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Al Qaïda/Hezbollah : la concurrence à distance entre deux logiques d’action (partie 2/2)

mardi 14 août 2007 - 09h:27

Rayan Haddad - Cultures & Conflits

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(Al Qaïda/Hezbollah : la concurrence à distance entre deux logiques d’action - partie 1/2)


Le point nodal palestinien ou la lutte entre la fonctionnalité régionale du Hezbollah et la stratégie d’adjonction d’Al Qaïda.

Nul besoin de s’étendre ici sur la valeur que revêt la Palestine dans l’imaginaire du Hezbollah. Ayant combattu Tsahal pour une majeure partie de son histoire, le parti est bien placé pour s’identifier au combat des forces islamistes palestiniennes contre l’occupation. Mais pour lui, la Palestine ne relève pas seulement du domaine de l’affektuel weberien. Alors que ses « coreligionnaires » ont longtemps dû composer avec - voire se révolter contre - le statut périphérique de la Békaa et du Sud au sein de l’Etat libanais, le Hezbollah réussira à doter ce territoire d’une valeur stratégique majeure sur le plan moyen-oriental (prenant en cela une revanche objective contre l’Etat) du fait de la jonction accomplie dès le début des années 1980 entre la charge émotionnelle que ressent envers la Palestine toute mouvance islamique du Maroc à l’Indonésie et la politique de puissance régionale iranienne (à travers notamment le concept de wilâyat al faqîh) (41).

Le soutien à la « libération de la Palestine » constitue en effet une source majeure de légitimité politique dans le monde islamique (surtout que la « lutte » que cette stratégie implique peut aisément être opposée à la « lâcheté » de nombreuses capitales arabes « tournant autour de l’orbite américain »). L’apport du Hezbollah est d’autant plus précieux à cet égard pour la République islamique qu’il a, contrairement à elle, la capacité de s’exprimer sans laisser une impression d’ » intrusion » dans l’espace de sens arabe. A partir de là, la « récupération » (partielle du moins, nous le verrons) des leaders d’Al Qaïda de la question palestinienne ne peut qu’indisposer le Hezbollah et l’Iran, et il ne sera guère étonnant dès lors de voir le « parti de Dieu » entreprendre une offensive discursive axée sur la défense authentique de cette cause, ni de constater qu’il cherchera à discréditer (implicitement bien entendu pour ne pas heurter certaines sensibilités sunnites) la mouvance en pointant sur son « égarement stratégique » et son implication dans des « batailles erronées » éloignées du point nodal de l’Umma 42.

Mais quelles sont les motivations ayant poussé Ben Laden et Zawahiri à investir cette cause et à la placer au c ?ur de leur débat, alors qu’ils n’étaient pas connus pour accorder une telle place à la Palestine ? Ce questionnement nous amène à examiner de manière plus approfondie les orientations stratégiques de la nébuleuse. Olivier Roy souligne qu’elle ne propose que « la vengeance à la frustration », et n’adopte aucune stratégie si ce n’est la tentative de provoquer « un fossé insurmontable entre l’Occident et le monde islamique », et de « conscientiser le “peuple” musulman par l’exemple des martyrs et l’effet des attentats qui frappent au c ?ur de la Babylone moderne » 43.

« Il [Ben Laden] n’a pas de stratégie ni d’objectifs politiques : rien n’était prévu pour le lendemain du 11 septembre. Contrairement aux islamistes “classiques” dont la violence, même sous la forme terroriste, vise un but stratégique et national [...] et peut donc être “négociée”, les nouveaux radicaux ne se soucient ni de programme ni de résultat concret. Ils meurent pour la signification du geste mais pas pour son résultat, ils sont dans la réalisation de soi et donc dans une dimension mystique, mais pas dans l’ordre politique. Il n’y a donc rien à négocier ». (44)

Nous ne sommes pas d’accord avec l’idée que Ben Laden « n’a pas de stratégie ni d’objectifs politiques » ou qu’il ne se soucie pas de « résultat concret ». L’absence de clairvoyance stratégique ne signifie pas qu’il n’y a pas de pensée stratégique. Radicalement convaincus que les discours - voire les attentats jihadistes précédents - adressés à « l’Occident » n’ont pas eu d’effets déterminants, l’objectif des dirigeants de la mouvance était de répondre par la vengeance à l’ » aveuglement » américain, mais aussi provoquer un électrochoc destiné à entraîner un questionnement quant aux raisons de cette expression de haine identitaire, et dissuader l’Amérique de continuer à exercer ses politiques jugées criminelles envers l’Umma. Tout cela relève (en plus d’une dimension eschatologique) d’une visée éminemment politique.

Ici, Al Qaïda ne cherche effectivement pas à négocier mais à renverser le « rapport d’humiliation » existant avec l’Amérique et prétendre lui opposer, à elle et ses « suppôts », directement ou indirectement 45, une équation d’ » équilibre de terreur » dans la logique de la loi du Talion 46. On ne saurait occulter non plus un objectif majeur de la mouvance : le jihad contre l’ » occupation de la terre des lieux saints » perçue comme « la plus grande de toutes les agressions 47 ». Dans ce cadre, Ben Laden et Zawahiri semblent avoir été conscients des limites de la capacité de ralliement de la seule cause de « libération de la péninsule » auprès des audiences islamiques. Ils auraient été alors conscients de la nécessité d’adjoindre à celle-ci, celles notamment de Palestine et d’Irak, plus « parlantes » à l’opinion ciblée 48. Ici, nous ne sommes pas en présence d’une pure instrumentalisation (ces questions sont aussi importantes pour les hérauts d’Al Qaïda), mais d’une stratégie d’emphase (qui occulte l’ordre de préférence normative pour une meilleure efficience de propagande).

L’opportunisme de cette stratégie d’adjonction peut être déduit du passé activiste de la mouvance en Afghanistan. En effet, quoiqu’ils puissent en dire à ce sujet, Ben Laden et ses compagnons ne semblaient pas choqués outre mesure des « 70 ans d’humiliation subis par l’Umma 49 » (notamment en Palestine) lorsqu’ils étaient objectivement alliés aux Américains dans le combat anti-soviétique, avant l’installation des premiers GI’s dans la péninsule arabique. L’opportunisme de cette stratégie peut aussi être révélé par le discours de Ben Laden du 7 octobre : il y accorde une grande importance à la question palestinienne en évoquant notamment les souffrances de quatre villes cisjordaniennes. Son mot de fin semble même placer la sécurité de la Palestine au c ?ur du nouvel « équilibre de la terreur » imposé aux Etats-Unis, mais la question centrale (pour lui) de la péninsule arabique enveloppe notablement sa péroraison :

« Tout musulman doit se soulever à l’appel de sa religion, et les vents de la foi et du changement se soulèvent pour mettre fin à l’injustice et à la fausseté religieuse dans la péninsule de Mohammad, paix sur lui. Quant à l’Amérique, je lui adresse à elle et son peuple des mots succincts : je jure par Dieu tout puissant que l’Amérique et ceux qui y vivent ne pourront jouir de sécurité tant que celle-ci ne sera pas effectivement une réalité en Palestine, et tant que les armées impies ne se retireront pas de la terre de Mohammad, paix sur lui ».

Mais cet opportunisme sera le mieux manifesté lorsque Zawahiri, après avoir martelé (dans son ouvrage Chevaliers sous la bannière du Prophète) la nécessité pour Al Qaïda de « se rapprocher des masses » et de « tenter de leur faire comprendre sa cause dans un style qui rende la vérité accessible à tous ceux qui veulent la connaître », constate (bien après l’Iran et le Hezbollah il faut dire) que « le slogan que l’Umma a bien compris et auquel elle adhère, depuis cinquante ans, est l’appel au jihad contre Israël » 50. Il sera manifesté enfin par défaut à partir de 2003 où l’on verra la Palestine (inaccessible) cesser d’occuper conjoncturellement le devant de la scène rhétorique de Ben Laden et ses acolytes (les faisant éviter ainsi un aveu d’impuissance) au profit de l’Irak (aux frontières bien plus perméables), nouveau théâtre de prédilection jihadiste contre « les Infidèles » 51.

Zarkawi contre les chiites d’Irak et du Hezbollah

Si Al Qaïda a pu à ce point délaisser une approche discursive axée sur la Palestine, c’est que Washington et Londres lui ont bien donné une occasion de le faire. Par le biais de leur invasion de l’Irak, la mouvance avait en effet une potentialité d’insertion jihadiste majeure dans ce pays. En fait, « les Américains n’ont pas pu saisir, malgré les signaux qui étaient déjà là, qu’Al-Qaida pourrait utiliser l’Irak comme un terrain de combat 52 ». Profitant d’un « choc psychologique de dépossession » ambiant en milieu arabo-sunnite 53, le salafiste jihadiste jordanien Abou Mous’ab al Zarkawi réussit à rallier divers islamistes radicaux, arabes et irakiens, candidats au jihad contre l’Amérique. Si leur nombre est minoritaire par rapport aux autres agents de l’ » insurrection sunnite 54 », leur impact se fait surtout sentir au niveau de leur combat idéologique contre « les chiites ».

Dans le « Message à l’Umma » qui lui est attribué, Zarkawi les accuse d’être - propos d’Ibn Taymiya à l’appui 55 - les suppôts intemporels des ennemis de l’Umma. Plus récemment, l’Amérique a bien compris que ces « firaq bâtiniya » (parties qui cachent leur jeu) et « râfida » (hérétiques) constituent « un cheval de Troie par lequel les fils de l’islam peuvent être pris à revers ». Mis à part leur « mainmise » sur les postes sensibles (police, armée...) en Irak, « ils » sont surtout accusés de projeter l’instauration d’un « Etat hérétique qui s’étend de l’Iran en passant par l’Irak, la Syrie [qualifiée de bâtiniya en allusion à son « régime alaouite »], le Liban hezbollahi, et les monarchies du Golfe en carton dont le territoire est parsemé de repères hérétiques 56 ». Ainsi, le Hezbollah - qui constitue l’une des parties chiites qui s’est le plus opposée à l’invasion américaine et qui a même soutenu la voie de la « résistance armée » dans l’Irak d’après-guerre 57 - se retrouve sous le feu des diatribes de Zarkawi.

Les chiites semblent ainsi exécrés pour ce qu’ils sont, bien plus que pour ce qu’ils font. Pour autant, l’attentat à la voiture piégée du 29 août 2003 devant le mausolée de l’imam Ali à Najaf (causant la mort de l’ayatollah Mohammad Baqer al Hakim 58 et de plus de quatre-vingt pèlerins) s’inscrit dans une optique éminemment politique : faire payer au « chiisme irakien » ses accointances supposées ou réelles avec les Etats-Unis et l’Iran, et provoquer la fitna (grande discorde), seule jugée capable d’aboutir au « sursaut des sunnites » face à leurs ennemis. C’est dans cet esprit qu’aura lieu aussi, à l’occasion de la commémoration d’Ashura 59 le 2 mars 2004, une série d’attentats-suicides faisant plus de 180 morts et 500 blessés à Karbala et Bagdad. Les attentats zarkawistes 60 ne sont pas sans provoquer un malaise sécuritaire en milieu chiite glocal. Au Liban, il nous sera révélé « en coulisse » par la phrase laconique suivante : « Le phénomène des attentats-suicides contre les chiites en Irak ne tranquillise personne. Qui sait si demain certains ne viendraient pas se faire exploser au Liban ? » (61)

Ces craintes ne sont pas irréalistes lorsque l’on sait que Zarkawi jouit d’une grande popularité au sein du groupe salafiste palestinien Usbat al Ansar situé dans le camp de Aïn al Heloué à Saïda, à quelques kilomètres de la banlieue sud de Beyrouth 62. Elles ne sont pas irréalistes d’autant plus que ce groupe n’est pas seulement virtuellement lié au salafisme jihadiste ; sa participation dès 2003 - bien qu’à petite échelle - à l’activisme jihadiste en Irak est avérée tant au niveau de son embrigadement d’islamistes palestiniens que libanais 63. Elles ne sont pas irréalistes enfin lorsque l’on saura que peu de temps avant sa mort, et dans un message audio diffusé sur Internet, Zarkawi avait vertement critiqué le Hezbollah en considérant qu’il servait comme un « bouclier protecteur à l’ennemi sioniste face aux attaques des mujâhidîn [sunnites] à partir du Liban 64 ». En tentant de « décrédibiliser » l’aptitude jihadiste du Hezbollah, ce message s’inscrit sans nul doute à notre sens dans une optique de surenchère identitaire (tournant autour du « meilleur jihadisme » en présence sur la scène islamique), destinée à « marquer des points » contre le parti khomeyniste libanais dans le cadre de la conquête des c ?urs et des esprits islamiques.

Verve explosive du Hezbollah contre le salafisme jihadiste et recentrage sur la Palestine

Avant même la charge verbale zarkawiste à son encontre, les attentats-suicides d’août 2003 et de mars 2004 vont amener le Hezbollah à changer sensiblement son approche de la scène irakienne. S’il y a maintien absolu des critiques à l’encontre des Etats-Unis, il y a aussi plus grande attention au niveau des assignations données aux « opérations armées » (elles ne sont plus automatiquement catégorisées en tant qu’ » actions de résistance ») et dépréciation explicite du salafisme jihadiste.

« Lors de la commémoration de la mort de Sayyed Hakim, j’ai dit et aujourd’hui je répète : si le Mossad ou la CIA sont derrière ces attentats, cela constituera une consolation pour nous tous. Mais si derrière se tient un groupe extrémiste et sclérosé qui vit encore au Moyen-Age, qui n’a ni raison ni c ?ur, ni religion ni morale et qui prétend relever de l’islam... C’est là le grand danger et la tragédie que doit confronter l’Umma. [...] Je vous assure que tout groupe sclérosé dont la religion est la mort et le versement du sang est honni de la part des sunnites avant les chiites. [...] Qui exécute donc des opérations-martyre et suicide de nos jours à part les “gens dogmatisés” ? [...] C’est là une marque fondamentale qui pointe [sur l’identité des instigateurs] ». (65)

Le souci du Hezbollah de marginaliser identitairement les instigateurs est - outre son caractère véridique - de mise pour juguler toute fitna, encourager une condamnation « sunnite » sans appel des attentats et sauvegarder son capital de sympathie panislamique. Or nous l’avons vu, ce capital dérive en grande partie de son approche de la question palestinienne, d’où la nécessité pour lui de voir préservé le caractère fondamental de cette question dans l’imaginaire de l’Umma. Ainsi (et contrairement à Al Qaïda), c’est la Palestine et non l’Irak qui constitue la question centrale pour le parti et c’est elle qui détermine prioritairement son agenda 66.

Dès lors, et face aux « manquements de résistance chiite en Irak » 67 et aux projets de fitna zarkawistes, l’entreprise de (re)focalisation du Hezbollah sur la Palestine relève, plus que jamais, d’une tentative de réorientation du « public islamique » vers la scène qui lui assure le plus de crédibilité, d’aisance et de sécurité identitaire. Après le coup retentissant de la libération de centaines de prisonniers des geôles israéliennes (fin janvier 2004) 68, l’assassinat par Israël, le 22 mars 2004, du guide spirituel du Hamas, cheikh Ahmad Yassin, donnera l’occasion au Hezbollah d’afficher à nouveau une solidarité sans faille avec cette cause (avec le pilonnage notamment des postes de Tsahal à Chebaa) 69.

La guerre de l’été 2006 et la « victoire divine » du Hezbollah... sur Al Qaïda

« Ce qui impose aux peuples palestinien et libanais la voie de la résistance armée est la position israélienne qui ne donne rien sans qu’elle n’y soit contrainte par la force. La question des prisonniers libérés en est une illustration. [...] Le peuple palestinien exerce son droit à la résistance et nous pensons que le Liban ne peut pas rester les bras croisés ». Entretien avec Sayyed Nawaf al Moussawi, chargé des relations internationales au sein du Hezbollah, mars 2004.

Après la capture de deux soldats israéliens le 12 juillet 2006 par un commando du Hezbollah infiltré en Israël (et la mort de huit autres tentant une incursion en territoire libanais pour les récupérer), le parti s’attendait à une confrontation qui suivrait les règles implicites respectées jusqu’alors : une vive réplique israélienne suivie de longues négociations (à travers une tierce partie) pour l’échange des prisonniers (Tel Aviv détenant encore trois ressortissants libanais dans ses geôles). Tel ne fut pas le cas. L’envergure de la réaction israélienne prit clairement de court les responsables du Hezbollah 70. Bien qu’il se soit gardé de faire publiquement le lien entre son opération et l’escalade israélienne dans la bande de Gaza à la suite de la capture par le Hamas d’un caporal israélien le 25 juin 71, il semble clair que son entreprise s’inscrivait dans un cadre régionaliste et non seulement nationaliste.

Dans ce cadre, et contrairement à une idée reçue, l’intervention du parti n’était pas uniquement destinée à soutenir son « allié » islamiste, mais à s’assurer aussi du report de tout accord (indirect) entre le mouvement palestinien et Israël alors que des signes de progrès étaient perceptibles à ce niveau 72. La consommation conjoncturelle d’un tel échec faisait les intérêts de Téhéran confrontée à un examen critique de son dossier nucléaire et cherchant à parfaire ses cartes de marchandage dans ses négociations avec les responsables européens en jouant de la surenchère régionale. Elle allait aussi dans le sens des intérêts de Damas (ayant comme Téhéran une influence certaine sur le Hamas et cherchant une « réhabilitation » régionale - tout en miroitant ses capacités de nuisance - face à une administration américaine convaincue de la justesse du boycott de son régime à la suite de l’assassinat le 14 février 2005 de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri). La force du jeu de puissance iranien (et syrien) dans la région consisterait alors (en partie) en la supervision systémique exogène (plus ou moins efficace) d’une capacité de violence infra-étatique et transfrontalière dirigée notamment contre Israël, et la confiance dans le caractère « monnayable » du contrôle d’une telle capacité de nuisance 73.

« Pas le moindre petit mouvement ne peut être exécuté ou planifié du cru du Hezbollah. Pour une raison très simple : les Syriens et les Iraniens pensent que quoi qu’il fasse, ce sont eux qui vont se retrouver d’une façon ou d’une autre responsables de ses actions sur la scène internationale et qui devront en assumer les conséquences. [...] C’est une politique qui réfléchit en termes d’effets de retour ». (74)

Si ces propos peuvent sembler exagérés car ils ne prennent pas assez en compte l’aptitude stratégique localiste d’un Hezbollah de plus en plus intégré dans les rouages de l’Etat libanais, ils le sont moins pour ce qui est de la dimension régionale de son action. Là où nous sommes (peut-être) en désaccord avec Charara, c’est qu’il s’agit bien d’une dynamique à prédominance exogène plutôt que d’un « unilatéralisme directionnel » qu’exercerait l’Iran vis-à-vis du Hezbollah. L’Iran a bien une influence primordiale sur le « parti de Dieu » - elle a même sans doute augmenté aux dépens de Damas depuis son retrait du Liban en avril 2005 - que ce soit par les biais idéologique 75, militaro-stratégique ou financier, et s’il ne fait pas de doute dans notre esprit que le Hezbollah a suivi des recommandations (pressantes ou permissives) de son wali al faqîh 76 allant dans un sens favorable à l’opération d’enlèvement, on ne peut manquer de voir qu’il existe aussi une dimension qui lui est propre au niveau de son entreprise. En ce début d’été 2006, le Hezbollah avait intérêt à ce que l’offensive israélienne n’aboutisse pas à une capitulation du Hamas, ni même à une restitution du caporal par le mouvement islamiste « sans contrepartie substantielle », étant donné qu’il ne voulait certainement pas voir un moyen d’action (qu’il avait largement contribué à « crédibiliser » et qu’il projetait sans doute d’employer encore à l’avenir) perdre de son efficience face à Israël.

Mais, au-delà de son souci de voir sauvegardées « la résistance » et l’efficience d’une « technique de la résistance », le Hezbollah pensait avoir intérêt à agir afin de ne pas perdre de sa crédibilité en tant que « parti résistant » limitrophe d’Israël auprès des audiences islamiques choquées par les événements de Gaza. Plus particulièrement, il pouvait espérer obtenir à travers son action « retentissante » une sympathie importante (même si ambivalente 77) dans certains milieux islamistes sunnites libanais (et bien au-delà), alors que la fracture « sunno-chiite » semblait devenir une « réalité » palpable de la scène politique libanaise (sans même parler de l’Irak) 78.

D’autres facteurs importants ont également joué. Soumis à de fortes pressions internationales - mais aussi internes - pour son désarmement, le Hezbollah pouvait placer l’ensemble de ses détracteurs devant le fait accompli de sa vocation armée et prendre une revanche symbolique sur la majorité parlementaire du pays en montrant qui était « le véritable maître » des destinées du Liban 79. Mais où réside dans ce contexte la concurrence avec Al Qaïda ? En réalité, et sans que cela ne fasse nécessairement partie des objectifs primordiaux du Hezbollah, son opération n’a pas manqué de jeter un discrédit total sur la rhétorique zarkawiste (datant seulement du 2 juin 2006) d’un Hezbollah servant de « bouclier protecteur à l’ennemi sioniste » et de juguler par la même occasion les velléités de la branche irakienne d’Al Qaïda d’exporter au Liban les germes d’une fitna « sunno-chiite », voire de postuler à un rôle jihadiste contre Israël 80.

La guerre qui s’en est suivie n’a pas manqué non plus de marquer les différences normatives entre la mouvance et le parti (ce dernier étant soucieux d’infliger à l’ennemi plus de pertes militaires que civiles 81, sans chercher à s’investir dans des formes de violence sacrificielles). Mais la grande victoire du Hezbollah sur Al Qaïda ne se trouve pas là. Sans l’avoir sérieusement envisagée (à la suite d’une grande « misperception 82 » - ce qui ne revient pas à dire que les dirigeants israéliens n’ont pas eux-mêmes fait des choix terribles à ce sujet), la confrontation militaire du Hezbollah avec Tsahal et le combat efficace de la guérilla chiite tout au long des trente-trois jours de guerre (aux effets humiliants pour Israël) lui ont donné une stature panislamique sans doute jamais atteinte par le « parti de Dieu » auparavant. Si ce triomphe - la figure charismatique de Sayyed Nasrallah et ses apparitions médiatiques réussies sur Al Manar et Al Jazira y sont pour beaucoup - a inquiété les dirigeants des pays arabes proches de Washington 83, il a aussi manifestement préoccupé le leadership d’Al Qaïda.

Non seulement celui-ci se retrouvait « marginalisé » sur la scène jihadiste mondiale, mais aussi objectivement désavoué au niveau de sa rhétorique takfiriste auprès des « masses islamiques », dont le soutien était par ailleurs clairement affiché au Hezbollah (un soutien public dont Al Qaïda n’a jamais pu bénéficier - à cette échelle du moins - dans son histoire) 84. La nébuleuse se devait de réagir et il n’était dès lors pas étonnant de voir son idéologue tenter de se faire une place dans le champ médiatique à l’occasion d’un enregistrement vidéo diffusé par Al Jazira le 27 juillet 2006. En considérant que le combat en Afghanistan, en Irak, en Palestine et au Liban faisait partie d’un même cercle jihadiste, en désignant les membres de sa mouvance comme les fils des premiers califes de l’islam, mais en se réclamant surtout aussi de l’imam Ali et de son fils Hussein (vénérés par les chiites), Zawahiri tentait nettement de sauvegarder une certaine crédibilité identitaire en prenant en compte la grande popularité du Hezbollah - jamais nommé - en milieu islamique global.

Cet « effort d’ouverture » pouvait se faire de manière plus aisée après la mort de Zarkawi dont le bellicisme vertement anti-chiite n’était sans doute pas du goût du leadership d’Al Qaïda 85. La mouvance a-t-elle pour autant abandonné son exécration légendaire à l’endroit des chiites ? Non, et cela semble clair lorsque Zawahiri déclare espérer que « les événements de l’agression sioniste croisée contre les musulmans » puissent pousser « les traîtres en Irak à avoir honte et cesser de justifier et appuyer la présence américaine croisée ». Une façon subtile de rappeler à l’audience visée que l’orientation du Hezbollah ne devait pas faire oublier la « félonie de ses coreligionnaires en Irak » 86. L’Irak, un pays à travers lequel Zawahiri tentera de reprendre symboliquement le dessus sur le Hezbollah en mettant l’accent sur la priorité du jihad sur cette scène (où Al Qaïda se trouve être active) en tant que préalable à la libération de la Palestine (où Al Qaïda est absente mais dont l’importance de la charge affective est reconnue) :

« L’Irak a une qualité : sa proximité avec la Palestine. Ce fait doit pousser les musulmans à soutenir ses mujâhidîn jusqu’à l’instauration en son sein d’un émirat islamique jihadiste qui portera alors le jihad, avec l’aide de Dieu, aux frontières de la Palestine où les mujâhidîn s’uniront à ses confins pour la Grande Conquête, avec la bénédiction de Dieu ».

Mais rien sans doute, dans l’intervention de Zawahiri du 27 juillet, ne révèle plus le sentiment de marginalisation du leadership d’Al Qaïda vis-à-vis du Hezbollah que les propos suivants :

« Nous ne pouvons assister en spectateurs à ces missiles qui frappent nos frères à Gaza et au Liban en restant figés et résignés. [...] Ces missiles [...] ne sont pas seulement israéliens, mais parviennent de l’ensemble des Etats de la coalition croisée et sont financés par eux... Pour cela, tous ceux qui participent au crime doivent en payer le prix ».

Afin de s’extraire de leur confinement périphérique et reprendre un « avantage jihadiste » déterminant, les leaders d’Al Qaïda semblaient conscients du caractère insuffisant de leur rhétorique et de la nécessité de frapper un « grand coup ». Cette menace rappelle - alors que le Hezbollah savoure sa « victoire divine contre l’entité sioniste » - qu’Al Qaïda n’a peut-être pas dit son dernier mot dans cette affaire, même si (ou plutôt du fait qu’) elle n’a jamais paru autant coupée des réalités du monde qu’elle prétend défendre...







Cultures et Conflits, par Vivienne Jabri :

- La guerre et l’état libéral démocratique (partie 1/2)
- La guerre et l’état libéral démocratique (partie 2/2)


Notes :

41. Les Pasdaran ont été un élément déterminant dans la formation du parti à la suite de l’invasion de 1982. Si le Hezbollah a réévalué son projet de constitution de république islamique au Liban après Taëf, il place toujours les directives de l’ayatollah Khameneï, en tant que wali al faqîh (le dignitaire le plus apte à mener l’Umma), au-dessus de toute considération.
42. Zawahiri s’était alors expliqué sur la nécessité de porter le jihad contre « l’ennemi lointain » dans son livre Chevaliers sous la bannière du Prophète dont certains extraits ont été publiés en décembre 2001 par le quotidien Asharq al Awsat. Voir Kepel G., op. cit., pp. 124-136.
43. Voir Roy O., « Ben Laden et ses frères », Politique internationale, n°93, automne 2001, pp. 67 et 80.
44. Roy O., L’islam mondialisé, Paris, Seuil, 2002, p. 28.
45. « Directement » lorsque le leadership d’Al Qaïda est primordialement impliqué dans l’élaboration d’attentats très « sophistiqués » (Afrique de l’Est, 11 septembre, etc.), « indirectement » lorsque celui-ci semble compter - du fait de son isolement géographique - sur son effet « inspirateur » (par le biais de ses discours relayés par les médias) auprès de sympathisants potentiels. Cela pose la question du lien entre le leadership et la profusion jihadiste s’en revendiquant. La visée stratégique d’Al Qaïda étant très large, il ne nous semble pas qu’il existe (et c’est à notre sens l’une des forces de la mouvance) d’incohérences stratégiques majeures entre les actions fomentées par le leadership et celles des groupes idéologiquement proches ou encore des « groupes décentralisés » (pour preuve d’ailleurs, le leadership ne les renie pas), ce qui ne revient pas à dire qu’il ne peut pas exister des divergences tactiques ou autres rivalités personnelles entre différents hérauts salafistes jihadistes.
46. La lecture de certains discours d’Al Qaïda ne laisse pas de doute à ce sujet. Voir par exemple le « Message au peuple américain » de Ben Laden diffusé par Al Jazira le 29 octobre 2004. Voir Kepel G., Milelli J-P. (dir.), op. cit., pp. 101, 105 et 111. Olivier Roy ne semble pas avoir changé pour autant ses positions sur le sujet. Voir son entretien dans An Nahar, 31 octobre 2004, p. 10.
47. Voir Kepel G., Jihad. Expansion et déclin de l’islamisme, op. cit., pp. 472-473. Nous soulignons.
48. Non sans réussite. « N’importe quel sondage d’opinion tranchera en faveur d’une écrasante majorité arabe soutenant les propos de Ben Laden sur les questions de la Palestine et de l’Irak », Samaha J., « Harb al Jazîra », As Safir, 9 octobre 2001. Cité par Lamloum O., Al-Jazira, miroir rebelle et ambigu du monde arabe, Paris, La Découverte, 2004, p. 46.
49. En référence aux « 80 ans d’humiliation » subis par l’Umma selon Ben Laden dans son discours du 7 octobre 2001.
50. Voir Kepel G., Milelli J-P. (dir.), op. cit., p. 293.
51. Se référer à titre d’illustration au message de Ben Laden « aux musulmans d’Irak » diffusé le 18 octobre 2003 sur Al Jazira. Voir Kepel G., Milelli J-P. (dir.), op. cit., pp. 91-99.
52. « Perspectives irakiennes, entretien avec Hamit Bozarslan », Esprit, août-septembre 2004, p. 174.
53. Dans ce cadre, l’entreprise américaine de démobilisation de l’armée et de « débaasification » des administrations allait s’avérer catastrophique.
54. Voir Hashim A., Insurgency and Counter-Insurgency in Iraq, New York, Cornell University Press, 2006.
55. Ibn Taymiya (1263-1328) est la référence doctrinale des salafistes.
56. Se référer à l’intégralité du message attribué à Zarkawi in Hussein F., op. cit., pp. 246-256. Pour une traduction française, voir Kepel G., Milelli J-P., (dir.), op. cit., pp. 381-415.
57. Sayyed Nasrallah le fera à l’occasion de la 3e commémoration de la libération du Liban Sud. Voir An Nahar, 27 mai 2003, p. 13. Le parti ne pouvait, sous peine de voir compromise sa crédibilité, garder le silence face à l’émergence d’un tel phénomène en Irak. C’était avant, il est vrai, qu’il ne soit entaché par les attentats salafistes jihadistes.
58. Fondateur du Conseil supérieur de la révolution islamique en Irak (khomeyniste), il avait opéré le 10 mai 2003 un retour en Irak après 23 années d’exil en Iran.
59. Commémoration de la bataille de Karbala (680) au cours de laquelle eut lieu le martyre des proches du calife Ali (cousin et gendre du Prophète), et notamment de son fils Hussein. Cette tragédie pour les chiites (qui considèrent que les imams descendant d’Ali sont les seuls successeurs légitimes du Prophète) est commémorée chaque année par des foules en deuil.
60. Zarkawi n’avait pas encore rallié Al Qaïda (son réseau avait d’ailleurs une dénomination spécifique : « Jamâ’at al tawhîd wal jihad »). Il finira par prêter allégeance à Ben Laden le 17 octobre 2004.
61. Entretien avec un grand responsable médiatique du Hezbollah ayant souhaité garder l’anonymat, mai 2005.
62. Une semaine après l’assassinat de Zarkawi par les forces américaines le 7 juin 2006, pas moins de trois banderoles étaient érigées en l’honneur du salafiste jordanien dans le camp en question. Voir Dahsha M., « Yâfitât tubârik istish’hâd al Zarkawi fi taamîr Aïn al Héloué », Sada al Balad, 14 juin 2006, p. 8. Sur la montée de l’idéologie salafiste jihadiste dans certains camps palestiniens au Liban, voir Rougier B., Le Jihad au quotidien, Paris, PUF, 2004.
63. Ce micro-activisme (qui était toujours en cours en 2006) n’a pas échappé au Hezbollah. Voir Akil R., « “Hizbullah” yarsod taghalghol “Al Qaïda”. Maktab fi Aïn al Heloué yusaddir “al mujâhidîn” », An Nahar, 9 juillet 2006, p. 6.
64. Voir An Nahar, 3 juin 2006.
65. Extraits du discours de Sayyed Nasrallah dans la banlieue sud de Beyrouth, 3 mars 2004, An Nahar, 4 mars 2004, p. 6.
66. « J’invite l’Umma à s’intéresser à nouveau à la Palestine. Parmi les objectifs des Américains au niveau de la focalisation de l’attention sur l’Irak figure le fait qu’ils veulent faire oublier la Palestine », Sayyed Nasrallah. Voir An Nahar, 14 septembre 2002, p. 6.
67. Exception faite de l’insurrection sadriste (que le Hezbollah soutiendra dans ses médias sans pour autant heurter les orientations « pacifistes » des autres parties chiites irakiennes), restée limitée dans le temps.
68. A la suite d’une médiation allemande (qui a duré plus de 3 ans), plus de 400 prisonniers palestiniens, libanais et arabes furent relâchés en échange de la libération d’un colonel de réserve israélien et la restitution par le Hezbollah des dépouilles de 3 soldats de Tsahal.
69. Voir Bayram I., « “Hizbullah” wa marhalat mâ baada ightiyâl Yassin », An Nahar, 31 mars 2004, p. 4.
70. Voir « Quelle est la stratégie du Hezbollah ? », Extraits de « Israel/Palestine/Lebanon : Climbing out of the abyss », Crisis Group Middle East Report, 25 juillet 2006, publiés dans Esprit, octobre 2006, pp. 22-27. Le 29 août 2006, Sayyed Nasrallah déclarera à la chaîne locale New TV : « Si j’avais été au courant - ne serait-ce qu’à 1 % - que l’opération de kidnapping allait aboutir à une guerre de cette ampleur, alors, catégoriquement, nous ne l’aurions pas fait pour des raisons humanitaires, éthiques, militaires, sociales, sécuritaires et politiques ».
71. Le Hamas souhaitant obtenir par le biais d’un échange la libération d’un millier de prisonniers palestiniens parmi les 10 000 détenus en Israël.
72. La proximité d’un tel accord à l’époque et l’effet de l’opération du Hezbollah l’ajournant sine die sont mentionnés dans le Crisis Group Middle East Report, op. cit.
73. Nous ne sommes pas ici dans un jeu de « boules de billard » purement inter-étatique (Voir Wolfers A., Discord and Collaboration : Essays on International Politics, Baltimore, The John Hopkins University Press, 1962), dans le sens où le jeu des acteurs non étatiques participe tout autant à la dynamique du rapport de force régional. Si ce jeu peut être plus ou moins contrôlé par certains Etats (à travers une certaine ascendance « réaliste » sur des groupes comme le Hezbollah), il faut garder à l’esprit qu’il peut simultanément marquer une grave crise d’autorité dans d’autres (comme le Liban), mais aussi échapper totalement au contrôle des Etats supposés forts (Iran, Syrie) dans d’autres cas de figure (impliquant d’autres acteurs « libres de souveraineté »).
74. Entretien avec Waddah Charara, août 2004.
75. Nous sommes en présence ici d’un penetrative process : « A penetrative process occurs when members of one polity serve as participants in the political process of another. That is, they share with those in the penetrated polity the authority to allocate its values », Rosenau J., op. cit., p. 46.
76. Voir note n°41.
77. Voir Rougier B., « L’islamisme sunnite au Liban face au Hezbollah », in Mermier F., Picard E. (dir.), Liban, une guerre de trente-trois jours, Paris, La Découverte, 2007, pp. 111-119.
78. Voir Naoum S., « ’Amaliyat “Hizbullah” : as’ila wa khulâsât », An Nahar, 13 juillet 2006, p. 2. Sur fond d’un profond état de divergence entre les orientations des grands partis sunnites et chiites au Liban, et selon une information du quotidien As-Safir du 10 avril 2006 (confirmée par le Hezbollah), neuf individus (apparemment proches idéologiquement des milieux salafistes radicaux) auraient été arrêtés le 13 mars 2006 pour avoir planifié d’assassiner Sayyed Nasrallah.
79. Voir Maïla J., « Le Liban après la guerre », Esprit, octobre 2006, p. 21.
80. Ce n’était pas la première fois que la mouvance zarkawiste postulait pour un tel rôle. Le 29 décembre 2005, « Al Qaïda en Irak » revendiquait des tirs de roquettes contre l’Etat hébreu à partir du territoire libanais (survenus la veille et dont le Hezbollah ainsi que des factions palestiniennes ont nié en être responsables). Cette affaire reste énigmatique vu qu’il est difficile de croire qu’Al Qaïda (et surtout sa branche irakienne) pouvait opérer à partir d’une zone contrôlée par le Hezbollah. A cet égard, Damas (miroitant l’épouvantail d’Al Qaïda en tant que moyen pour pousser l’Etat hébreu à souhaiter un « retour aux affaires » de la Syrie au Liban, ou du moins à engager des discussions informelles avec elle) n’est peut-être pas étrangère à cette histoire.
81. Un bilan dont Israël ne peut pas se prévaloir.
82. Voir Jervis R., Perception and Misperception in International Politics, Princeton, Princeton University Press, 1976.
83. Voir Maïla J., op. cit., p. 21.
84. Voir Telhami S., « Hezbollah’s popularity exposes Al-Qaeda’s failure to win the hearts », San José Mercury News, 30 juillet 2006.
85. Cette hypothèse peut être corroborée par des propos tenus par Ben Laden en 1996 : « On ne peut repousser l’envahisseur qu’avec l’ensemble des musulmans, ces derniers doivent donc ignorer ce qui les divise, provisoirement, car fermer les yeux sur leurs divisions ne peut pas être plus grave que d’ignorer l’impiété capitale qui menace les musulmans ». Voir Kepel G., Milelli J-P. (dir.), op. cit., p. 55.
86. La branche irakienne d’Al Qaïda ne sera pas, quant à elle, disposée à accorder le moindre crédit aux « chiites libanais ». Abou Hamza al Mouhajer (successeur de Zarkawi) publicisera sur un site salafiste jihadiste une bande sonore le 10 novembre 2006 s’attaquant avec véhémence à l’Iran, au Hezbollah et à la Syrie. AFP, le 17 novembre 2006.

Rayan Haddad - Cultures & Conflits, Sociologie politique de l’international, n°66 - Eté 2007


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