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Agression sur la santé et autres crimes de guerre

samedi 9 décembre 2006 - 16h:04

Derek Summerfield

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Commentaires du Jewish Peace News (JPN) : Cette analyse a été publiée dans le ?British Medical Journal’. Traçant une image des terribles conditions de santé dans les territoires occupés, Summerfield montre en partant de publications d’organisations mondialement connues comme la banque Mondiale, l’Université Johns Hopkins et Amnesty international, l’impact de la politique israélienne et de ses actions sur toute une population civile.

Octobre 2004

Un appel pour une action vient de la chercheuse sur la santé publique, Rita Giacaman, de l’Université Bir Zeit. Elle décrit les efforts des groupes et des individus qui étant pro-israélien, essayent de discréditer les évidences des conditions inhumaines infligées au peuple palestinien et refusent d’admettre l’asymétrie du pouvoir dans les relations israélo-palestiniens.

J’ai personnellement, ces dernières semaines, conduit plusieurs fois une jeune femme hors de son village ?scellé’ en Cisjordanie vers un hôpital de Tel Aviv pour recevoir des traitements de chimiothérapie. Dû à la bureaucratie tortueuse pour arranger les permis de déplacements et de couverture médicale, les traitements et les tests qui s’en suivaient ont été ajournés pendant des mois. Des milliers de femmes, hommes et enfants palestiniens sont les victimes non comptabilisées de l’occupation, mourants ou handicapés à cause de l’inaccessibilité ou l’ajournement des soins médicaux.

Appel de Rita Giacaman

"Nous avons besoin de votre aide pour répondre au ?British Medical Journal’. Le Docteur Derek Summerfield qui était ici en mars 2004, et qui nous a rendu visite à l’Institut de la Communauté et Santé Publique de l’Université Bir Zeit, vient juste de publier un article sur la Palestine dans le British Medical Journal. Les attaques ont été phénoménales, beaucoup de courriers haineux lui ont été adressés ainsi qu’au Journal auxquels nous devons répondre.
Contrairement au lobby, nous ne sommes pas nombreux ici à avoir accès aux revues, et n’avons pas assez de matériel et autres supports pour répondre comme le fait le lobby pro-israélien."

Adressez vos réactions à : http://bmj.bmjjournals.com/cgi/elet...

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Palestine : agression sur la santé et autres crimes de guerre

Par Derek Summerfield

Est-ce que la mort d’un arabe pèse du même poids que celui d’un citoyen américain ou israélien ? Le nombre total de civils palestiniens non armés tués par l’armée israélienne (dans une totale impunité) dépasse celui des morts du 11 septembre 2001. L’armée a également tué 186 passants (dont 26 femmes et 39 enfants) lors des exécutions extrajudiciaires. Deux tiers des 621 enfants (dont deux tiers avaient moins de 15 ans) tués aux check-points, dans les rues, sur le chemin de l’école, dans leurs maisons, sont morts tués par des tirs d’armes à feu dirigés dans la moitié des cas, visant la tête, le cou et la poitrine : des blessures de snipers.
Il est clair que les soldats ont l’autorisation permanente de tuer des enfants dans des situations anodines ou bien qui ne présentent pas de menaces. Ces statistiques attirent beaucoup moins de publicité que les attentats suicide, aussi atroces.

Amnesty International a demandé une enquête au sujet de mort d’Asma al-Mughayr (16 ans) et de son frère Ahmad (13 ans) tous deux tués sur le toit de leur maison à Rafah le 18 mai, chacun d’un balle à la tête. Asma était en train de retirer les vêtements de la corde à linge et Ahmad était en train de nourrir les pigeons. Amnesty a noté que les tirs semblaient provenir de l’étage supérieur d’une maison voisine qui avait été peu avant occupée par des soldats israéliens. Amnesty soupçonne que ceci n’est pas un cas de « feux croisés » mais que c’est un meurtre.

La réoccupation de la Cisjordanie et de Gaza par l’armée israélienne (un système de check-points militaires qui coupent les villes et les villages les transformant en ghettos, de couvre-feux, de bouclages, de raids, de démolition en masse et de destruction de maisons (plus de 60.000) ainsi que d’expropriation de terres) a rendu la vie normale impossible pour tout le monde et conduit la société palestinienne et ses institutions vers la dislocation.
De plus, Israël est en train de construire une barrière grotesque qui, quand elle sera terminée, aura une longueur de 644 kilomètres (4 fois plus long que le Mur de Berlin). Pénétrant de 24 kilomètres en territoire cisjordanien, le but réel de ce mur est de verrouiller de façon permanente plus de 50 colonies israéliennes illégales à l’intérieur du territoire d’Israël. C’est une colonisation agressive et effrénée, au mépris de la Cour de Justice Internationale de La Haye et de la résolution de juillet dernier de l’Assemblée Générale des Nations Unies.

L’année dernière, un rapporteur des Nations Unies a conclu que Gaza et la Cisjordanie étaient au « bord d’une catastrophe humanitaire ». La Banque Mondiale estime que 60% de la population subsiste avec un niveau de pauvreté inférieur à 2$ par jour, pourcentage qui a triplé en seulement 3 années. Un demi million de personnes dépendent maintenant totalement de l’aide alimentaire et Amnesty International a dit son inquiétude concernant le fait que l’armée entrave la distribution à Gaza. Plus de la moitié des foyers ne font qu’un repas par jour.
Une étude des universités Johns Hopkins et Al Quds a trouvé que 20% des enfants de moins de 5 ans étaient anémiques, 9.3% étaient extrêmement mal alimentés et 13% de plus étaient chroniquement sous alimentés. Les docteurs que j’ai rencontrés lors d’une visite professionnelle en mars, ont signalé une augmentation de la prévalence d’anémie chez les femmes enceintes et les bébés de faible poids à la naissance.

La cohérence du système de santé palestinien est en train d’être détruit. Le Mur va isoler 97 cliniques de santé primordiales et 11 hôpitaux de la population qu’ils desservent. L’hôpital de Qalqilya qui désert avant tout les réfugiés, a subi 40% de chute dans ses rendez-vous parce que les patients ne peuvent plus entrer dans la ville. Il y a eu au moins 87 cas documentés (y compris 30 enfants) pour lesquels le déni de l’accès au traitement médical a été la cause directe de décès y compris ceux de bébés nés alors que les femmes étaient retenues à des check-points.

Les check-points à l’entrée de certains villages ferment à 19 heures et même les ambulances ne peuvent plus passer après cette heure. Un exemple récent est celui d’un homme dans un village ?emmuré’ près de Qalqilya, qui s’est approché du portail portant dans ses bras sa fille gravement malade ; il a supplié les soldats de service de le laisser passer afin qu’il puisse l’emmener à l’hôpital. Les soldats ont refusé et ont également refusé à un médecin palestinien de l’autre côté de la barrière d’avoir accès à l’enfant. Le docteur a été obligé d’essayer d’examiner physiquement l’enfant et de lui faire une piquer à travers le grillage.

Il y a de plus en plus de rapports parlant d’ambulances transportant des personnes gravement malades qui sont touchées par des tirs ou qui sont retenues aux check-points alors que les chauffeurs et les infirmiers sont interrogés, fouillés, humiliés ou agressés. Aux check-points, des hommes blessés sont sortis de force des ambulances et emmenés directement en prison. Des cliniques clairement identifiées subissent des tirs et des docteurs et autres personnels de santé sont tués alors qu’ils sont en service.

Les ?Physicians for Human Rights (Israel)’ont critiqué le ?Israel Medical Association (IMA)’ pour son silence face à ces violations systématiques de la Quatrième Convention de Genève qui garantie le droit aux soins de santé et à la protection du personnel de santé pendant leur service. Etonnamment, le président de l’IMA, le Docteur Y Blachar, est actuellement le responsable du Conseil de l’Association Médicale Mondiale (WMA), le gardien international de l’éthique médicale.

Un BMA (British Medical Association) léthargique qui semble être complice de cette farce au sein du WMA. D’autres se taisent par peur d’être traités ?d’antisémites’, terme utilisé d’une manière moralement corrompue par le lobby pro-israélien dans le but de réduire au silence. Comment agir sur cette situation scandaleuse, situation que j’estime en tant que médecin né en Afrique du Sud avoir surpassé les excès de l’ère de l’apartheid.

Derek Summerfield est conférencier principal honoraire à l’Institut de Psychiatrie de Londres
derek.summerfield@slam.nhs.uk

“British Medical Journal” : http://bmj.bmjjournals.com/cgi/cont...
Reçu de « Jewish Voice for Peace », 20 octobre 2004 :
JVP : http://www.jewishvoiceforpeace.org/...


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