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« Votre Palestine » ?

mardi 3 juillet 2007 - 17h:21

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Lettre adressée par Marie-Ange Patrizio à l’auteur de l’article Nostra Palestina, du samedi 23 juin 2007, à la direction de Il manifesto qui assume cet éditorial et aux journalistes.




Cet article est tendancieux et mensonger par omission : il fait un étalage subjectif d’éléments non factuels, empreint de jugements idéologiques faciles, à la place d’une argumentation qui obligerait à reconnaître ce que même la presse de droite admet maintenant : les affrontements qui ont mis en déroute les forces du Fatah à Gaza, en moins de 48 heures, ne sont pas que la conséquence du désespoir de gens affamés, de luttes fratricides, etc. La Palestine ne se tue pas « toute seule », non.

Stefano Chiarini avait été l’un des premiers à annoncer que ce n’étaient pas tous des « frères » ceux qui n’avaient pas « introjecté » des « valeurs », mais encaissé des dizaines de millions de dollars offerts par « l’ennemi »:l’administration étasunienne, à l’époque, officiellement. Maintenant Israël également et ouvertement

A vous lire, les Palestiniens ont voté très majoritairement en faveur d’un parti qui allait ensuite les prendre au piège d’une « société répressive, obscure, où règnerait la loi de l’intégrisme et du fanatisme islamique » ? On notera au passage le mépris : mépris à l’égard des Palestiniens qui seraient à ce point dépourvus de lucidité politique. Mépris pour votre propre confrère qui vous avait alertés en mettant en évidence les conséquences gravissimes d’une politique que vous ne dénonciez pas, quant aux trahisons des gens liés à l’Autorité Palestinienne, la dangerosité de Dahlan, l’homme fort du Fatah, lié à la CIA, pour ne parler que de lui.

Mépris à l’égard des lecteurs. Que ce genre de désinformation vienne de ceux que vous appelez « les ennemis » (sans les nommer) est compréhensible, mais de la part d’un quotidiano comunista, c’est inacceptable et, là oui, suicidaire.

Suicidaire votre ligne politique : vous ne donnez aucun élément pour analyser comment il se fait que « la Palestine n’a jamais obtenu de devenir un état ». Au lieu de pleurer sur la « tragédie sans fin » vous feriez mieux d’exposer clairement les raisons de cette situation, à commencer par celles qui nous impliquent nous, ici. Inadmissible votre position sur la résistance qui est un droit légitime des peuples sous occupation. Suicidaire pour votre journal, avec cette psychologisation à la petite semaine sur la haine réciproque des frères : tu parles d’une fraternité !

Vous savez ce qui est bon pour les Palestiniens, pas eux. Est-ce de n’être pas affamés qui donnerait cette lucidité ? Peut-être, oui, que quand on a faim on essaie d’abord d’avoir à manger, après on verra ce qu’on fait du voile.

Vous avez des projets, vagues, pour votre Palestine, celle « des hommes et des femmes en chair et en os -mais sans barbe et sans voile ?- pris entre deux options mortifères », la première option étant celle qu’ils sont allés se chercher, et la deuxième, en une moitié de phrase : « Al Fatah et ses sommets corrompus qui répondent par la même logique armée ». Nous avons bien lu : le Fatah répond. C’est eux (les terroristes barbus) qui ont commencé. Argumentation fausse et de petit niveau à laquelle on ne peut répondre que : même pas vrai.

Devant l’horreur de cette situation que nous, européens, progressistes, laïcs, (et féministes bien sûr !), avons laissée s’installer, c’est tout ce que vous trouvez à dire en première page ? Ces pleurnicheries démobilisatrices, moralisatrices et arrogantes ? « Une gauche dissoute, une société laïque anéantie par la guerre » : la guerre avec qui ? Et ici ?

Puisque vous savez quels bénéfices les Palestiniens auront ou n’auront pas selon pour qui ils votent, dites-nous aussi, déjà, quels bénéfices vous tirez, vous, de ce genre d’articles ? Question aussi aux amis et camarades à qui j’adresse d’habitude mes traductions de Il manifesto. Parce que nous ici, nous devons réfléchir au moins à ça : les nôtres de projets dans notre « milieu » du business de la tragédie palestinienne.

Bon courage à ceux des qui continuent la lutte à Via Tomacelli.


Marie-Ange Patrizio (Marseille)

Lire l’éditorial concerné

Lire la lettre de Silvia Cattori à Marie-Ange Patrizio


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