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Les Etats-Unis veulent armer leurs alliés du Moyen-Orient contre l’Iran

mercredi 1er août 2007 - 06h:39

Corine Lesnes - Le Monde

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Est-ce bien le moment de livrer des armes supplémentaires aux pays du Moyen-Orient ? A peine annoncé, le projet de l’administration Bush de vendre en dix ans pour 20 milliards de dollars (14,6 milliards d’euros) d’équipements militaires à l’Arabie saoudite et à cinq autres pays du Golfe se heurte aux réticences d’une partie du Congrès.

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Condoleezza Rice et Robert Gates (Ph. Landel Ngan/AFP Archives)

Le plan a été présenté à certains parlementaires la semaine dernière, en prélude à la réunion que doivent tenir, mardi 31 juillet à Charm el-Cheikh (Egypte), le ministre de la défense Robert Gates et la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice avec leurs homologues d’Egypte, d’Arabie saoudite, et des cinq autres pays arabes dits modérés. Pays avec lesquels Washington a entrepris de consolider un bloc susceptible de faire contrepoids à l’influence de l’Iran (Qatar, Bahrein, Koweït, Oman, Emirats arabes unis). Un deuxième volet prévoit une augmentation spectaculaire de l’aide militaire à Israël (+ 25 % selon le premier ministre, Ehoud Olmert). L’aide à l’Egypte atteindrait 13 milliards de dollars en dix ans. Compte tenu de l’importance des contrats en jeu, la loi impose au gouvernement d’avoir l’aval du Congrès. Parmi les armes destinées à l’Arabie saoudite figurent des missiles air-air, des navires de guerre et des JDAM (Joint Direct Attack Munitions) qui transforment les bombes classiques en armes guidées de précision.

Obtenir des concessions

L’administration Bush espère ainsi augmenter les capacités de défense de ses alliés sunnites du Golfe. Ceux-ci sont inquiets de voir l’Iran dominer la région en cas de retrait américain d’Irak, surtout dans l’hypothèse où il parviendrait à se doter d’une capacité nucléaire. A court terme, les Etats-Unis espèrent aussi encourager Riyad à soutenir le gouvernement irakien de Nouri Al-Maliki, bien qu’il soit dominé par les chiites.

A la veille du déplacement de M. Gates et Mme Rice, qui doivent se rendre à Djeddah après Charm el-Cheikh, les responsables américains ont fait publiquement part de leurs critiques. "L’Arabie saoudite et un certain nombre d’autres pays ne font pas tout ce qu’ils peuvent pour nous aider en Irak, a déclaré, dimanche 29 juillet, l’ambassadeur américain à l’ONU Zalmay Khalilzad sur CNN. Parfois, non seulement ils ne nous aident pas mais ils sapent nos efforts pour faire des progrès."

Le président démocrate de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, Tom Lantos, s’est déclaré opposé à livrer des armes sans obtenir de concessions de l’allié saoudien, comme par exemple une contribution à la prise en charge des réfugiés irakiens qui se massent en Jordanie, ou l’engagement de ne plus tenter de réconcilier le Mouvement de la résistance islamique (Hamas) et le Fatah palestiniens comme le roi Abdullah l’a fait en mars. Du Qatar, il souhaiterait obtenir une modération du rôle de la télévision Al-Jazira dans la région.

Deux autres représentants démocrates, Anthony Weiner et Jerrold Nadler, ont également fait part de leur intention de bloquer la vente des armements, en rappelant que 15 des 19 auteurs des attentats du 11-Septembre avaient la nationalité saoudienne. "L’Arabie saoudite ne devrait pas bénéficier d’une once de soutien militaire américain tant qu’elle ne dénoncera pas sans équivoque le terrorisme et ne prendra pas des mesures concrètes pour l’empêcher", ont-ils déclaré. Le fait d’annoncer de telles ventes d’armes - le montant le plus important de la présidence de George Bush - dans une région considérée comme une poudrière a fait sursauter plus d’un expert à Washington, où l’on craint qu’une telle démarche aboutisse, de fait, à renforcer la position du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, dans son pays.

Les experts relèvent qu’en Irak aussi les Américains arment les chefs tribaux sunnites, pour peu qu’ils acceptent de se retourner contre Al-Qaida. Selon l’Associated Press (AP) à Bagdad, M. Maliki a eu de vifs échanges avec le général David Petraeus à ce sujet. Il aurait agité la menace d’armer les milices chiites pour faire contrepoids.

Condoleezza Rice veut contrer les influences "négatives" d’Al-Qaida, du Hezbollah et de l’Iran

(Avec AFP) - La secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, a précisé et justifié, lundi 30 juillet, les nouveaux contrats d’assistance militaire avec les pays du Golfe, Israël et l’Egypte, estimant que c’était un moyen de contrer les influences "négatives" d’Al-Qaida, du Hezbollah, de la Syrie et de l’Iran. Cette mesure "permettra de soutenir les partisans de la modération" ainsi que "notre engagement diplomatique continu dans la région" a poursuivi Mme Rice, qui s’apprêtait à quitter les Etats-Unis pour une tournée au Proche-Orient avec le secrétaire à la défense, Robert Gates.

Corine Lesnes, correspondante du Monde à Washington, le 30 juillet 2007

"L’aide militaire au Proche-Orient fera reculer Al Qaïda", dit Rice

Shannon, Irlande - La secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice a pris la direction du Proche-Orient en emportant d’importants contrats d’armement qui, a-t-elle assuré, permettrons de combattre l’influence d’Al Qaïda, du Hezbollah libanais, de la Syrie et de l’Iran dans la région.

Accompagnée du secrétaire à la Défense Robert Gates, Rice est d’abord attendue en Egypte et en Arabie saoudite, deux des principaux bénéficiaires de cette aide militaire, qu’elle s’efforcera d’associer au processus de stabilisation de l’Irak.

"Il ne s’agit pas d’une contrepartie. Nous coopérons avec ces Etats pour lutter contre l’extrémisme" islamiste, a assuré la secrétaire d’Etat s’adressant à la presse lundi avant de quitter Washington. "Nous avons tous le même intérêt à voir émerger un Irak stable, capable de se défendre par lui-même, de défendre son nouveau système politique et d’assurer sa cohésion", a-t-elle poursuivi lors d’une escale sur l’aéroport de Shannon, en Irlande, où son avion a fait le plein de carburant. "Ces mesures permettront de soutenir les partisans de la modération et, dans le cadre d’une stratégie plus large, contribueront à lutter contre les influences négatives d’Al Qaïda, du Hezbollah, de la Syrie et de l’Iran."

A l’annonce de cette aide, Téhéran a accusé Washington de chercher à déstabiliser la région. "S’il y a une déstabilisation de la région, elle est à mettre au passif du régime iranien", a rétorqué Rice, assurant qu’il n’était pas question pour les Etats-Unis de modifier l’équilibre des forces ou de lancer une nouvelle course aux armements. "Il n’y a rien de neuf dans le fait que les Etats-Unis coopèrent avec leurs alliés dans le domaine de la sécurité. Nous sommes également déterminés à entretenir l’équilibre des forces, les équilibres militaires et stratégiques (...)", a-t-elle ajouté.

Outre l’Egypte et l’Arabie saoudite, pour lesquels le département d’Etat a déjà fixé le montant des contrats d’armement, cinq autres monarchies du Golfe - Bahreïn, le Koweït, le Qatar et les Emirats arabes unis - devraient bénéficier de l’assistance de Washington.

Le gros de cette aide ira à Israël, qui voyait d’un mauvais oeil l’important projet de vente d’armes à l’Arabie saoudite. "Cela représente une hausse de 25% de l’aide militaire des Etats-Unis à Israël. J’estime qu’il s’agit d’une amélioration significative et importante", s’est félicité dimanche le Premier ministre israélien, Ehoud Olmert.

Deuxième bénéficiaire du plan américain, l’Egypte est sur le point de signer un contrat d’assistance militaire d’un montant de 13 milliards de dollars sur dix ans. Il s’agit de renforcer sa capacité "à répondre à des objectifs stratégiques communs", a précisé Rice.

Le contrat saoudien prévoit, lui, une modernisation des systèmes balistiques et de l’aviation du royaume, ainsi qu’un renforcement de ses capacités navales, a indiqué le secrétaire d’Etat adjoint, Nicholas Burns. Le montant de ce programme, ajouté à celui des autres Etats du Golfe, avoisine les 20 milliards de dollars sur dix ans, a ajouté Burns.

Avant d’être officialisé, le projet devra être approuvé par le Congrès. Députés et sénateurs feront probablement preuve de scepticisme quant au contrat avec l’Arabie saoudite, dont la coopération en Irak est jugée insatisfaisante.

Attendus mardi à Charm el Cheikh, Rice et Gates rencontreront leurs homologues égyptien et jordanien, ainsi que les représentants du Conseil de coopération du Golfe, qui réunit les émirats de Bahreïn, du Qatar et du Koweït, le sultanat d’Oman, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Ils prendront ensuite la direction de l’Arabie saoudite, où le roi Abdallah les recevra à dîner, avant de poursuivre leur visite séparément mercredi. La secrétaire d’Etat se rendra en Israël et en Cisjordanie avant de regagner les Etats-Unis jeudi.

Sue Plemming, Reuters, le 31 juillet 2007

La Ligue arabe favorable à une conférence sur le Proche-Orient

Le Caire - A l’exception de la Syrie, qui a exprimé des réserves, les Etats membres de la Ligue arabe ont apporté leur soutien lundi à la proposition de George Bush, qui souhaite réunir à l’automne une conférence internationale sur le Proche-Orient.

A l’issue de huit heures de discussions au Caire, les ministres des Affaires étrangères de la Ligue se sont dit favorables aux "éléments positifs" du discours du 16 juillet, dans lequel le président des Etats-Unis a proposé la tenue de cette conférence.

Toutes les parties concernées doivent toutefois y être représentées et elles doit permettre une relance des discussions entre Israël et ses voisins sur la base des précédentes négociations, ont-ils soulignés, exigeant implicitement la participation de Damas et la reprise des négociations israélo-syriennes au point où elles sont restées en 2000.

"La paix n’est pas possible sans retrait du territoire syrien, toutes les parties doivent donc être présentes", a déclaré Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe.
"Tout rassemblement international doit être exhaustif, sérieux et l’ordre du jour doit être établi avec soin. Il doit regrouper tous ceux qui sont impliqués dans le conflit et le calendrier doit être défini", a-t-il insisté.

S’adressant à la presse, Youssef Ahmed, ambassadeur de Syrie auprès de la Ligue, a en revanche estimé que la priorité était de réconcilier les Palestiniens, dont les affrontements ont conduit à la partition de la bande de Gaza, aux mains des islamistes du Hamas depuis le 14 juin.

"J’exprime des réserves quant à l’accueil réservé à ce qui a été présenté comme une initiative du président George Bush, parce que nous, en Syrie, considérons qu’évoquer la question palestinienne dans cette situation de schisme reviendrait à tuer la cause palestinienne", a-t-il ajouté.

Reuters, le 31 juillet 2007

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