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1967 - La guerre qui a achevé le judaïsme

vendredi 15 juin 2007 - 07h:43

Bradley Burston - Ha’aretz

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Seigneur, sauvez-nous des miracles.

Comme les compliments, nous aimerions en avoir, mais quand ils nous sont adressés, nous ne savons comment y répondre. Nous avons été sortis de l’Egypte avec pas moins d’une division complète de la Mer Rouge, et qu’est ce que Dieu obtient comme reconnaissance ? Une rave partie à Sinaï à laquelle Il n’est pas invité, et un blasphème sous la forme d’un veau en or.

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Arrivée des troupes israéliennes dans Jérusalem-est

Il y a quarante années depuis cette semaine, alors qu’il semblait qu’il ne faudrait pas moins d’un miracle pour Israël pour survivre à la guerre imminente, le pari ici était que la banque des miracles était épuisée. Entre des lourds adieux pressentant des enterrements, c’était une chambre à gaz, au sens propre, restreinte à un pays, étouffant de panique et de phobie des frontières, c’était le ghetto pour en finir avec tous les ghettos.

Quand le miracle est arrivé, quelques-uns se sont arrêtés pour se rappeler la vraie devise de cette nation : Soyez attentifs à ce pourquoi vous priez.

De cette distance, l’on pourrait conclure qu’alors que l’état juif a survécu à la guerre, le Judaïsme comme nous le savions - Le Judaïsme orthodoxe en particulier - n’y a pas survécu. L’orthodoxie rabbinique, le rempart sous serment du peuple juif contre le changement, ne serait jamais le même.

1967 était la guerre qui persuaderait les rabbins qu’ils pourraient être des généraux, même, ou particulièrement s’ils vivaient à Brooklyn. Le goût du pouvoir étant ce qu’il est, beaucoup de rabbins arriveraient à la conclusion que le gouvernement - et l’occupation - étaient trop importants pour être laissées à des officiels élus.

Si une occupation absolue corrompt absolument, aucun groupe ne serait plus corrompu par la présence israélienne dans les territoires que celui des rabbins de droite.

Evidemment, cette manière de voir serait la dernière chose qu’ils verraient. Enveloppés dans un châle de pureté idéologique, d’érudition spirituelle et d’unilatéralité juridique, les rabbins de droite sont allés travailler complètement convaincus qu’ils étaient le seul dernier groupe incorruptible des chefs juifs.

Avec un zèle messianique, ils ont commencé par dicter des nouveaux commandements et annoncer des nouvelles interdictions, révolutionnant le Judaïsme en présentant les colonies comme les blocs de construction du Troisième Temple - tout en tournant l’entreprise des colonies et les territoires en un nouveau Veau d’Or, un dieu pour qui tout le peuple serait forcé de se sacrifier.

Le changement a été immédiat et choquant. Cela faisait seulement quelques heures depuis que le Mont du Temple était dans des mains israéliennes quand Shlomo Goren, le rabbin en chef de l’armée israélienne (IDF), a voulu exiger du général qui a conquis la vieille cité de Jérusalem que la magnifique mosquée d’Omar au dôme d’or soit détruite.

« J’étais seul pour un moment, perdu dans les idées, quand le rabbin Goren s’est approché de moi », raconta Uzi Narkiss à Haaretz dans une interview quelques mois avant son décès en 1997. Le rabbin Goren m’a dit : « Uzi, maintenant il est temps de mettre 100 kg d’explosifs dans la mosquée d’Omar pour qu’on s’en débarrasse une fois pour toute. »

« Je lui ai dit : ?Rabbin, ça suffit.’ »

Mais Goren insista « Vous ne captez pas l’énorme signification que ceci aurait. C’est une opportunité dont nous pouvons prendre l’avantage maintenant, en ce moment. Demain, il sera trop tard. »

« J’ai dit : ?Rabbin, si vous ne vous arrêtez pas, je vous conduirai en prison’ ».

Goren n’avait pas fini. Après que la fumée s’était dissipée, il s’est adressé à une assemblée militaire en appelant une « tragédie » le fait qu’Israël a laissé le Mont du Temple sous le contrôle des musulmans : « J’ai dit cela au ministre de la Défense (Moshé Dayan) et il a dit : ?je comprends ce que vous dites, mais pensez-vous vraiment qu’on aurait dû faire exploser la mosquée ?’ et j’ai dit : ?Certainement, nous aurions dû la faire exploser.’ »

« C’est une tragédie pour des générations qu’on n’ait pas agi ainsi, » a dit Goren. « J’aurais moi-même grandi là-bas et je l’aurais effacée complètement de la terre pour qu’il n’y ait plus de trace qu’il y ait jamais eu de mosquée d’Omar là-bas. »

Un principe a été implanté, un qui transformerait le Judaïsme orthodoxe comme il altérerait durablement la relation entre les juifs orthodoxes et le reste des juifs.

Longuement marginalisé comme politiquement passif, le Judaïsme religieux militant est venu définir la politique pour le système des colonies dans sa globalité et, par conséquent, pour nous tous, et ceci parce que nous les avons laissé faire. Nous avons choyé les colonies avec nos impôts, nous les avons protégées avec notre service militaire, et avec impuissance, nous avons toléré leur intolérance vis-à-vis des Arabes.

Si des musulmans fondamentalistes palestiniens apprenaient à leurs enfants que la Terre Sainte appartenait à eux seuls, et qu’il était permis que tous les juifs soient tués ou expulsés, toutes les organisations juives auraient consacré leurs vies à analyser les fondements de cette incitation.

Mais si des rabbins fondamentalistes en Israël apprenaient à leurs enfants que la Terre Sainte appartenait à eux seuls, et qu’il était permis que tous les palestiniens soient tués ou expulsés, comment répondrions-nous ?

Nous continuons à payer leurs salaires comme des serviteurs civils.

L’exemple le plus récent : Le sujet de vendredi de Olam Katan (Petit Monde), un pamphlet hebdomadaire distribué devant les synagogues orthodoxes en Israël, contient un commentaire remarquable par le précédent rabbin séfarade en chef Mordechaï Eliyahou . En effet c’est une déclaration de guerre.

Et pas n’importe quelle guerre. Dans la bataille contre le Hamas et les attaques des roquettes Qassam, le rabbin disait : « les civils de Gaza qui échouent à arrêter les attaques sont aussi responsables des actions des activistes et ne doivent pas être épargnés dans les opérations visant des hommes armés et des terroristes. »

Interrogé pour s’expliquer sur ses mots, son fils, Shmuel Eliyahu, l’actuel rabbin en chef de Safed, déclarait au Jerusalem Post la semaine dernière que son père, qui s’oppose à une offensive terrestre qui mettrait en danger les troupes de l’ID, recommande, selon le texte de Jerusalem Post, « un tapis de bombes contre toute la région d’où les Qassams ont été lancés, sans tenir compte du prix en vies humaines. »

« S’ils ne s’arrêtent pas après que nous en ayons tué cent, alors nous devons en tuer mille,” disait le rabbin Shmuel Eliyahou.

« Et s’ils ne s’arrêtent pas après 1000, alors nous devons en tuer 10 000. S’ils ne s’arrêtent toujours pas, nous devons en tuer 100 000, même un million. Tout ce qu’il faut pour les faire arrêter. »

Cela pourrait nous prendre encore 40 ans pour réaliser que ce qui fera arrêter les deux côtés, c’est que les saints fondamentalistes des deux côtés arrêtent de faire du lobbying pour « la guerre jusqu’à la victoire », ce qui veut dire une guerre permanente - ces mêmes hommes qui excluent toute piété et écrasent toute possibilité de paix permanente.

Seigneur, sauvez-nous de ceux qui prêchent la mort en votre nom.

7 juin 2007 - Ha’aretz - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.haaretz.com/hasen/spages...
Traduction : IA

Du même auteur :
- Nous aimons présenter nos concitoyens arabes comme des traîtres
- L’extrême droite israélienne ou comment ruiner le judaïsme

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