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« Mort à la race maudite »

jeudi 13 septembre 2007 - 06h:11

Serge Dumont - Le Soir

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Les Israéliens étaient sous le choc dimanche après l’annonce par la police du démantèlement d’un petit groupe de néo-nazis dans l’Etat hébreu, accusé d’une série de violentes agressions racistes.

« Mort à la race maudite. » C’est sous ce slogan que se réunissaient clandestinement, à Petha Tikva (une ville de la grande banlieue de Tel-Aviv), les huit membres du premier groupe néo-nazi démantelé par la police israélienne. Composé de jeunes gens âgés de 16 à 21 ans, dont un soldat de Tsahal, ce mouvement s’était spécialisé dans l’attaque de juifs religieux, portant la barbe et la kippa, ainsi que d’homosexuels et de SDF. L’une de leurs victimes a d’ailleurs perdu la vie après avoir été frappée avec des barres de fer et des tessons de bouteille.

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Des responsables politiques demandent de retirer la nationalité israélienne à ces néo-nazis et de les expulser du pays.(Ph. Reuters)

Pour l’heure, tous les membres de ce groupe protestent de leur innocence. Ils affirment qu’ils « voulaient s’amuser » et que les séquences filmées de leurs attaques diffusées sur internet étaient « destinées à épater les copains ». Mais les enquêteurs du Shabak (la Sûreté générale israélienne) et de la police ne croient pas à ces explications puisque certains des suspects ont avoué la tentative d’incendie de la grande synagogue de Petah-Tikva en mai 2005. En outre, des explosifs volés à l’armée devaient être utilisés pour commettre un attentat contre Yad Vashem, l’institut de Jérusalem perpétuant la mémoire des victimes de la Shoah. De l’aveu d’un inculpé, l’opération était prévue le jour de l’anniversaire de la naissance de Hitler.

Même des soldats de Tsahal

Les membres de la structure démantelée sont originaires des ex-républiques soviétiques. Leurs parents ont émigré lorsque les portes de l’ex-URSS se sont ouvertes au début des années 1990. Mais la relation de ces nouveaux Israéliens avec le judaïsme est ténue et ils ne se sont pas intégrés dans une société qui n’est manifestement pas faite pour eux.

Quoi qu’il en soit, les « huit de Petah Tikvah » ne sont pas les seuls ex-Russes pratiquant le culte de la race aryenne en Israël. « Depuis cinq ans, on compte environ 500 attaques antisémites par an en Israël », affirme Zalman Glichevsky, le président de l’organisation « Dmir » proposant une aide morale et matérielle aux émigrants russes.

Au début de l’Intifada, les services de sécurité étaient incrédules. Ils attribuaient les profanations de tombes juives, les désacralisations de synagogue et les agressions de rabbins à des Arabes israéliens désireux de s’identifier au soulèvement de la population des territoires. Mais ils ont rapidement compris qu’ils se trompaient puisque leurs investigations ont débouché sur l’arrestation de skinheads d’origine russe. Deux de ces derniers étaient d’ailleurs des soldats de Tsahal servant en Cisjordanie.

En 2003, la police a aussi fermé le site internet « Union aryenne d’Israël », un lieu de rencontre virtuel des néonazis locaux. Mais ceux-ci ont vite trouvé d’autres moyens de se contacter. La situation a en tout cas été jugée assez sérieuse pour que la Knesset crée une commission présidée par la députée travailliste Colette Avital. Sans résultat concret jusqu’ici.

Serge Dumont, Le Soir, le 10 septembre 2007


Les “russophones” rêvent de contrôler le pays

La nomination d’Avigdor Lieberman au gouvernement montre que les Juifs russophones ne cherchent pas à s’intégrer dans la société israélienne, estime Ha’aretz. Ils veulent le pouvoir.

Dans le débat public suscité par l’entrée d’Avigdor Lieberman dans le gouvernement israélien [en tant que vice-Premier ministre chargé des affaires stratégiques], un aspect essentiel est passé inaperçu, à savoir l’étape essentielle que cet événement représente pour plus d’un million d’Israéliens originaires de l’ancienne Union soviétique. L’entrée du parti Israël Beiteinou dans la coalition n’aura pas seulement un impact considérable sur la communauté russo-israélienne, mais aussi sur toute la société israélienne. Car cela donne une légitimité au programme raciste du parti de Lieberman et cela confère aussi une position symbolique clé à ce dirigeant politique. En effet, contrairement au “Shas Kontrol” [référence aux Séfarades religieux du parti Shas] exercé sur le seul ministère de l’Intérieur, le “Nash Kontrol” [“Notre Contrôle”, slogan russe des partis d’immigrants de l’ex-URSS] va, lui, porter symboliquement sur toute la stratégie de l’Etat d’Israël.

Certes, c’est depuis 1996 que des ministres russophones obtiennent des maroquins ministériels. Mais, durant toute cette décennie, leur nomination n’était due qu’à la représentativité qu’ils avaient acquise dans leur communauté. En octobre 2006, dix ans après la création du premier parti israélien russe Israël B’Aliya, le fondateur de ce dernier, Nathan Sharansky, a quitté la scène politique au moment où Lieberman était nommé ministre chargé des Affaires stratégiques. Cela signifie que la politique “russe” telle que nous l’avons connue est à la croisée des chemins. Par l’accord conclu entre son parti et Kadima [le parti d’Ehoud Olmert au pouvoir], Lieberman vient d’être sorti de la “niche sectorielle” dans laquelle il avait été si longtemps couvé. Ce n’est plus un rôle de représentant d’un secteur incontournable qu’on lui demande de jouer, mais celui d’idéologue et de stratège.

En tant qu’homme politique jouissant de l’adhésion de plus de 50 % de l’opinion russophone et d’un statut d’icône même pour ceux qui n’ont pas voté pour lui, Lieberman est en train de mener les immigrants [Juifs russes] des années 1990 là où ils voulaient être, c’est-à-dire aux affaires. Il est de plus en plus évident que le million d’ex-Soviétiques qui ont émigré en Israël au début de la décennie précédente ne demandent plus l’intégration dans la société israélienne. Ce à quoi ils aspirent, c’est à exercer le pouvoir sur cette société. Un sentiment de supériorité renforcé par le sentiment d’être originaires d’une puissance impériale a forgé le caractère d’émigrants qui n’ont que faire de l’insertion.

L’échec de la deuxième guerre du Liban a renforcé leur sentiment de comprendre bien mieux que les Vatikim [les Israéliens “vétérans”] la réalité de leur situation au Moyen-Orient. Leur message est simple : “Vous avez tenté votre chance et vous avez échoué. A présent, c’est à notre tour d’exercer le pouvoir.” En rejoignant la coalition Olmert-Peretz, Avigdor Lieberman est donc en train de remplir ce “vide israélien”. L’une des plaintes les plus fréquentes exprimées par les immigrants originaires de l’ex-URSS, c’est que, contrairement à eux, les “vétérans” Israéliens sont dénués de réelle pensée stratégique et ne savent traiter que le court terme. Dès lors, beaucoup sont convaincus que la nomination de Lieberman va résoudre cette faiblesse structurelle d’Israël.

Dans un tel contexte, il est également intéressant d’observer le statut d’incontournable acquis par Arcady Gaydamak [un homme d’affaires russo-israélien sulfureux]. Lieberman et Gaydamak sont liés l’un à l’autre, pas seulement politiquement, mais aussi symboliquement, en ce sens qu’ils se présentent comme une solution à la “faiblesse” des vétérans. Pour les “russophones”, la question de savoir si c’est bon pour Israël est absolument secondaire. Tout cela semble dès lors confirmer une recherche récemment publiée par le département de sociologie de l’université de Haïfa, d’où il ressort que, selon tous les paramètres, les “russophones” représentent l’élite future de l’Etat d’Israël. Dans cette perspective, l’entrée d’Avigdor Lieberman devrait avoir un effet catalyseur déterminant.

Lily Galili, Ha’aretz via le Courrier international, Hebdo n° 836, le 9 novembre 2006



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Serge Dumont - Le Soir, le 10 septembre 2007


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