et au Conseil de sécurité de "réagir" à la violation de son espace aérien par des avions israéliens le 6 septembre.

Ce jour-là, plusieurs appareils venant de la Méditerranée ont pénétré en Syrie en direction du nord-est. Après avoir été repérés, ils ont essuyé des tirs de la défense antiaérienne syrienne avant de lâcher des munitions et, sans doute, de rejoindre leur base via la Turquie. Ankara a d’ailleurs demandé officiellement des explications au gouvernement israélien après avoir retrouvé sur son sol des réservoirs de carburants vides.

Dans sa plainte déposée à l’ONU, Damas veut "mettre en garde le gouvernement israélien sur les conséquences d’un tel acte irresponsable et dire au Conseil de sécurité que, s’il ne réagit pas de façon appropriée, la loi de la jungle s’imposera", selon Bachar Jaafari, l’ambassadeur de la Syrie à l’ONU. Jusqu’à présent, Israël s’est totalement refusé à tout commentaire sur cet incident.

Depuis le début de la semaine, plusieurs hypothèses sont émises sur la nature de ce raid. CNN, citant une source militaire américaine non identifiée, croit savoir que les chasseurs bombardiers israéliens ont détruit un convoi d’armes destinées au Hezbollah.

Pour le New York Times, il s’agissait d’un vol de reconnaissance pour photographier des installations nucléaires. Enfin, selon un journal arabe israélien, As-Sennara, il s’agirait plutôt de la destruction d’une base syro-iranienne de missiles.

Aucune photo de l’endroit où sont tombées les munitions n’a été publiée. La Syrie assure qu’il n’y a eu aucun dégât ni pertes humaines puisque les bombes ou les missiles ont été lâchés, selon elle, dans le désert. "Il n’y avait aucune cible. Ils ont largué leurs munitions et se sont enfuis", a affirmé Bachar Jaafari.

S’agissait-il d’un vol de reconnaissance alors que les moyens de détection par satellite sont suffisants ? Pourquoi ces appareils, dont le nombre et la nature ne sont pas connus, étaient-ils armés ? S’agissait-il d’un vol préparatif en vue d’une possible intervention sur des sites nucléaires en Iran comme cela a été dit ? Ce qui est sûr, en revanche, c’est que les Américains reconnaissent que ce raid a bien eu lieu.

Michel Bôle-Richard - Le Monde, le 13 septembre 2007


- La Syrie affirme avoir repoussé un raid israélien sur son territoire, 6 septembre 2007


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