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Damas prêt à négocier avec Israël si le Golan lui est restitué

vendredi 20 juillet 2007 - 06h:36

Michel Bôle-Richard - Le Monde

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A l’occasion de la prestation de serment pour son deuxième septennat, le président syrien, Bachar Al-Assad, a demandé, mardi 17 juillet, lors d’un discours devant le Parlement, "aux dirigeants israéliens de proclamer de manière officielle et claire leur désir de paix". "Nous ne pouvons engager des négociations sans savoir ce sur quoi nous négocions", a-t-il ajouté, réclamant "le retour total de notre terre".

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Le président syrien, Bachar Al-Assad, le 16 juillet (Ph. AP/B. Tellawi)

Le président Assad veut la restitution du plateau du Golan, conquis par les Israéliens lors de la guerre des Six-Jours en 1967 et annexé en 1981. Et cela, "conformément à la ligne du 4 juin", a-t-il précisé, c’est-à-dire la ligne de frontière d’avant la guerre. Cette restitution ne doit pas faire l’objet de négociations.

En revanche, le chef de l’Etat syrien est prêt à "négocier sur d’autres questions, comme les arrangements sécuritaires". A ce propos, Bachar Al-Assad a évoqué les tractations effectuées par "un pays tiers", qui est sans doute la Turquie ou l’Allemagne, afin que se noue le fil du dialogue. Mais il a refusé les négociations secrètes.

Un plateau stratégique

Ces déclarations font écho aux propos tenus par le premier ministre israélien Ehoud Olmert qui, le 9 juin, avait mis au défi le président syrien de venir négocier "partout où il le voudra". Le chef de l’exécutif israélien avait déclaré à la chaîne de télévision Al-Arabiya : "Vous avez déclaré que vous vouliez des négociations par le biais des Américains, mais comme ces derniers ne veulent pas vous parler, moi, je suis prêt à m’asseoir avec vous et à parler de paix, pas de guerre."

Pour le moment, M. Olmert n’a cependant jamais affirmé qu’il était prêt à rendre le plateau du Golan, où se sont installés 15 000 colons, et qui est considéré comme stratégique puisque ces hauteurs alimentent en partie en eau le lac de Tibériade qui fournit 40 % de l’eau potable d’Israël.

M. Olmert avait affirmé, le 26 septembre 2006 : "Tant que j’occuperai les fonctions de premier ministre, le plateau du Golan demeurera entre nos mains, car il est partie intégrante de l’Etat d’Israël." Il avait indiqué que Damas devait cesser de donner asile aux responsables politiques du Djihad islamique et du Mouvement de la résistance islamique (Hamas), et de soutenir le Hezbollah.

A plusieurs reprises, durant l’automne 2006, le président Assad avait manifesté son intention de négocier. En raison de la volonté américaine d’isoler le régime de Damas, aucun progrès n’a été effectué. Depuis, quelques mois, il semble que Washington ait davantage laissé les coudées franches à son allié israélien. La presse israélienne n’a cependant cessé d’évoquer une possible guerre avec Damas, évoquant les préparatifs de l’armée syrienne. Dernièrement, Tsahal a procédé à des exercices militaires de grande envergure sur le plateau du Golan pour respecter son grand principe : préparer la guerre pour faciliter la paix.

La rétrocession du Golan est considérée par Damas comme un préalable et une "question d’honneur et de dignité".

Au début de l’an 2000, les négociations avec le gouvernement d’Ehoud Barak étaient sur le point d’aboutir. Israël avait accepté de rendre le Golan en échange d’un traité de paix, mais l’Etat juif voulait conserver une bande d’environ 500 m de large sur la rive nord-est du lac de Tibériade, conformément à un tracé de frontière de 1923. Une rencontre avait eu lieu à Genève entre Bill Clinton et Hafez Al-Assad. Ce dernier avait refusé catégoriquement l’offre et exigé le retour aux frontières de 1967. Depuis, c’est le statu quo.


Michel Bôle-Richard, juillet 2007

Ehoud Olmert ne restituera pas le Golan à la Syrie

Tant que j’occuperai les fonctions de premier ministre, le plateau du Golan demeurera entre nos mains car il est partie intégrante de l’Etat d’Israël", a déclaré Ehoud Olmert, le chef du gouvernement israélien. Ces propos, rapportés mardi 26 septembre dans la presse israélienne, mettent un terme au débat sur la relance des pourparlers de paix avec la Syrie, évoquée depuis l’entrée en vigueur, le 14 août, du cessez-le-feu au Liban.

Selon le Yedioth Ahronoth, des contacts secrets auraient même eu lieu, fin juillet, entre des représentants des deux pays afin de sonder les intentions de chacun et d’éviter une extension du conflit. A la fin de la guerre, il est apparu que la neutralisation du Hezbollah libanais et la cessation de son approvisionnement en armes via la Syrie passaient par la reprise des négociations avec Damas.

Côté syrien, le président Bachar Al-Assad a encore récemment qualifié Israël d’"ennemi" mais, dans un entretien, paru dimanche, au magazine allemand Spiegel, il a exprimé sa volonté de faire la paix avec son voisin. "Mes espoirs de paix peuvent changer, a-t-il prévenu. Et si ces espoirs disparaissent, la guerre peut devenir la seule solution."

Pour leur part, les dirigeants israéliens n’ont pas encore manifesté de réelles intentions de renouer le dialogue. Damas est considéré comme un Etat soutenant le terrorisme, en raison de son appui au Hezbollah mais aussi parce qu’il abrite les responsables politiques du Hamas et du Djihad islamique, deux organisations palestiniennes en lutte contre l’Etat juif. M. Olmert avait récemment estimé que la Syrie ne pouvait pas être "un partenaire" pour des négociations tant que le régime baasiste soutiendrait ces organisations.

La voie vers la paix entre les deux pays passe surtout par la rétrocession à la Syrie du plateau du Golan, occupé en 1967 et annexé en 1981 par Israël. La fin de l’occupation de ce territoire est considérée par Damas comme une question d’"honneur et de dignité". Avant la conférence de Madrid, à l’automne 1991, le président syrien de l’époque, Hafez Al-Assad, avait rappelé à James Baker, alors secrétaire d’Etat américain, "qu’en 1967, 130 000 civils ont été expulsés de 139 villages et que 16 000 Syriens vivent toujours sous domination israélienne".

Cette zone permet en outre le contrôle stratégique des eaux du Jourdain. Au début de 2000, des négociations avec le gouvernement d’Ehoud Barak avaient été sur le point d’aboutir. Le président américain Bill Clinton servait alors d’intermédiaire. Israël acceptait de rendre le Golan en échange d’un traité de paix, mais voulait conserver une bande de 400 à 500 mètres sur la rive nord-est du lac de Tibériade. Une rencontre eut lieu le 26 mars 2000 à Genève entre M. Clinton et Hafez Al-Assad. Le président syrien refusa catégoriquement l’offre et exigea un retour aux frontières de 1967. Malade, il décéda trois mois plus tard.


Michel Bôle-Richard, septembre 2006

Sur le même sujet :

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Michel Bôle-Richard, correspondant à Jérusalem - Le Monde, le 18 juillet 2007 et le 26 septembre 2006


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