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Irak : Les Etats-Unis tentent de diviser pour mieux sécuriser

mercredi 13 juin 2007 - 07h:26

J. Burns & A. Rubin - The New York Times

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Dernière stratégie en date du Pentagone pour lutter contre l’insurrection : fournir des armes à des groupes sunnites proches d’Al-Qaida pour mieux lutter contre... Al-Qaida. Un pari risqué, estime The New York Times.

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(Photo : AFP)

Alors que les renforts de soldats américains déployés en Irak au cours des quatre derniers mois n’ont pas réussi à réduire le nombre d’attaques terroristes, l’état-major américain opte consciemment pour une stratégie particulièrement dangereuse : armer des groupes sunnites qui s’engagent à combattre les militants liés à Al-Qaida, leurs alliés d’autrefois.

L’état-major américain dit avoir testé avec succès cette stratégie dans la province d’Anbar et se serait entretenu avec des groupes sunnites dans au moins quatre régions du centre et du nord de l’Irak, où l’insurrection est la plus forte. Il reconnaît que, dans certains cas, ces groupes sunnites sont soupçonnés d’avoir participé à des attaques contre les troupes américaines ou d’avoir eu partie liée avec leurs auteurs. Ce qui n’a pas empêché certains de ces groupes de se voir fournir par l’armée américaine des armes, des munitions, de l’argent, du carburant et du ravitaillement.

Les officiers américains qui ont été chargés de négocier avec ces groupes sunnites affirment que beaucoup d’entre eux ont eu des liens avec l’organisation terroriste Al-Qaida en Mésopotamie, mais qu’ils ont été dégoûtés par les méthodes radicales des militants islamistes, notamment par les attaques suicides qui ont coûté la vie à plusieurs milliers de civils irakiens. En contrepartie du soutien apporté par les Américains, ceux-ci ont accepté de combattre Al-Qaida et de mettre fin à leurs attaques contre les soldats américains. Certains groupes sunnites auraient même accepté d’informer l’armée américaine de la présence sur les routes de bombes ou d’autres pièges mortels.

Pourtant, les opposants à cette nouvelle stratégie, dont certains officiers, avancent que cela revient à armer les deux parties d’une future guerre civile. Les Etats-Unis ont dépensé plus de 15 milliards de dollars pour remettre sur pied l’armée et la police irakienne, dont les 350 000 hommes sont très majoritairement chiites. Avec la perspective d’une réduction des troupes américaines en Irak dès l’année prochaine, et toujours aucun signe d’entente politique entre chiites et sunnites à Bagdad, les critiques arguent que toute arme donnée à un sunnite risque de se retourner contre les chiites. Sans oublier que ces armes pourraient aussi servir contre les soldats américains eux-mêmes.

Des officiers américains reconnaissent d’ailleurs que fournir des armes à des groupes rebelles n’est pas une nouveauté en matière de lutte contre-insurrectionnelle. Ils reconnaissent également que, dans les pays où elle a déjà été pratiquée, notamment en Algérie par le pouvoir colonial français, en Malaisie par les Britanniques au début des années 1950, et enfin au Vietnam, ces efforts ont eu des effets contraires au but recherché, les rebelles ayant retourné ces armes contre ceux qui les leur avaient fournies.

Côté irakien, un membre du gouvernement, contacté par le New York Times, se dit inquiet des négociations engagées par les officiers américains avec des groupes sunnites. D’après lui, rien n’indique que ceux-ci tiendront parole envers quiconque d’autre que le commandant américain de leur zone. "Le but du gouvernement irakien, c’est justement de désarmer et de démobiliser les milices en Irak, rappelle Sadiq Al-Rikabi, conseiller politique de Premier ministre Nouri Al-Maliki. Et nous avons déjà suffisamment de milices à combattre en Irak. Alors, pourquoi en créer de nouvelles ?"

Le général Lynch, commandant de la 3e division d’infanterie, estime pour sa part que les groupes sunnites prêts lutter contre Al-Qaida et à cesser leurs attaques contre les forces américaines et irakiennes remplissent une condition essentielle : leur enracinement dans les zones insurrectionnelles où ils opèrent, qui devrait permettre de rétablir la sécurité à partir de la base. Le général évoque en particulier des zones "où il n’y a pas de forces de sécurité, rien, que dalle". Et d’ajouter : "Quand vous avez des gens qui vous disent : ?Je veux protéger mes voisins’, il n’y a pas à hésiter une seconde."

John F. Burns & Alissa J. Rubin - The New York Times, via Le Courrier international, le 11 juin 2007


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