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Proche-Orient : Echanges de bonnes paroles

vendredi 27 juillet 2007 - 07h:29

Monique Mas - RFI

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Mercredi, la Ligue arabe a dépêché à Jérusalem le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Aboul Gheit, et son homologue jordanien, Abdelilah Khatib, pour relancer son plan de retour aux frontières d’avant 1967 en échange d’une normalisation diplomatique avec Israël. Souhaitée par Washington et saluée par Israël comme un événement « historique », cette visite intervient alors que le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, dit avoir discuté « sérieusement » de l’avènement d’un Etat palestinien avec le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Enfin, après avoir été mardi au menu d’une rencontre à Washington entre le président américain George Bush et le roi Abdallah II de Jordanie, la recherche d’une « solution à deux Etats » sera aussi l’objet de la mission de la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, attendue le 30 juillet à Charm el-Cheikh avec le secrétaire à la Défense, Robert Gates, préoccupé, lui, par l’Irak. Le Hamas palestinien reste le grand absent de ces conciliabules.

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Tzipi Livni, la ministre israélienne des Affaires étrangères reçoit ses homologues égyptien, Ahmed Aboul Gheit (droite), et jordanien, Abdelilah Khatib (gauche).
(Photo : AFP)

« C’est la première fois qu’une délégation parrainée par la Ligue arabe arrive en Israël. C’est historique », s’est félicité mercredi matin le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères Mark Regev. Finissez-en avec « le mythe selon lequel Israël n’existe pas et envoyez des ministres en Israël ! », avait lancé la veille George Bush à son visiteur jordanien, le roi Abdallah II, venu lui vanter les avantages d’une initiative arabe qui, dit-il, « a clairement démontré la volonté des Arabes pour la paix et la coexistence avec Israël ». Pour leur part, les autorités israéliennes avaient concocté un programme bien rempli pour la visite des envoyés de la Ligue arabe, l’Egyptien Ahmed Aboul Gheit et le Jordanien Abdelilah Khatib venus promouvoir un plan de paix que le roi Abdallah d’Arabie Saoudite - prince à l’époque - avait lancé au sommet de Beyrouth en mars 2002 et réactivé à Riyad en mars dernier.

Les deux diplomates arabes ont commencé leur journée à Jérusalem par une rencontre avec l’ancien Premier ministre et chef de l’opposition du Likoud, le très intransigeant et pro-américain Benjamin Netanyahu. Avant de discuter avec leur homologue israélienne Tzipi Livni et de s’entretenir avec le Premier ministre israélien Ehud Olmert et avec le ministre de la Défense Ehud Barak, ils sont allés « tendre une main pacifique de la part de la région tout entière » au tout nouveau président, le travailliste Shimon Peres. « Il est temps pour la paix », a-t-il répondu à leurs salutations.

Une initiative arabe comme alternative à la feuille de route occidentale

Ce que les envoyés de la Ligue arabe ont rappelé au bon souvenir de leurs interlocuteurs israéliens, c’est l’initiative saoudienne prise il y a cinq ans déjà par les Etats membres et soutenue par de grands Etats musulmans comme le Pakistan ou la Turquie. Une manière de remettre sur la table une alternative arabe au programme occidental de la « feuille de route » concoctée en 2003 par le Quartet international. Ce plan de paix arabe ne remet pas en cause l’implantation territoriale de l’Etat hébreu avant 1967 puisqu’il propose d’en revenir aux frontières existant avant la guerre des Six-Jours qui a vu en particulier Israël s’emparer de Jérusalem-Est et de la bande de Gaza, mais aussi du Sinaï égyptien et des hauteurs du Golan syrien. De ce fait, il constitue une reconnaissance d’Israël.

En mars dernier, à Riyad, la Ligue arabe a réaffirmé son objectif de voir Israël accepter « un Etat palestinien indépendant et souverain établi sur les territoires palestiniens occupés depuis le 4 juin 1967 sur la rive occidentale et dans la bande de Gaza, avec Jérusalem-Est comme capitale, conformément à la résolution 1397 du Conseil de sécurité ». Sur la question du retour des réfugiés, le plan Abdallah renvoie aux résolutions onusiennes, la 194 en l’occurrence. Au Premier ministre israélien, Abdelilah Khatib a répété que « l’essence de la solution est l’établissement d’un Etat palestinien indépendant viable sur la base du concept de deux Etats et le règlement de toutes les questions en suspens ». A charge pour les parties en conflit de définir elles-mêmes les détails de leur entente. On voit mal comment les examiner de près dans la situation actuelle de partition palestinienne avec le Fatah en Cisjordanie et le Hamas dans la bande Gaza.

Comme il l’avait déjà dit en mars dernier en tiquant comme d’habitude sur la question de la restitution des territoires et du retour des réfugiés, Ehud Olmert a voulu convenir qu’il y avait des points positifs dans cette initiative arabe. Il a aussi fait savoir qu’il avait « commencé très sérieusement à parler avec Mahmoud Abbas du processus de paix et des questions qui peuvent permettre d’établir un Etat palestinien ». Cette bonne volonté affichée de négocier avec le chef du Fatah correspond au v ?u occidental, et en particulier au souhait de Washington de conforter le chef du Fatah face au Hamas islamiste qui s’est emparé de Gaza en juin dernier. De son côté, la Ligue arabe fait valoir son plan comme porteur d’une paix globale dans une région débarrassée du conflit israélo-palestinien et de ses métastases terroristes. Pour elle aussi, Mahmoud Abbas a le bon profil.

Selon Olmert, petits succès valent mieux que grands échecs

Le quotidien israélien bien informé, Haaretz, a fait état mercredi de la possibilité pour Israël de s’engager dans des négociations qui conduiraient à un « accord de principes » sur la création d’un Etat palestinien s’étendant dans la majeure partie de la Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Des « possibilités » de relance du processus de paix qui intéresseront sans doute le nouveau représentant du Quartet pour le Proche-Orient, l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair qui a écouté avec attention Ehud Olmert lui expliquer qu’il fallait souvent « mieux promouvoir de nombreuses petites choses qui peuvent réussir, plutôt que quelques grands dossiers voués à l’échec ». En la matière, nul n’ignore la répugnance du Premier ministre israélien à envisager de discuter les questions de Jérusalem-est ou du retour des réfugiés palestiniens

Visiblement, il a semblé opportun à la Ligue arabe de monter au créneau diplomatique au moment où la feuille de route internationale semble tombée en déshérence et où Israël paraît plus que jamais préoccupé par le Hamas, sur son aile palestinienne, et par le Hezbollah, sur son aile libanaise. Si les pommes de discorde ne manquent pas du côté des pays de la Ligue arabe, des possibilités de transiger subsistent quand même. A Washington, le roi Abdallah de Jordanie a « affirmé la responsabilité d’Israël à faire des avancées destinées à instaurer la confiance, notamment en mettant fin aux activités de colonisation ». Il pourra en reparler à Charm el-Cheikh la semaine prochaine avec les envoyés spéciaux de George Bush qui tient à organiser une « réunion internationale sur le Moyen-Orient », en septembre, au moment où il devra aussi rendre des comptes au Congrès sur sa désastreuse présence en Irak, principal objet de la visite proche-orientale de Gates.

De la même auteure :

- Libérations de circonstance
- Gaza se déchire

Monique Mas - RFI (Radio France Internationale), le 25 juillet 2007


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