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Complications aux check-points

lundi 11 décembre 2006 - 19h:28

Dr Bill Dienst (USA)

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La stratégie d’ensemble du système de check-points en Cisjordanie est la suivante : les Israéliens sont relativement souples pour les déplacements qui éloignent de Jérusalem et la Ligne d’armistice de 1948, alors qu’ils sont beaucoup plus durs pour les retours vers Jérusalem.

De Salfit à Naplouse, de Naplouse à Jénine, de Jénine à Ramallah et puis, passer Kalandya vers Jérusalem

9 novembre 2006 - Salfit, région de Naplouse

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Les chiroutes de Naplouse doivent s’arrêter de ce côté-ci au check-point Iba où la circulation est bloquée.

Salfit est une très belle région de la Palestine malgré toute la tristesse de l’énorme colonie d’Ariel. Ariel, comme beaucoup d’autres colonies plus petites avec leurs routes, a réussi à couper le chemin de Salfit vers la Vallée du Jourdain.

Le nord de la Cisjordanie est maintenant séparé du centre. Il y a, en Cisjordanie, 4 bantoustans plus petits au lieu de trois plus grands. Au total, il y a maintenant 5 bantoustans palestiniens si vous incluez Gaza. Chacun étant complètement encerclé par des check-points israéliens, sous le contrôle aérien, maritime et terrestre d’Israël. Si c’est ce que Bush et Olmert entendent par « Etat palestinien », il n’est absolument pas viable.

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Le village de Magdal Beni Fadel surplombe la Vallée du Jourdain.

Nous commençons la journée dans le village de Magdal Beni Fadel, 2 500 habitants, qui donne sur la Vallée du fleuve du Jourdain. Nous pouvons aisément voir le royaume hachémite de Jordanie sur l’autre versant. En contrebas, nous voyons des colonies israéliennes et des fermes collectives qui couvrent maintenant plus de 90 % de la terre cultivable de la Vallée du Jourdain.

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Un médecin de l’unité mobile de soins dans le village de Majdal Beni Fadal.

Dans notre clinique improvisée, l’unité mobile de soins de Salfit arrive à accueillir plus de 80 patients par jour. Le Dr Hazem Bozeeyah fait la majeure partie du travail, et moi, je fais plus du journalisme et de la documentation.
Nous recevons un jeune homme qui habite ici mais qui va à l’université Najah à Naplouse. Il venait de Naplouse jusqu’ici en passant par le check-point d’al-Huwaida quand il a été frappé à la tête à coups de bâton par la police des frontières israélienne. Il me laisse photographier ses blessures au cuir chevelu mais pas sur le visage.

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Un jeune garçon à l’unité mobile de soins dans le village de Majdal Beni Fadal.

Il me faut rentrer à Salfit et je dis au revoir, les larmes aux yeux, à mes collègues d’ici, du PMRS (Palestinian Medical Relief Society) du district de Salfit. Ils m’ont tellement appris pendant les 4 jours où j’ai été ici. Maintenant, je dois passer le check-point d’Huwaida qui est sur ma route pour Naplouse.

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Une ambulance de l’unité mobile de soins dans le village de Majdal Beni Fadal.

Le taxi collectif qu’on appelle « chiroute » quitte le centre de Salfit pour Naplouse. D’abord nous devons passer les check-points de Zatara et de Yitzhar, ce n’est pas une affaire. La stratégie d’ensemble du système de check-points en Cisjordanie est la suivante : les Israéliens sont relativement souples pour les déplacements qui éloignent de Jérusalem et la Ligne d’armistice de 1948, alors qu’ils sont beaucoup plus durs pour les retours. C’est-à-dire que les retards, les complications ont tendance à devenir plus importants quand vous vous revenez dans la direction de Jérusalem.

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Check-point Zatara. Nous le contournons en prenant des chemins de traverse.

Les chiroutes s’arrêtent à l’énorme check-point d’al-Huwaida qui contrôle tout ce qui rentre et sort de Naplouse. Nous descendons et marchons avec nos sacs pendant 200 mètres à travers un passage couvert et étroit pour retrouver d’autres chiroutes qui attendent de l’autre côté ; nous payons quelques shekels de plus pour le reste du chemin jusqu’à Naplouse. Nous passons par le camp de Balata, lieu de tant de violences commises par les FOI (forces d’occupation israéliennes) et la résistance du secteur ces dernières années. Le second chiroute nous laisse dans le centre de Naplouse. C’est un endroit exposé. Les FOI entrent ici la nuit, souvent vêtues comme des arabes, et essaient de provoquer des troubles. Les jeunes de la vieille ville sont endurcis, dégourdis, blasés à leur égard, ça se voit dès le début.

Je suis prévenu qu’il faut faire attention et je reste à l’intérieur après 10 h du soir car il y a souvent des fusillades dans la rue et les gens se font prendre entre deux feux. On me conseille de dire que je suis Canadien quand je suis dehors. C’est moins choquant pour la réalité dont souffrent les gens que de faire partie des contribuables qui financent toute cette oppression qui s’abat maintenant sur Naplouse.

11 novembre 2006 - de Naplouse à Jénine

Il faut seulement 2 shekels et demi pour aller du centre de Naplouse au check-point de Beit Iba, sur la route de Jénine. Mais quand nous y arrivons, oh, quelle pagaille ! L’endroit est bloqué dans les deux sens. Nous descendons du chiroute et marchons pendant 300 mètres, passant un tourniquet et un boyau pour arriver à des soldats des FOI qui contrôlent les cartes d’identité de tout le monde et mon passeport.

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Circulation des ambulances entravée à Beit Iba.

Une fois du côté de Jénine, nous devons attendre un moment. Il a plu très fort ces derniers jours et l’eau a érodé l’aire du parking des chiroutes sur ce côté. Nous attendons qu’un bulldozer colmate l’érosion, les véhicules y compris ceux du Croissant Rouge et les ambulances des Nations unies qui essayent de traverser vers Naplouse sont obligés d’attendre.

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Réparation du parking du check-point, provoquant une agitation.

En fin de compte, l’espace parking est consolidé et nos chiroutes reprennent la route vers Jénine. Environ 10 minutes plus tard, notre chauffeur quitte la route bitumée et se lance dans un chemin boueux qui montent vers les collines avec les autres véhicules et chiroutes et nous contournons le check-point de Jeba’a. Juste avant Jénine, nous passons un check-point mobile à Araba. Des soldats arrêtent et passent les menottes à un homme tout près de nous.

13 novembre 2006 - de Jénine à Ramallah, et vers Jérusalem

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Le véhicule de l’homme arrêté par les FOI au check-point Arabi à l’entrée de Jénine.

Après 2 jours à Jénine, il est temps de revenir à Ramallah, puis Jérusalem ce soir car je dois me rendre à Gaza demain. Le Dr Jameel me dit qu’avant il fallait à peine plus d’une heure pour faire les 100 km jusqu’à Ramallah. Maintenant, il faut au moins 2 heures et demi si vous avez de la chance, autrement jusqu’à 6 heures, ou plus. Il y a 7 check-points entre ici à Jénine et là où nous voulons aller à Ramallah.

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Chemins de traverse pour contourner le check-point Jaba’a.

Notre taxi collectif quitte Jénine à 8 h 45. Laissez-moi énumérer les check-points et comment nous avons fait :

  • 1) Check-point volant d’Araba, juste au sud de Jénine. Les FOI ne se montrent pas encore. On paie pour partir plus tôt. Hier, notre fourgon de l’unité mobile de soins a été bloqué pendant une demi-heure.
  • 2) Check-point de Jeba’a. Nous le contournons en passant par le village puis par des routes de derrière et évitons complètement le check-point. Ces chauffeurs de taxi sont tout le temps avec leur téléphone mobile et se donnent le truc.
  • 3) Check-point Anaab. Nous prenons un autre chemin non carrossé et le contournons également.
  • 4) Check-point Geet. Nous sommes coincés ici pendant seulement 7 minutes, les soldats contrôlent nos papiers.
  • 5) Check-point Etzar. 5 minutes seulement d’attente. Pas mauvais.
  • 6) Check-point Zatara. Nous le contournons en prenant des chemins de traverse.
  • 7) Check-point Atara. Nous faisons le tour aussi.

11 h 30 du matin. Durée totale du trajet pour Ramallah : 2 h et 45 m, je devine que c’est quasiment ce qu’on met de nos jours.

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Scène au check-point Arabi en descendant vers le sud pour essayer de revenir à Jénine avec une camionnette du centre mobile de soins, le 12 novembre.

Après des derniers préparatifs à Ramallah, je prends un taxi pour le check-point de Kalandya qui est devenu un terminal géant le long du mur qui bloque l’entrée dans Jérusalem. Mon taxi me laisse côté Ramallah et je transporte mes 4 bagages à travers 2 tourniquets et un boyau pour passer côté Jérusalem, pendant que plusieurs jeunes soldats derrière une vitre en plexiglas discutent entre eux, complètement indifférents à ma situation, comme à celles des autres. J’ai de la chance d’avoir un passeport US. Imaginez à quel point ce peut être difficile pour les natifs de Palestine qui vivent ici actuellement !

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Scène au check-point Arabi.

Je prends un car pour la Porte de Damas, à Jérusalem.

Quel parcours !


Le Dr Bill Dienst est médecin de familles et au services des urgences à Omak, Washington, USA.

depuis la Palestine occupée - Live from Palestine - 4 décembre 2006
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Photos de l’auteur ; trad. : JPP


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