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Liban : l’ouverture d’une ambassade palestinienne de nouveau à l’ordre du jour

vendredi 1er décembre 2006 - 07h:28

Scarlett Haddad

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Les années passent, les gouvernements aussi, et le dossier palestinien reste d’une actualité poignante au Liban, en raison de la présence de nombreux réfugiés dans les camps qui vivent dans des conditions désastreuses.

Il lui arrive parfois de grimper « à la une », pour retomber à d’autres moments dans la banalisation du quotidien. La dernière visite du représentant de l’Autorité palestinienne, Abbas Zaki, aux principales instances officielles du pays a relancé la polémique sur la transformation du bureau de l’OLP à Beyrouth en ambassade, dotée donc d’un statut diplomatique.

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Conditions de vie misérables dans les camps palestiniens au Liban - Photo : www.interdits.net

La question était prévue à l’ordre du jour du Conseil des ministres, mais en raison des débats qu’elle suscite, elle a été pour l’instant reportée. En fait, les principales réserves viennent du président de la République Émile Lahoud, qui prend toujours en considération le spectre de l’implantation des Palestiniens au Liban. Le chef de l’État est relayé par plusieurs pôles politiques dont le général Michel Aoun n’est pas le moindre, mais aussi tous les groupes qui refusent un compromis parrainé par la communauté internationale sur cette question.

M. Abbas Zaki a donc ouvertement proposé l’ouverture d’une ambassade de l’Autorité palestinienne à Beyrouth, mais la réponse libanaise se fait attendre. Selon des sources ministérielles, le débat n’a pas encore été tranché, et si certaines parties ne voient pas d’inconvénient à accéder à la demande de Zaki, d’autres sont plus réservées, et d’autres encore y sont carrément hostiles. Pour expliquer leur position, ces parties remontent à la commission multilatérale chargée des négociations sur le sort des réfugiés palestiniens.

À l’époque, le Liban avait refusé d’y participer, mais déjà le principal point à l’ordre du jour était l’absorption des réfugiés dans les pays d’accueil. Selon ces parties, la question de l’implantation des Palestiniens revient régulièrement sur le tapis dans les pourparlers avec les représentants de la communauté internationale et reste par ailleurs une exigence israélienne primordiale.

Les mêmes sources rappellent à cet égard que déjà en 2002, au sommet de Moncton, au Canada, lorsque le président Lahoud avait évoqué le droit au retour des Palestiniens, ces propos avaient été fraîchement accueillis par la communauté internationale, qui ne voyait d’autre solution au problème des réfugiés que leur maintien dans les pays hôtes. Au cours du sommet arabe de Beyrouth, la question était revenue sur le tapis, et c’est sur l’insistance du Liban que le droit au retour avait figuré dans le plan de paix saoudien.

Les mêmes sources précisent que la question de la démographie est vitale pour Israël et que ce pays ne peut pas accepter le retour de plusieurs millions de Palestiniens sur leur terre. Surtout aujourd’hui, après la guerre contre le Hezbollah qui a provoqué un début d’émigration des Israéliens. L’État hébreu a donc du mal à lancer une politique convaincante pour pousser les juifs à venir s’installer en Israël.

Or, ajoutent les mêmes sources, proposer aujourd’hui l’ouverture d’une ambassade palestinienne, alors que l’Autorité palestinienne, qui avait approuvé le document de Genève (le texte n’évoquait pas le sort des Palestiniens de l’extérieur), n’a pas encore pris clairement position sur la question des réfugiés palestiniens et leur droit au retour, conformément à la résolution 194 du Conseil de sécurité, n’est pas opportun. Ces sources estiment donc qu’il serait préférable de reporter l’examen de cette question jusqu’au moment où elle fera l’unanimité des Palestiniens.

Lorsque l’Autorité dans son ensemble, c’est-à-dire le président, le gouvernement et le Parlement, se déclarera ouvertement en faveur du droit au retour, il sera alors temps pour le Liban d’examiner la question de l’ouverture d’une ambassade à Beyrouth.

De plus, les mêmes sources précisent qu’il est impossible d’ouvrir une ambassade palestinienne à Beyrouth, alors que l’État palestinien n’a pas encore été officiellement reconnu, car il faudrait aussi ouvrir une ambassade libanaise dans les territoires autonomes.

Or, officiellement, pour le Liban, ces territoires sont sous occupation israélienne et pour se rendre dans cette ambassade, il faudrait passer pratiquement par Israël.
Pour toutes ces raisons, à la fois pratiques et politiques, ces parties estiment qu’il est prématuré de parler de l’ouverture d’une ambassade palestinienne à Beyrouth.

Tout le brio de Abbas Zaki ainsi que la recommandation du mémorandum de la commission du dialogue libano-palestinienne, présidée par l’ambassadeur Khalil Mekkaoui, dans lequel elle estimait qu’une telle mesure pourrait renforcer le dialogue avec les Palestiniens et favoriser le règlement des questions en suspens, ne changeront pas les faits : le dossier palestinien demeure conflictuel en Palestine... et au Liban.

18 octobre 2006 - L’Orient le Jour -Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.lorientlejour.com/page.a...


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