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La politique partisane de l’UE au Moyen-Orient

mercredi 27 juin 2007 - 18h:32

Kyriacos Triantaphylidès - L’Humanité

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L’Union européenne est coutumière du double jeu,de la double entente ainsi que de la lenteur de son processus décisionnel. Tout ceci fut encore une fois parfaitement démontré dans la crise qui secoue en ce moment la Palestine et qui a repoussé le processus de paix aux calendes grecques.

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Kyriacos Triantaphylidès

Double jeu, car il y a un an l’UE a fait de son mieux pour s’assurer que les élections législatives palestiniennes seraient démocratiques et justes. Une commission électorale composée de 172 observateurs fut mise en place pour s’assurer de la validité des élections, avec un budget de 17 millions d’euros. Le parti sorti premier des urnes, le parti du « changement et de la réforme » est un dérivé du Hamas, mouvement que l’Union a qualifié de terroriste. Résultat des courses, les élections ne mènent à rien car aucun gouvernement ne peut être formé. Après un an de pérégrinations, pendant lequel plus d’un million d’habitants de la bande de Gaza sont laissés pour compte, l’Union salue l’initiative de la Ligue arabe qui permet la formation d’un gouvernement d’unité nationale composé de membres du Hamas, du Fatah et d’indépendants.

C’est le moment que choisit l’UE pour montrer son penchant pour la double entente : elle refuse de négocier avec le premier ministre, Ismail Haniyeh, et préfère au contraire une politique d’approche sélective en engageant des pourparlers avec des membres du Fatah ainsi que des indépendants. Pendant ce temps, la situation en Palestine et notamment dans la bande de Gaza est intenable ; manque cruel d’infrastructures, chômage en hausse, difficultés quotidiennes et une aide financière européenne distillée au compte-gouttes.

C’est pourquoi, lorsque le Parlement européen me chargea de présider la délégation qui irait en Palestine pour rencontrer les élus palestiniens, une des premières décisions que nous prîmes, en tant que députés européens, était de rencontrer le premier ministre, Haniyeh. La situation qu’il nous exposa, et que nous avons pu vérifier sur place, était bien plus grave que ce que les médias voulaient laisser entendre. La bande de Gaza était devenue un chaudron bouillant et le gouvernement avait de plus en plus de mal à maintenir sa légitimité auprès d’un peuple qui ne comprenait pas les décisions de l’Union européenne, qu’il jugeait partiales.

Dès mon retour, il y a huit semaines, je me suis efforcé de porter le message suivant tant auprès des présidents de la Commission et du Parlement, qu’auprès de M. Solana, haut-représentant pour la Politique extérieure commune : « Reconnaissez ce gouvernement d’unité nationale sous peine de voir la Palestine s’effondrer sous peu. » Malheureusement, prise dans l’engrenage des décisions du « quartet » sur le Proche-Orient et confrontée à un processus de lenteur décisionnelle, l’Union a préféré endosser un rôle passif, une fois de plus, avec les résultats désastreux que nous connaissons aujourd’hui.


Kyriacos Triantaphylidès est député européen (GUE-GVN), président de la délégation du Parlement européen pour les relations avec le Conseil législatif palestinien.

Kyriacos Triantaphylidès - L’Humanité, le 25 juin 2007

Et aussi : Des députés européens se lèvent pour la libération immédiate des 45 députés palestiniens emprisonnés en Israël


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