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Rafah aujourd’hui - 26 juin, 1er juillet

mercredi 4 juillet 2007 - 06h:08

Mohammed Omer

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La vie quotidienne en Palestine.

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Des familles de prisonniers palestiniens lancent un appel au monde pour la libération de leurs fils.

26 juin 2007

Gaza est sûre maintenant. Au moins, c’est ce que croient beaucoup de Gazans pour le moment.

Les dernières semaines sanglantes dans Gaza qui ont fait des centaines de tués et de blessés se sont achevées par le renversement du Fatah par le Hamas et la prise de contrôle par celui-ci de la bande de Gaza, y compris des groupes de sécurité. Par conséquent, selon l’opinion de nombreux Gazans, la situation a pu se stabiliser et Gaza est « plus sûre ». Un étudiant de 25 ans, de l’université de Gaza, rentrant de l’université vers son domicile, disait : « Gaza est plus sûre maintenant. Les journalistes arrivent de partout dans le monde et nous sommes tous libres d’aller dans les rues sans se faire tirer dessus. »

La plage de Gaza est bondée, les gens viennent profiter un peu de la plage, trouver un moment de répit, de paix, et oublier au moins pour un instant, les attaques quotidiennes et les expériences dévastatrices qu’ils ont vécues ces dernières semaines dans les combats entre les groupes du Hamas et ceux du Fatah.

Les agences de secours des Nations unies ont mis en garde contre une « crise humanitaire majeure » dans une bande de Gaza tenue par le Hamas, condamnée internationalement, et où les réserves de nourriture vont s’épuiser d’ici deux semaines, à moins que le blocus d’Israël sur les cargaisons ne soit levé. Comme les marchandises essentielles passent seulement au compte goutte actuellement au passage de Kerem Shalom qui n’a qu’une capacité de 15 camions/jour, il est crucial de rouvrir celui de Karni qui peut en passer 200 par jour, disent les agences onusiennes.

De nombreuses personnes ont fui Gaza, beaucoup travaillaient dans les forces de sécurité fidèles au Fatah et au Président Mahmoud Abbas. Beaucoup sont coincées au passage entre Israël et la bande de Gaza et, parmi elles, des gens coupables de meurtres commis dans le passé contre des membres du Hamas.

En attendant, la frontière de Rafah - principal passage pour les Palestiniens qui se rendent en Egypte, et le seul pour rentrer et sortir de Gaza dans des circonstances normales - est restée fermée en permanence par les forces d’occupation israéliennes. La vie continue d’être extrêmement difficile à la frontière sud de Gaza où, d’après des témoins, plus de 6 000 personnes s’entassent et attendent de pouvoir revenir. Ces gens n’ont ni nourriture, ni eau, ils souffrent énormément de la chaleur et ne reçoivent aucun soin. Ils restent à attendre de rares signes annonciateurs d’une brève ouverture de la frontière.

En violation de l’accord du 25 novembre 2005 selon lequel la frontière devait rester ouverte, le poste de Rafah, sous la surveillance d’observateurs de l’Union européenne, a été fermé la plupart du temps par Israël, sans que celui-ci ne donne aucune raison. Parmi tous ces gens qui attendent, il y a des enfants et des personnes âgées, tous ont besoin de rentrer chez eux après plus de trois semaines sans prendre de douche, forcés au surplus d’attendre dans la rue.

Israël, par lequel transitent toutes les importations et exportations, vers et depuis la bande de Gaza, a ordonné à ses agents douaniers de refuser les cargaisons après la prise de la bande de Gaza par le Hamas. Par conséquent, World Food Program a averti la semaine dernière que la bande de Gaza allait commencer à manquer de farine, de riz, d’huile pour la cuisine, et d’autres produits essentiels dans pas plus de 2 semaines, à moins qu’Israël ouvre les frontières.

Il est peu probable que le passage de Karni soit bientôt rouvert après les dégâts structurels majeurs qu’il a subis durant les pillages récents par les Palestiniens qui ont attaqué et détruit de nombreux bâtiments de l’Autorité palestinienne quand le Hamas s’est emparé des quartiers et bâtiments des forces de sécurité.

Israël veut isoler le mouvement Hamas à Gaza non seulement économiquement, diplomatiquement, mais aussi militairement, tout en permettant à des fonds et à des produits de parvenir au gouvernement d’urgence soutenu par l’Occident et les Américains et créé en Cisjordanie par le Président palestinien Mahmoud Abbas.

Haniyeh, le chef du gouvernement Hamas élu, a rejeté la demande d’Abbas pour sa démission. Lors d’une intervention à Gaza ville, il a souligné que le gouvernement d’urgence créé par Abbas n’était pas légal car il n’avait obtenu aucune approbation des membres du parlement palestinien. Il a ajouté que le droit ne permettait pas à Abbas de monter un gouvernement d’urgence sans un vote de confiance et d’approbation. Et même quand il existe un tel gouvernement légal, il ne peut durer plus de 30 jours selon la loi palestinienne.

Les USA et l’Union européenne ont séparé Gaza et la Cisjordanie. En bref, la Cisjordanie aura de meilleures conditions de vie et Gaza mourra de faim, parce que le choix de son peuple fut de soutenir le Hamas pour le pouvoir.

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Militants blessés à Gaza.
Une patrouille de la force exécutive palestinienne sur la frontière avec l’Egypte.
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Des enfants palestiniens traînent le symbole du soldat inconnu mitraillé par les militants à Gaza ville.
Des familles de prisonniers palestiniens lancent un appel au monde pour la libération de leurs fils.
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Des étudiants passent leur examen final dans les délais à Gaza.
Les secours de l’UNRWA vont manquer si la frontière reste fermée la semaine prochaine.
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Des femmes manifestent contre les combats entre Palestiniens à Rafah.
Des gamins palestiniens oublient la mort en profitant d’une relative sécurité à Gaza.
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La force exécutive à Gaza fait respecter l’ordre public à la frontière à Rafah.
Gaza après les combats entre Palestiniens.

1er juillet 2007

Etat de choc dans la Bande de Gaza : les attaques israéliennes et les fermetures de la frontière exacerbent la souffrance quotidienne.

A la frontière de Rafah, en pleine incertitude et incapables de s’installer, des Palestiniens souffrent d’un autre aspect de la politique du gouvernement israélien consistant en une punition collective à travers la fermeture des frontières, les sanctions économiques, les raids aériens et les incursions terrestres, et le contrôle strict de l’armée sur les territoires palestiniens. Ces dernières fermetures ne permettront ni la paix ni la sécurité qu’Israël prétend souhaiter. Néanmoins, Israël continue sa politique inhumaine en refusant aux Palestiniens d’accéder aux soins, à la nourriture, et de s’approvisionner à l’extérieur de Gaza, gardant en otage ces nombreux Palestiniens qui attendent maintenant depuis plus de trois semaines pour rentrer chez eux. A la frontière de Rafah, ils attendent, ils dorment et ils vivent dans la rue, la plupart n’ayant prévu de l’argent et de la nourriture que pour quelques jours d’attente, au pire.

Ainsi, des semaines plus tard ils manquent d’argent, ils n’ont ni eau pour une douche, ni nourriture pour leurs enfants. Aujourd’hui, une femme palestinienne, Taghreed Abeaed, 31 ans, est morte alors qu’elle attendait dans de très mauvaises conditions à la frontière à Rafah. Taghreed était la maman de 5 enfants et se rendait en Egypte, maintenant son corps ne peut être emmené à Gaza pour des funérailles !

« Ca fait plusieurs semaines que je ne trouve pas d’eau pour me laver » dit Umm Rami, 49 ans, coincée du côté égyptien. Elle essaie de rentrer chez elle après une opération au genou, se trouvant inopinément bloquée sans eau ni médicament. « Je n’ai aucune idée de l’endroit où je pourrais aller ; je suis seule ici avec ma petite fille, je n’ai rien - nous manquons de tout ce dont nous avons besoin : nourriture, eau, argent. Nous sommes sales et nous sentons mauvais, sans compter que nous avons faim et que nous sommes épuisées. »

Western Union et DHL ne fonctionnent plus depuis la semaine dernière, fermés parIsraël, ce qui rend impossible pour les familles tout envoi d’argent à ceux qui sont piégés aux postes frontières bondés et sans services de Gaza.

La violence tombe encore sur Gaza avec de nouvelles agressions israéliennes prolongeant les récentes attaques israéliennes dans toute la Bande de Gaza. Les chars et les bulldozers israéliens ont circulé dans Gaza ville, dans le sud de Khan Younis et au nord de Gaza, lors d’incursions simultanées lancées durant la nuit, faisant beaucoup de morts et de blessés.

Le docteur Mawia Hassanen de l’hôpital Al Shifa parle de 13 morts, dont des civils et un enfant de 9 ans lors des dernières attaques israéliennes, beaucoup sont non identifiables car défigurés et brûlés par les obus des chars israéliens. 20 autres Palestiniens ont été blessés, 7 d’entre eux sont dans un état critique.

Aggravant les souffrances à la frontière et pendant les invasions, les graves pénuries d’eau, comme dans le camp de réfugiés de Rafah, frappent durement les gens, surtout pendant ces mois d’été extrêmement chauds où les besoins en eau sont les plus grands. Aujourd’hui, c’est le 4ème jour d’un approvisionnement en eau restreint, pour boire et cuisiner, du camp Bader à Rafah.

Depuis deux jours, les raids aériens israéliens n’arrêtent pas. Des témoins de Khan Younis rapportent que le dernier raid a visé des membres du Jihad islamique, avec au moins trois roquettes, touchant un Subaru blanc, blessant des passants dans la rue et en tuant 3 d’entre eux : Mohamed Al Raie, Raed Ghannam et son cousin Zeyad Ghannam.

Alors que je suis en train d’écrire, un autre raid israélien vient de cibler une voiture, tuant trois autres Palestiniens non identifiés et en en blessant davantage. Les victimes, pour hier samedi seulement, sont au nombre de 7, sans compter les dommages civils.

Avec une bande de Gaza aussi isolée, et étant donné les attaques continues et sanglantes contre Gaza, les Gazans n’ont qu’à attendre, fatigués et apeurés, les inévitables prochaines attaques israéliennes.

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Les frontières sont fermées. Les bouteilles de gaz pour la cuisine sont stockées dans les dépôts.
Un membre de la Force exécutive patrouille à la frontière de Rafah fermée depuis de nombreuses semaines maintenant, les gens restant sans nourriture ni eau.
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Un Palestinien aide à l’évacuation des blessés par les raids aériens israéliens.
La première porte au poste frontière de Rafah du côté palestinien est fermée.
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Des enfants palestiniens jouent contre le mur de fer construit par les forces d’occupation israéliennes entre Rafah et l’Egypte.
Le Premier ministre palestinien, Ismail Haniyeh, saluant lors de son intervention à la presse à Gaza.

26 juin et 1er juillet - Rafah today - Traduction : JPP - toutes les photos sont sur le site Rafah Today.


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