Israël a libéré vendredi plus de 250 prisonniers palestiniens dans un geste de soutien au président Mahmoud Abbas qui a salué le "retour des héros" dans leurs foyers.

"Je remercie Dieu qui nous a honorés avec le retour des héros de la liberté dans leur foyer et au sein de leur patrie. Nous devons continuer à oeuvrer pour le retour de tous les prisonniers palestiniens", a déclaré M. Abbas lors d’une cérémonie d’accueil des détenus à la Mouqataa, son quartier général de Ramallah (Cisjordanie).

Quelque 11.000 Palestiniens sont emprisonnés en Israël.

Avant de gagner la Mouqataa, les 255 prisonniers libérés, soit un de moins que le chiffre annoncé précédemment [en principe, 256 détenus auraient dû retrouver la liberté vendredi matin, mais l’un d’entre eux, passé du Fatah au Hamas durant sa détention, a refusé de signer l’engagement écrit de renoncer à toute forme de violence. Il est donc resté au camp de détention de Ketziot (désert du Néguev)- NdR], ont été conduits à bord de bus de la prison israélienne de Ketziot, dans le désert du Néguev, jusqu’au barrage de Beitounya, à l’entrée de Ramallah. "J’ai seulement trois mots à dire : la liberté, la liberté, la liberté. Il n’y a pas plus beau que la liberté", a dit d’une voix émue le prisonnier libéré le plus en vue, Abdelrahim Mallouh, numéro deux du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) "Personne ne peut apprécier la liberté mieux que quiconque en ayant été privé", a ajouté M. Mallouh détenu depuis 2002.

Avec dix-huit ans derrière les barreaux, Mouhannad Jaradat, détenu depuis 1989 et condamné à 20 ans de prison, est le détenu qui a purgé la plus longue peine.
"Aujourd’hui je renais. Malheureusement mon père, que je rêvais de revoir, est mort alors que j’étais en prison", a-t-il confié à l’AFP dans la cour de la Mouqataa.

"Maintenant ma priorité dans la vie est de m’inscrire à l’université pour poursuivre mes études et continuer la lutte pour la libération des autres prisonniers", a ajouté Jaradat, 40 ans.

M. Abbas portait une casquette frappée du drapeau palestinien et une écharpe à damiers noirs et blancs. M. Mallouh se tenait à sa droite et le Premier ministre Salam Fayyad à sa gauche. Son allocution a été entrecoupée par des slogans à sa gloire lancés par des milliers de Palestiniens venus acclamer les détenus libérés dans une mer de drapeaux palestiniens.

Les ex-prisonniers se sont ensuite recueillis sur la tombe du chef historique de l’OLP Yasser Arafat, dans la cour de la Mouqataa, avant de participer à la grande prière collective du vendredi sus une tente. Avant la cérémonie de la Mouqataa, des centaines de Palestiniens s’étaient rassemblés à Beitounya près de la base militaire israélienne où s’est déroulé le transfert.

Des femmes ont poussé des youyous de joie à la vue des premiers bus d’ex-prisonniers. Des portraits de M. Abbas et de Yasser Arafat ainsi que les couleurs noir, blanc, vert et rouge de la Palestine ont été accrochés sur les bus qui ont conduit les détenus libérés à la Mouqataa.
Certains d’entre eux ont agité par les fenêtres un drapeau palestinien, d’autres fait le "V" de la victoire.

Portant la robe traditionnelle brodée, Halima Jomhour, 60 ans, attendait son fils Imad. Condamné à six ans et demi de prison, il en a purgé quatre. "Il avait été arrêté dix jours avant son mariage. Sa fiancée l’attend toujours et la première chose qu’on va faire c’est de les marier", dit-elle.

Le beau-père de M. Mallouh, Abdelsalam Imran, a bravé la chaleur pour venir accueillir son gendre à Beitounya avec des centaines d’autres Palestiniens.

M. Imran qui réside habituellement aux Etats-Unis passait des vacances à Ramallah. "Le hasard a voulu que je sois ici et c’est une bonne chose car à 78 ans je ne sais pas si je serai encore en vie dans deux ans", dit-il. Mallouh, condamné à sept ans de prison, ne devait être relâché qu’en 2009.

Ces libérations sont présentées par Israël comme un geste pour renforcer M. Abbas face au Hamas qui a pris le pouvoir à la mi-juin dans la bande de Gaza.

La plupart des prisonniers relâchés appartiennent à son parti, le Fatah. Six femmes et onze mineurs figurent parmi eux. 102 membres du groupe ont purgé moins de la moitié de leur peine et 61 plus des deux tiers. Aucun n’est impliqué dans des attaques ayant causé la mort d’Israéliens.

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Hossam Ezzedine - Le Courrier international, le 20 juillet 2007