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Iran : les perspectives d’Armageddon

jeudi 9 août 2007 - 15h:25

Abbas Edalat et Mehrnaz Shahabi - The Guardian

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La logique qui défend les atrocités nucléaires du passé est actuellement utilisée pour soutenir le projet d’attaque contre l’Iran.

Il est terrifiant, bien que non surprenant, de lire le meneur d’idées néoconservateur Oliver Kamm (écrivain et chroniqueur britannique, il est partisan de l’interventionnisme à l’étranger. Ndt.) soutenant dans ces mêmes pages (dans un article daté du 6 août intitulé ?Terrible, mais pas un crime’) que les bombes atomiques qui ont ravagé Hiroshima et Nagasaki il y a 62 ans ont sauvé des vies et mis un terme à des souffrances.

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Hiroshima : 6 août 1945 (délibérément vers midi, heure de sortie des bureaux et des écoles) - Environ 140.000 personnes furent tuées sur le coup ou moururent durant les mois suivant le bombardement. Trois jours plus tard, un autre avion américain lança une bombe au plutonium sur la ville de Nagasaki, faisant quelque 80.000 morts.

Le thème sous-jacent est évident. Le même camp dont la vigoureuse approbation a mené à la catastrophe en cours en Irak est maintenant en train de tourner ses regards bellicistes vers l’Iran. La même logique absurde et dangereuse qui défend les atrocités nucléaires de 1945 peut maintenant être utilisée pour soutenir l’utilisation préventive des armes nucléaires contre l’Iran - menace qui à son tour rend l’idée d’une attaque conventionnelle plus acceptable.

Maintenant, plus que jamais, nous devons être clairs dans notre position morale : comme Mohamed Elbaradei, le chef de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique l’avait dit, la simple possession des armes nucléaires aujourd’hui devrait être considérée avec la même condamnation et la même horreur que quand nous regardons l’esclavage et le génocide dans notre monde moderne et civilisé.

Etonnamment, la catastrophe en Irak a échoué à refroidir la clique belliciste à la Maison Blanche. Il est improbable que l’arrivée hier d’une équipe de l’AIEA à Téhéran dissuade les partisans d’une frappe, nucléaire ou conventionnelle. Un tel assaut serait une violation flagrante du traité de non-prolifération nucléaire, mais ça ne serait pas la première fois que les Etats-Unis dédaigneraient l’accord de 1968.

Le traité oblige les états nucléarisés de poursuivre des négociations de bonne foi pour l’arrêt de la course vers les armements nucléaires et pour le désarmement. Il garantit de l’aide aux états non-nucléaires pour accéder au savoir-faire et à la technologie nucléaire pacifique.

Les cinq premiers états nucléaires ont tous violé le traité pour avoir échoué à prendre des mesures effectives en faveur du désarmement. Les Etats-Unis ont systématiquement enfreint le traité dans les années 1980 et 1990 en exerçant, avec succès, des pressions sur les états et les entreprises d’occident, tout comme sur la Chine et la Russie, pour ne pas entamer de collaborations dans le domaine nucléaire avec l’Iran - qui en tant que signataire du traité fut autorisé depuis 1970 à recevoir matériel, technologie et information pour l’usage pacifique de l’énergie nucléaire.

Ceci a finalement conduit l’Iran, après le bombardement par Israël en 1981 de la centrale nucléaire irakienne Osirak, à avoir recours au marché noir pour poursuivre son programme nucléaire. La dissimulation partielle qui s’en suivit des activités nucléaires de l’Iran a soulevé des suspicions occidentales concernant ses ambitions nucléaires, mais il est rare que la présentation des médias fasse référence au contexte dans lequel a pris place le recours au marché noir. Il est aussi rare de voir mentionné le fait que l’AEIA n’a pas trouvé de preuve d’un programme d’armement [nucléaire] après plus de 2200 heures d’inspections impromptues des sites nucléaires iraniens.

Contrastant fortement avec les suspicions occidentales vis-à-vis de l’Iran, le programme nucléaire tout à fait concret en Israël a été largement sponsorisé par les gouvernements de la France, la Grande-Bretagne et des Etats-unis. Ils ont activement soutenu le développement israélien d’un arsenal estimé à plus de 200 ogives. C’est un programme d’armements que Tel Aviv est déterminé à maintenir dans le secret. Mordechai Vanunu a subi une peine de 18 ans de prison, dont 12 ans en isolement carcéral, pour avoir parlé en public en 1986 de la possession d’armes nucléaire par Israël. Le mois dernier, il a été condamné à six mois supplémentaires de prison pour avoir parlé à des étrangers.

Même si l’Iran autorise de nouvelles inspections avec l’AEIA, le risque d’une attaque militaire sur ses sites nucléaires demeure élevé. La menace israélienne de déployer des armes nucléaires de destruction de bunkers afin de détruire le potentiel d’armes iranien, est conforme avec la stratégie de 2006 de sécurité nationale des Etats-Unis, et de la doctrine du Pentagone pour les opérations nucléaires communes qui justifient l’usage des armes nucléaires tactiques comme une « force de dissuasion » contre des états ne disposant pas d’armes nucléaires. Le comble de l’ironie est que le principal violeur du traité, les Etats-Unis, et la seule et non-signataire puissance nucléaire de la région, Israël, considèrent les frappes nucléaires sous prétexte de la limitation nucléaire.

L’année dernière, on a interrogé John McCain — un candidat républicain à la candidature présidentielle et un défenseur de la nécessité de garder l’option militaire contre l’Iran sur la table — sur ce que pourraient être les conséquences d’une attaque contre l’Iran. Sa réponse était seulement un mot : « Armageddon ». Après trois guerres destructrices menées par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et Israël depuis le 9/11, la perspective d’une guerre catastrophique contre l’Iran plane sur la région.

Tandis que le monde se souvient d’Hiroshima et Nagasaki, une déclaration internationale approuvée par des dizaines des principales organisations pour la paix, anti-nucléaires et communautaires en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et en Israël, ainsi que par cinq prix Nobel, appelle pour un Moyen-Orient sans armes de destruction massive.

Israël pourrait apporter un grand service à la région en annonçant immédiatement qu’il est disposé à démanteler son arsenal nucléaire.

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Abbas Edalat


* Abbas Edalat est professeur de sciences informatiques et de mathématiques à l’Imperial College de Londres et fondateur de la Campagne contre les Sanctions et l’Intervention militaire en Iran.


* Mehrnaz Shahabi est le rédacteur en chef de la campagne www.campaigniran.org


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7 août 2007 - The Guardian - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.guardian.co.uk/commentis...
Traduction de l’anglais : I.A


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