Pour assurer la sécurité de la Grande-Bretagne, il ne suffit pas de changer les personnes qui sont au pouvoir, il faut changer de politique. Le commentaire du quotidien panarabe édité à Londres Al-Quds Al-Arabi.



Ces tentatives d’attentats étaient probablement destinées à faire parvenir un message au nouveau gouvernement de Gordon Brown : pour assurer la sécurité de la Grande-Bretagne, il ne suffit pas de changer les personnes qui sont au pouvoir, il faut changer de politique.

Gordon Brown

Autrement dit, afin de rétablir la sécurité dans les rues britanniques, les aéroports et autres lieux publics, il faut faire ce qu’a fait le gouvernement de José Luis Rodríguez Zapatero en Espagne après les attentats de Madrid en mars 2004 : retirer ses troupes d’Irak et se désolidariser de la politique catastrophique des Américains.

Il est trop tôt pour dire si M. Brown a compris le message ou s’il s’obstinera comme son prédécesseur Tony Blair, mais il faut saluer le fait qu’il ait nommé au poste de ministre des Affaires étrangères un homme jeune, connu pour son opposition à la guerre en Irak.

Les nombreuses arrestations qui ont touché la communauté musulmane britannique depuis le 11 septembre 2001 n’ont de toute évidence servi à rien dans la lutte contre le terrorisme. Il n’empêche que cette même communauté musulmane a été immédiatement désignée comme responsable et risque donc de faire l’objet de davantage de tracasseries et de pressions.

La stigmatisation dont elle a fait l’objet ces dernières années dans la presse et de la part de certains responsables n’a fait qu’apporter de l’eau au moulin des extrémistes, en freinant le processus d’intégration des membres de cette communauté.

Par ailleurs, il n’est peut-être pas très astucieux d’appeler les musulmans britanniques à s’associer aux forces de l’ordre dans la lutte contre le terrorisme. Ils n’ont pas à se transformer en délateurs. Les enquêtes doivent relever de la police et des services de renseignements.

Si ces derniers, malgré les énormes moyens financiers dont ils disposent et malgré les milliers de caméras de surveillance qui filment les rues de Londres, se révèlent incapables de découvrir des voitures piégées, comment peut-on alors incriminer le simple immigré musulman qui doit gagner son pain quotidien au sein d’une société qui le rejette et le tient en suspicion permanente ?

Abdelbari Atouan - Al-Quds Al-Arabi, via Le Courrier international, le 3 juillet 2007