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Kouchner en Irak : le pétrole, toujours le pétrole ?

mardi 21 août 2007 - 07h:00

D’après le Monde et Libération

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Où l’on devine que le dernier voyage de Kouchner en Irak à plus à voir avec le pillage concerté entre français et américains des ressources pétrolières irakiennes, qu’avec une quelconque diplomatie digne de ce nom.

Total s’allie à Chevron pour exploiter le pétrole irakien

Le Monde - 10 août 2007

Après un intermède de dix ans, ayant trouvé une cavalière, Total entre dans la danse du pétrole irakien. Et de belle manière, en s’associant avec Chevron pour explorer et développer l’un des plus grands champs pétrolifères du pays, celui de Majnoun, dans le Sud-Est, près de la frontière iranienne. Ce projet, conclu en 2006 mais dévoilé le 8 août, pourrait prendre forme après la ratification, par le Parlement irakien, de la loi sur les hydrocarbures, en principe à l’automne, et à condition que la sécurité s’améliore.

Chevron et Total se sont refusés à confirmer ou à démentir l’information en raison de son caractère sensible. L’octroi de contrats d’exporation-production à des compagnies étrangères est controversé dans l’ex-Mésopotamie, comme l’atteste la difficile ratification de la législation énergétique. Sous-exploité, le sous-sol irakien, qui contient les deuxième ou troisième réserves de pétrole au monde, selon le mode de calcul, est l’objet de toutes les convoitises en cette ère de raréfaction de l’offre d’hydrocarbures.

"L’Irak est le dernier Eldorado pétrolier. Les majors veulent leur part du gâteau, mais les conditions d’exploitation n’ont pas encore été bien définies", souligne l’ancien haut fonctionnaire irakien Mohamed-Ali Zainy du Center for Global Energy Studies, un centre d’études énergétiques londonien. Les réserves de Majnoun, qui produisait 50 000 barils par jour avant la chute de Saddam Hussein, sont estimées à 12 milliards de barils. Le duo collabore aussi sur le champ de Nahr ben Omar, dans le Sud, dont les réserves sont estimées à 6 milliards de barils.

"Le mariage idéal"

Total et Chevron devront toutefois se contenter d’un contrat de service moins intéressant que les contrats de partage de production (production sharing agreement ou PSA) en vigueur avant la chute du dictateur.

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George Bush et Nicolas Sarkozy lors du dernier G8 - Photo : Novosti

"Les compagnies auraient bien voulu un PSA à long terme qui leur permet d’inscrire leurs réserves au bilan, créant de la valeur aux actionnaires. Mais le ministère irakien des pétroles ne veut pas être accusé de brader les richesses nationales au profit des étrangers. Ce type d’accord est la norme au Proche-Orient", souligne Mohammed Ali-Zainy. En vertu d’un tel contrat, la compagnie pétrolière joue un rôle de sous-traitant, facturant les opérations de développement des puits et d’extraction.

Douce musique pourtant aux oreilles de Christophe de Margerie, le directeur général de Total ! Les complémentarités entre les deux groupes sur ce dossier sont incontestables. En 1998, Total avait conclu, sans le signer, un accord PSA avec le régime de Saddam Hussein pour le développement de Majnoun. La société française avait hérité d’Elf, présent en Irak depuis 1991, de précieuses données géologiques. Depuis 2003, la compagnie française s’est repliée dans les Emirats arabes unis, d’où elle participe à la formation de techniciens irakiens.

Depuis l’invasion, Chevron, proche de l’administration Bush, a pu tisser en toute tranquillité des liens avec les technocrates du pétrole irakien. "C’est le mariage idéal combinant l’expérience de Total d’avant 2003 et celle de Chevron d’après 2003", souligne Ruba Husari, experte de la revue l’Energy Intelligence Group.

Par ailleurs, Chevron et la Compagnie française des pétroles, devenue Total, étaient actionnaires de l’Irak Petroleum Company entre 1928 et 1972, date de sa nationalisation. De surcroît, en chiffre d’affaires, les deux groupes sont au quatrième rang mondial, ex aequo.

Aujourd’hui, une dizaine de petites compagnies étrangères sont présentes en Irak, essentiellement dans l’exploration, dont Genel, Dana Gas, Gulfsands Petroleum, ONGC-Reliance et Addax Petroleum. En attendant que la sécurité soit garantie, les grands - BP, Shell, Total ou ExxonMobil - préfèrent attendre tout en plaçant leurs pions.

En 2007, la production irakienne s’est élevée en moyenne à 2 millions de barils/jour et les exportations à 1,6 million. Les coûts de production de ce pétrole léger, à faible teneur en soufre, s’élèvent à seulement 2 dollars le baril.

Marc Roche

Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.lemonde.fr/web/article/0...

Pour Kouchner, la route de Washington passe par Bagdad

Libération - 20 août 2007

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Kouchner à Bagdad, pour avoir sa part du gâteau et sceller l’inféodation française vis à vis des Etats-Unis ? - Photo : Reuters

Au moins autant que le barbecue offert par la famille Bush à Nicolas Sarkozy, dans sa villégiature de Kennebunkport, une image résume la nouvelle lune de miel franco-américaine : celle d’un avion officiel français se posant, hier en fin d’après-midi, sur le tarmac de l’aéroport de Bagdad avec à son bord le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner.

Solidarité

Préparée dans le plus grand secret, montée comme une opération commando, cette visite, qui devrait durer quarante-huit heures, est la première d’un ministre français depuis l’invasion américaine, en avril 2003, à l’origine de la longue brouille entre Paris et Washington. C’est même la première d’un chef de la diplomatie française depuis... celle de Roland Dumas, en 1988, peu après le gazage du village kurde de Halabja par l’armée de Saddam Hussein.

Ce voyage, qui a pour objectif d’exprimer un message de solidarité au peuple irakien et de soutenir le processus de réconciliation nationale, selon des diplomates français, marque une nette rupture avec la diplomatie menée par le duo Chirac-Villepin. Opposé avec véhémence à l’intervention américaine, Paris avait décidé de ne pas s’impliquer dans la gestion des conséquences d’un désastre annoncé. Et ne ratait pas une occasion de demander un calendrier de retrait des forces américaines.

Alors que la pression s’est déplacée aux Etats-Unis, où les appels à rapatrier les boys se font de plus en plus pressants, Kouchner devrait abandonner cette antienne de la diplomatie française. Au printemps 2003, il avait été l’un des rares à souhaiter le renversement de Saddam Hussein.

Tâchant de « minimiser » un geste qui ne manquera pas d’apparaître comme un inutile alignement sur Washington, l’entourage du ministre assure que l’idée de cette visite a germé dès sa prise de fonction et qu’elle n’a pas été discutée entre George W. Bush et Nicolas Sarkozy le 11 août. Washington et les Européens ont évidemment été prévenus de cette visite, mais pas les voisins de l’Irak, comme l’Iran ou l’Arabie saoudite.

On prend soin aussi, à Paris, d’inscrire cette visite dans la foulée de la résolution 1770 du Conseil de Sécurité, qui autorise les Nations unies - assez réticentes - à s’impliquer davantage en Irak. Kouchner débarque, en effet, à Bagdad quatre ans jour pour jour après l’attentat contre l’ONU, qui avait coûté la vie au représentant spécial, Sergio Vieira de Mello, et à 21 fonctionnaires des Nations unies, dont plusieurs proches collaborateurs de Kouchner au temps où il était haut représentant de l’ONU au Kosovo. Il en a profité pour déposer une gerbe à leur mémoire dans la zone verte, le quartier sécurisé de Bagdad.

Chaos

Sans prétendre faire la différence, ni même venir avec des propositions précises d’aide ou de coopération, Kouchner veut appliquer la méthode expérimentée au Liban : aller sur place, écouter toutes les parties prenantes au conflit, ensuite seulement proposer. Mais que formuler dans l’actuel chaos irakien ? Ni la situation sécuritaire, ni le processus politique ne semblent pouvoir connaître d’amélioration à court terme : la semaine dernière, l’Irak a connu son attentat le plus meurtrier (plus de 400 morts appartenant à la petite communauté yézidie) et le gouvernement de Nouri al-Maliki, paralysé depuis plusieurs mois, a vu le départ des partis sunnites et de la faction chiite de Moqtada al-Sadr.

Le ministre affiche donc des ambitions modestes et compte insister auprès des autorités irakiennes sur la nécessité d’inclure un maximum de forces politiques et confessionnelles au gouvernement.

Le Quai d’Orsay prend soin de préciser que c’est le président irakien, Jalal Talabani, qui a invité Bernard Kouchner et non le leader kurde. Précision utile étant donnée la proximité passée de Bernard Kouchner avec la cause kurde, sujet hautement sensible dans un pays au bord de l’éclatement.

Christophe Ayad

Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.liberation.fr/actualite/...


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