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Quelques conseils à Tony Blair

samedi 28 juillet 2007 - 06h:28

Ahmed Yousef - The Guardian

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Il y a de cela vingt ans, Ronald Reagan s’était placé face à la port de Brandebourg en Allemagne et avait imploré Mikhael Gorbatchev « de mettre ce mur par terre », faisant référence au mur séparant Berlin-ets de Berlin-ouest.
On peut se demander si Blair saura faire la même chose face au mur israélien [en Cisjordanie], et s’il aura le même courage que l’ancien président américain Jimmy Carter qui a dénoncé les checkpoints — plus de 160 rien qu’en Cisjordanie - comme plus répressifs pour les déplacements que ne l’était le système d’Apartheid en Afrique du Sud.

La première visite de Tony Blair dans la région cette semaine comme envoyé du Quartet - les Etats-Unis, la Russie, les Nations Unies et l’Union Européenne - soulève un certain nombre d’interrogations.

Va-t-il se référer aux statistiques de B’Tselem montrant que les forces israéliennes ou des civils ont assassiné 4139 Palestiniens depuis l’année 2000 ? (Personne n’est exempt de critique, les Palestiniens ayant causé la mort de 1023 israéliens dont un tiers de militaires.)

Va-t-il relever le fait que d’obscures groupes [Fatah al Islam] qui augmentent la misère des réfugiés au Liban ne trouveraient aucun refuge si les Palestiniens de la Diaspora disposaient du droit de retourner chez eux, alors qu’Israël cherche de nouveaux citoyens juifs à travers l’ « aliyah », ou Loi du retour ?

Va-t-il mentionner le fait que la libération par Israël de 250 prisonniers appartenant au Fatah ne peut en rien dissimuler le fait qu’il y a encore plus de 10 000 prisonniers politiques palestiniens dont plus de 2000 emprisonnés sans charge ni procès, en violation de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, la Quatrième Convention de Genève, la Charte des Nations Unies et de nombreuses résolutions de l’ONU ?

Nous attendons peu de discussion sur les questions substantielles qui hantent la région depuis 1948 - seules les questions idéologiques préoccupent les pouvoirs occidentaux depuis 2006, après qu’un mouvement islamique ait remporté de façon inattendue une élection populaire dans le cadre d’élections démocratiques.

Nous nous préparons cependant à assister à un jeu épique dans lequel Tony Blair, tel un cheval de Troie, entrera chez nous portant ostensiblement des présents (de l’aide financière, des garanties bancaires, des engagements en équipements et conseillers, des lettres diplomatiques de reconnaissance) destinés à un prétendant contesté au trône, Salam Fayyad, et à ses vizirs appointés dans la principauté de Cisjordanie.

Nous avons néanmoins quelques conseils à donner qui peuvent aider Tony Blair à recentrer son énergie pour une véritable mission de paix.

Tout d’abord, respecter l’intégrité du processus électoral palestinien !

Mahmoud Abbas a fait une curieuse tentative de vouloir ressuciter le Comité Central de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) qui était en sommeil depuis 10 ans. L’objectif est d’aider la faction du Fatah dans ses manoeuvres pour détruire la démocratie palestinienne ; jusqu’à aujourd’hui le comité ne comprend pas parmi ses membres ce qui est aujourd’hui le principal parti politique [le Hamas] et ne dispose d’aucun mandat constitutionnel — ce comité n’a été mis en place par aucune élection populaire — et les décrets qui en sortent n’ont aucune légitimité constitutionnelle.

La Loi fondamentale est claire : le président n’a pas le droit de démettre le gouvernement qui est constitutionnellement en place jusqu’au 25 janvier 2010. De façon similaire, bien que le Hamas ait boycotté les élections présidentielles de 2005, il n’a jamais tenté d’usurper le poste de Mahmoud Abbas ; et celui-ci restera en place jusqu’au 15 janvier 2009. Donc le moment de soutenir légalement des candidats est au moins à une année devant nous.

En second lieu, séparer les contraintes politiques de l’aide financière. Il ne peut y avoir aucune excuse civilisée pour pratiquer le terrorisme économique avec pour but d’écraser par la famine la volonté d’une nation qui veut choisir sa direction. Si alléger la douleur de l’ensemble des Palestiniens est vraiment l’objectif, alors le transfert des fonds devrait seulement être bloqué dans les cas de corruption avérée et non par caprice politique ; et même l’UNRWA a identifié dès 1993 le Hamas comme étant la seule source digne de confiance pour distribuer l’aide.

Troisièmement, représenter avec impartialité les préoccupations de toutes les parties en conflit. Nous sommes disposés à écouter ce que les Israéliens souhaitent discuter ; et, en retour, nous nous attendons à ce que les quatre questions fondamentales pour notre peuple — les colonies, la souveraineté, les réfugiés, et Jérusalem — soient traitées dans le cadre d’un accord durable négocié durant une trêve renouvelée.

Le Premier Ministre élu travaillera avec la communauté internationale pour faire avancer la cause de la paix ; et si Blair est le représentant unanime [de cette communauté], il aura alors une audience garantie. Sinon il fera bien de se rappeler que la Parlement Palestinien est un endroit professionnel et que les mascarades ne sont pas les bienvenues.

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Ahmed Yousef - Photo : Ma’an Images

* Ahmad Yousef est conseiller politique d’Ismaïl Haniyah.

Du même auteur :

- Gaza n’est pas l’Algérie
- Engagez-vous avec le Hamas !

24 juillet 2007 - The Guardian - Vous pouvez consulter cet article à :
http://commentisfree.guardian.co.uk...
[Traduction : Info-palestine.net]


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