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Pour les enfants de Palestine, l’indépendance est la seule réponse

samedi 9 juin 2007 - 09h:11

Joharah Baker - Miftah

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Alors que les Palestiniens considèrent après coup ces quatre décennies de domination militaire... il est visible qu’elles se sont acharnées sur les plus vulnérables de la société : nos enfants.

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Des enfants traversent un groupe de soldats de l’occupation postés dans une rue d’Hébron. (Reuters/Y. Weitzman)

Cette année marque le 40ème anniversaire de la guerre de juin 1967, avec laquelle a commencé l’occupation israélienne illégale de la Cisjordanie, de la bande de Gaza, de Jérusalem-Est et du Plateau du Golan syrien. Alors que les Palestiniens considèrent après coup ces quatre décennies de domination militaire qui ont touché tous les Palestiniens, grands et petits, il est visible qu’elles se sont acharnées sur les plus vulnérables de la société : nos enfants.

Comme en tout conflit, les secteurs les plus marginalisés de la société sont aussi les plus touchés. Parmi les Palestiniens, les enfants on eu à endurer un amalgame d’épreuves résultant directement et indirectement d’une occupation israélienne permanente. Comme dans toute nation en voie de développement dont c’est une caractéristique, en Palestine, les enfants représentent une grande part de la société. Le Bureau central de Statistiques palestinien estime à 2,1 millions, soit 52% de la population, le nombre d’enfants vivant dans les territoires occupés.

C’est une partie importante de la société, qui a été touchée particulièrement durement toutes ces 40 années, et même auparavant. Lors de la guerre de 1948, des images déchirantes de Palestiniens contraints de fuir leurs maisons, terrorisés, montraient des petits enfants serrant fortement la main de leurs parents, ou trimballés contre la hanche des adultes pour faciliter une fuite précipitée devant l’horreur des atrocités israéliennes qui se répandaient. Et puis, lors de l’exode de 1967, les enfants ont suivi à nouveau leurs parents, fuyant leur maison à la recherche de sécurité.

Selon Save the Children près de la moitié de tous les réfugiés enregistrés à l’UNRWA (agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens) dans les camps de Cisjordanie, de la bande de Gaza, de Jordanie, du Liban et de Syrie, sont des enfants de moins de 18 ans.

Evidemment, être un réfugié n’est pas seulement rentrer dans une statistique. Avec ce statut, arrivent la pauvreté, le manque d’une éducation adéquate, de soins médicaux et de possibilités d’emploi. Bien que l’UNRWA dispense ses aides aux réfugiés palestiniens depuis l’apparition du problème, après la guerre de 1948, l’agence avait été créée pour une durée provisoire et elle a été confrontée à des difficultés à mesure que grandissait la population des réfugiés pour lui fournir les services appropriés, sachant qu’elle est obligée de fonctionner depuis 60 ans, sans en voir la fin.

Même si les réfugiés représentent un secteur important de la société palestinienne, les enfants de tous les secteurs et de tous lieux géographiques ont souffert sous le fardeau de l’occupation militaire israélienne. En tous cas, ces enfants n’ont connu rien d’autre - et même beaucoup de leurs parents sont nés après le début de l’occupation, qui a été leur réalité depuis le premier jour.

Cette réalité comprend le chômage, la pauvreté (selon les évaluations de la Banque mondiale, environ les 2/3 de la population palestinienne vivent sous le seuil de pauvreté, soit avec moins de 2 dollars par jour), le manque de services médicaux et d’enseignement, et la menace constante d’une agression de l’armée israélienne.

Evidemment, le droit à la vie est le droit humain le plus fondamental et le plus essentiel, il n’est garanti à aucun des Palestiniens, y compris les enfants. Selon Save the Children, depuis le déclanchement de la seconde Intifada en septembre 2000, 864 enfants palestiniens ont été tués du fait de la violence de l’armée ou des colons israéliens.

Les enfants dans les territoires occupés sont constamment à la merci des opérations militaires israéliennes où ils peuvent perdre la vie ou celles de ceux qu’ils aiment. De nombreux enfants ont été les témoins de la démolition de leur maison, de la mort violente ou de l’arrestation d’un membre de leur famille ou, même, ont été arrêtés eux-mêmes. Selon DCI (Defence for Children International), 398 enfants palestiniens de moins de 18 ans sont actuellement enfermés dans les centres de détention israéliens.

Un autre souci pressant en ce qui concerne les enfants palestiniens est le manque de nourriture appropriée. L’embargo économique international imposé sur les territoires palestiniens a eu des ramifications étendues dans tous les secteurs de la société. L’aide financière directe à l’Autorité palestinienne a été arrêtée depuis la formation du nouveau gouvernement avec le Hamas, l’année dernière, et les mesures de « sécurité » de plus en plus serrées en Cisjordanie et à Gaza, dont le mur de séparation, ont comme conséquences de ne pouvoir accéder aux champs, aux services de soins et au travail. En plus, les grèves intermittentes des fonctionnaires protestant contre les retards de salaires ont paralysé de grands pans de la société, plongeant nombre de familles dans la pauvreté.

Ainsi, les enfants, avec leurs parents, souffrent d’un manque de ressources qui conduit inévitablement à un manque de nourriture appropriée. Save the Children a indiqué que la malnutrition chronique chez les enfants palestiniens s’élevait actuellement à 10% d’entre eux, jusqu’à 13,9% pour la seule bande de Gaza.

La liste est pratiquement interminable : les enfants vivant en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et à Jérusalem-Est doivent aussi supporter les fermetures sporadiques imposées par les Israéliens qui les empêchent d’aller à l’école ou au centre de soin. Ils sont constamment harcelés par les soldats israéliens qui tiennent les quelque 540 check-points militaires parsemés à travers les territoires, les obligeant parfois relever leur chemise ou à baisser leur pantalon, cela fait partie du monde toujours bizarre de la « sécurité d’Etat » d’Israël.

En outre, parce qu’on leur rappelle constamment qu’ils ne sont pas nés libres et indépendants, les enfants endossent souvent les tâches des adultes par émancipation. En tant que Palestiniens, nous devons nous soucier également du nombre d’enfants qui s’impliquent dans les factions politiques palestiniennes, certains à peine sortis de l’adolescence. Ajouté à l’atmosphère d’oppression de l’occupation israélienne, ce sens du devoir à rejoindre les rangs de la résistance a aussi dépouillé nos enfants d’une enfance salutaire.

Après avoir dit tout cela, il y a une question fondamentale qui doit être traitée chez nous. Alors qu’il est extrêmement tentant de faire un paquet des épreuves et des souffrances de nos enfants avec le papier d’emballage prêt à l’emploi d’une « cause humanitaire pressante », nous devons faire une distinction claire entre la situation palestinienne et celle des enfants miséreux d’Asie du Sud-est ou d’Afrique par exemple.

Oui, nos enfants manquent de réponses à certains de leurs besoins humanitaires de base comme une éducation, une nutrition et une protection appropriées. Mais bien que ce soit des éléments majeurs du problème, qui ne doivent nullement être négligés, le bourbier politique supplante toutes les autres questions.

Ceci pour dire qu’une fois que l’occupation israélienne illégale de la terre palestinienne en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et à Jérusalem-Est aura été éradiquée, et qu’un Etat palestinien indépendant, viable et capable se sera établi, il faudra ouvrir des voies spécifiques pour que ces questions soit posées correctement et résolues. C’est un point que la communauté internationale, quelle que bien intentionnée qu’elle puisse paraître, doit prendre à c ?ur et sur lequel elle doit agir jusqu’à ce qu’il soit satisfait.

Peut-être que cela commence à se produire. Dans son communiqué de presse à l’occasion du 40ème anniversaire de la guerre de 1967, Save the Children déclare : « Toutes les parties doivent contribuer de façon dynamique aux négociations de paix afin d’apporter un règlement global et définitif au conflit, et un avenir sûr aux enfants qui vivent au Moyen-Orient. »

6 juin 2007, pour le Miftah - traduction : JPP


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