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Après la démolition de maisons bédouines, des douzaines de personnes sont sans-abris

jeudi 28 juin 2007 - 06h:13

IRIN

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ATIR (Désert du Néguev), 26 juin 2007 (IRIN) - Au moins 20 maisons dans deux villages bédouins ont été démolies le 25 juin par les forces de sécurité israéliennes et au moins 150 personnes sont maintenant sans abri.

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Une femme et son enfant devant leur maison démolie à Atir - Photo : Shabtai Gold/IRIN

Quelques 1.500 policiers et membres des forces spéciales ont convergé sur deux petits villages dont la population globale se monte à environ 1.000 personnes appartenant à la famille d’al-Qi’an et ils ont commencé à démolir des maisons.

« Les enfants allaient à l’école et les hommes travaillaient. Seules les femmes restaient à la maison » raconte Azam al-Qi’an (16 ans) dont la maison a été détruite.

« Beaucoup, beaucoup de policiers sont arrivés. Ils sont arrivés vers 8 heures du matin » dit Zahara en tenant dans ses bras son petit fils de trois ans.

« Quand la police est entrée, ils ont commencé à pousser les femmes. Ils ne nous ont pas donné la possibilité de sortir nos biens de la maison. Ils ont tout pris et tout confisqué. Puis les bulldozers ont commencé à démolir les maisons. Quand nous avons protesté, ils nous ont appelé ?putains ? ».

Les Bédouins vivent sur les terres « illégalement »

L’ILA (Israel Land Administration) dit que les villageois vivent « illégalement » sur les terres et, en 2004, a demandé aux tribunaux des ordres de démolition.

Quand l’ILA a fait appel à la cour pour évacuer les villageois, il a dit que l’ILA avait des documents prouvant que les villageois étaient des « intrus » sur une « terre appartenant à l’état ». Et de ce fait, a dit l’ILA, ils doivent en être expulsés.

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Un roupe de femmmes bédouines, maintenant sans domicile, sous une tente avec leurs enfants - Photo : Shabtai Gold/IRIN

La porte-parole de l’ILA, Ortal Tzabar, a dit à IRIN que l’ILA avait depuis des années essayé d’arriver à un accord de transaction avec les villageois en contrepartie de leur éviction, mais que les villageois avaient rejeté les transactions.

De leur côté, les villageois ont dit qu’il ne voulaient pas être envoyé dans des zones urbaines telles que les villes que l’état avait construit pour les Bédouins, villes qui sont principalement des « townships » et des ghettos, où le niveau de crimes et de chômage (parmi les plus élevés du pays) étaient très élevé. Ils disent que certains d’entre eux étaient tombés d’accord ces derniers jours de partir en contrepartie d’une compensation mais que l’ILA a détruit leurs maisons avant que cet accord ne puisse être finalisé.

Ils disent aussi que l’ILA ne veut pas vraiment les indemniser. Certains disent que les indemnisations sont trop basses et que la terre vaut beaucoup plus que ça.

« Presque toutes les maisons à Um Heiran ont reçu un ordre de démolition qui plane au-dessus d’elles et elles risquent encore d’être démolies » dit Souhad Bishara, un avocat d’Adalah (une ONG qui défend les droits civils de la minorité arabe en Israël) et qui représente les villageois.

Mickey Rosenthal, un porte-parole de la police israélienne, a dit à IRIN ce 26 juin que la police n’avait pas de commentaire à faire étant donné qu’elle a juste « assuré la sécurité » et que deux officiers de la police avaient été légèrement blessés lors des démolitions.

Ali, le mari de Zahara, a abandonné tout espoir de récupérer ses affaires.

« Ils nous ont dit qu’ils allaient nous les rendre dans la demi-heure. Mais cela fait des heures ! Je n’ai plus guère d’espoir de les récupérer » dit-il.

« Ils ont pris notre argent, nos vêtements, notre or et les lits de nos enfants. Nous n’avons maintenant plus d’électricité : ils ont pris notre générateur. Et le frigidaire. Comment donner maintenant du lait à nos enfants ? » Demande Fayiqa, ses enfants accrochés à sa robe.

« Ils ont même pris la farine. Il n’y a pas de pain, juste quelques dons. Ils ont pris le lait et même les livres scolaires de nos enfants » dit Ali. Sa fille, en sixième, acquiesce de la tête et donne les noms des livres manquants.

« Quand les enfants sont revenus de l’école, ils se sont mis à pleurer pour leurs maisons » dit Fayiqa.

Statut non-reconnu

Les deux villages, Atir et Hum Heiran, sont des villages « non-reconnus ». Ils n’ont aucun statut officiel et sont absent de tout planification de l’état et des cartes du gouvernement et de plus n’ont droit qu’à très peu de services. Il y a environ 45 villages non-reconnus dans le sud du Néguev israélien.

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camion-citerne d’approvisionnement en eau, le village "non-reconnu" n’étant pas connecté au réseau - Photo : Shabtai Gold/IRIN

Les villageois amène l’eau dans des citernes et l’électricité provient de générateurs étant donné qu’ils ne sont pas reliés au réseau national électrique. Presque tous les habitants ont la citoyenneté israélienne.

Les al-Qi’an sont devenus des personnes déplacées internes suite à la guerre israélo-arabe de 1948. Après avoir perdu leurs terres cultivées suite aux hostilités, ils sont allés de place en place jusqu’au moment où l’état les ont placés en 1956 sur les terres sur lesquelles ils vivent actuellement.

« Ils nous ont déjà jeté hors de nos maisons en 1948 et nous ont obligés à venir sur cette terre là. Maintenant ils veulent nous déplacer par la force. Nous n’avons aucun autre endroit où aller » dit le Sheikh Ali Abu Qi’ an.

L’état essaye maintenant de déplacer plus de 1.000 membres de la tribu d’al-Qi’an vers une ville et ce, afin de construire un nouveau village juif sur Atir et Um Heiran comme on peut le voir dans les documents de planification de l’état obtenus par Adalah.

L’aide arrive

Les organismes islamiques d’aide de villages voisins ont donné rapidement de la nourriture et des matelas et des tentes rudimentaires ont été montées.

« Nous allons devoir dormir ce soir par terre. Il fera froid. Dans la journée, il faisait très chaud et il y avait des vents forts, des vents qui souffle du sable tout autour » dit le Sheikh Ali, assis sous un dais.

« Demain, il fera encore plus chaud. Alors, qu’allons-nous faire ? » Demande plusieurs femmes en tenant leurs plus jeunes enfants tandis qu’une autre rafale de vent soulève le sable du désert.

Les Bédouins du Néguev :
 ? ils sont au nombre d’environ 160.000
 ? la moitié d’entre eux vivent dans des villes construites par l’état
 ? l’autre moitié vit dans des villages « non reconnus »
 ? le but d’Israël est de déplacer tous les habitants des villages « non reconnus » vers des ?townships’ et de libérer les terres sur les quelles ils vivent
 ? l’urbanisation rapide d’une population rurale a provoqué un taux élevé de crimes et de chômage dans les ?townships’ d’où l’objection des Bédouins aux plans du gouvernement.

* Note du traducteur : plusieurs associations israéliennes se battent pour les Bédouins du Néguev dont principalement :

Dukium :http://dukium.org/index.php ,
Association of Forty : http://www.assoc40.org/nenglish , ,
et qui ont immédiatement lance un appel pour dénoncer les démolitions. (voir appel ci-dessous) :

Dukium 25 juin 2007

Ignobles démolitions dans le village d’Atir et Im el Hiran. Le gouvernement d’Israël a démoli 25 maisons de bédouins dans le Néguev laissant 150 hommes, femmes et enfants sans abris dans le désert brûlant.

Le gouvernement d’Israël avait déplacé en 1956 la famille d’Abu al-Qi’an de leurs terres ancestrales pour les mettre là où ils vivent à présent : dans le village d’Im el Hiran. Le gouvernement veut maintenant les relocaliser à nouveau afin qu’en place de leur village le gouvernement puisse construire un village juif. Mais les personnes ne bougent pas assez vite pour les autorités gouvernementales. La famille avait reçu il y a deux ans des ordres de démolition. La nuit dernière, les autorités sont arrivées dans leurs maisons en bénéficiant d’une vraie hospitalité bédouine (un agneau a été tué). Il était entendu que le matin venant, les gens seraient prêts à signer un accord d’indemnisation et de partir. Au lieu d’un accord, au lieu d’une indemnité, ils ont reçu des bulldozers et des démolitions. Le gouvernement ne donne pas des logements alternatifs, ils n’ont nulle part où aller : maintenant des centaines de bédouins se retrouvent sans abris dans le désert israélien.

Pour plus d’informations : Yeela Raanan, RCUV : yallylivnat@gmail.com

26 juin 2007 - IRIN - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.irinnews.org/Report.aspx...
Traduction : Ana Cléja


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