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Le blocus israélien pénalise les écoles de Gaza

mercredi 29 août 2007 - 09h:07

IRIN

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En raison de l’interdiction imposée par Israël sur les livraisons de papier à Gaza, quelques 200 000 enfants démarreront la nouvelle année scolaire, le 1er septembre, sans les livres dont ils ont besoin, selon l’UNRWA.

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Photo : Naela Khalil/IRIN

JERUSALEM, 27 août 2007 (IRIN) - L’interdiction imposée par Israël sur les livraisons de papier à Gaza menace de provoquer une pénurie de manuels scolaires dans ce secteur du territoire palestinien, et met au premier plan le débat sur ce qui constitue ou non une aide humanitaire légitime.

Les autorités israéliennes autorisent la livraison de nourriture, de médicaments et de carburant, qu’elles considèrent comme une aide essentielle, mais pas du papier, bien que, pour bon nombre de personnes, l’éducation est un secteur vital, auquel il faut apporter tout le soutien possible.

« Quelque 200 000 enfants afflueront dans nos salles de classe le 1er septembre, et n’auront pas les livres dont ils ont besoin », a expliqué à IRIN John Ging, le directeur des bureaux de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

La pénurie s’explique par le refus actuel des autorités israéliennes d’autoriser cinq camions de papier, nécessaire pour imprimer les manuels, à entrer sur le territoire pauvre de la bande de Gaza. Depuis la prise de pouvoir du Hamas à Gaza en juin, Israël a renforcé son blocus aux frontières, interdisant la quasi-totalité des importations et des exportations, à l’exception des marchandises humanitaires de base.

Cette dernière évolution indique les différences d’opinion entre bon nombre d’organisations humanitaires et Israël sur ce qui relève de « l’aide humanitaire ».

Shadi Yassin, de l’unité de coordination de l’armée israélienne, a récemment confirmé que l’Etat s’engageait toujours à autoriser l’acheminement de l’assistance humanitaire.

Et de fait, les denrées alimentaires, les médicaments et même le carburant continuent de franchir la frontière pour entrer dans la bande de Gaza. En revanche, de nombreuses autres marchandises sont toujours bloquées de l’autre côté de la frontière.

Une menace aux programmes de santé publique

« Nous tentons d’acheminer des matières premières dans Gaza », mais en vain, a expliqué Sébastien Kuster de CARE France, ajoutant que ces équipements, notamment des tuyaux, de l’asphalte et du ciment pour les programmes d’approvisionnement en eau et en systèmes d’assainissement étaient des marchandises humanitaires. « Nous en avons besoin pour achever les travaux qui permettront aux populations de Gaza de bénéficier d’un accès continu à l’eau ».

Malgré tout, Israël soutient que ces équipements bloqueraient les rares voies qui permettent l’acheminement des produits de base.

« A l’heure actuelle, la priorité, c’est l’acheminement de la nourriture », a déclaré un responsable israélien de la sécurité, notant qu’Israël ne coopèrerait pas avec le Hamas de l’autre côté de la frontière, le groupe islamiste étant considéré comme une organisation terroriste par les autorités israéliennes. Sans solution à l’impasse, les frontières resteront fermées.

M. Ging de l’UNWRA ressent lui aussi les effets de la répression israélienne. « Nous ne pouvons pas faire passer certains équipements essentiels tels que les matériaux de construction des maisons et des écoles. Il y a déjà un surpeuplement », a-t-il expliqué, notant que des centres de santé devaient également être construits.

Bon nombre des programmes d’approvisionnement en eau et en systèmes d’assainissement mis en place par l’UNRWA ont également été interrompus. « Ces problèmes sont du domaine de la santé publique », a estimé M. Ging, ajoutant qu’à terme, un peuple ne pouvait survivre en bénéficiant uniquement de l’aide la plus élémentaire.

Papier et radicalisme

Même si le papier arrivait immédiatement à destination, les enfants commenceraient l’année scolaire sans leurs manuels. Selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires, pour imprimer les plus de 350 000 livres dont l’UNRWA a besoin, les usines mettraient entre 20 et 25 jours, « si toutefois l’électricité fonctionne normalement ».

Selon plusieurs responsables israéliens, qui se sont exprimés sous couvert de l’anonymat, l’Etat s’inquiète à l’idée que ce papier soit utilisé pour imprimer des ouvrages imprégnés de l’idéologie du Hamas, ou pour tout autre acte de propagande.

Néanmoins, selon Gershon Baskin, le directeur israélien du Centre israélo-palestinien pour la recherche et l’information, qui mène une campagne en faveur de l’acheminement du papier, jusqu’ici, rien ne porte à croire que le Hamas modifiera le programme scolaire.

« Cela reste une préoccupation », a-t-il admis. « Mais en ne les autorisant pas à imprimer des manuels, pourra-t-on faire disparaître leur pensée et leurs idées ? S’ils veulent enseigner [le radicalisme], ils n’ont pas besoin de livre pour le faire », a estimé M. Baskin.

Interdire l’acheminement du papier au-delà de la frontière, c’est « priver les enfants de leur droit à l’éducation », a-t-il conclu.

IRIN - Monde


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