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Tentative de destruction du Hamas

dimanche 3 juin 2007 - 23h:02

Khaled Amayreh - Al-Ahram Weekly

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Israël a fait un grand nombre de prisonniers parmi les responsables du Hamas durant la semaine passée, essayant ainsi de paralyser l’appareil politique de l’organisation.

Cette série d’enlèvements a fait grimper le nombre de militants palestiniens emprisonnés à plus de 11 000 personnes, dont plus de la moitié sont des responsables ou des militants du mouvement Hamas.

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Des Palestiniens courent pour tenter de se mettre à l’abri alors qu’un missile israélien va frapper sa cible lors d’une attaque aérienne sur un bâtiment de la Force Exécutive du Hamas dans le camp de réfugié de Nusseirat.

Rien que la semaine dernière plus de 30 responsables politiques palestiniens, la plupart du temps avec des références islamiques, ont été enlevés par l’armée israélienne. On trouve parmi les détenus le professeur Nassereddin Al-Shaaer, ministre de l’éducation et ancien premier ministre adjoint dans l’Autorité Palestinienne. Al-Shaaer est un modéré qui soutient la solution de deux états et il n’a jamais été accusé d’avoir pris part à des activités de résistance.

Al-Shaaer avait déjà été enlevé par l’armée israélienne l’année passée, apparemment pour faire pression sur le Hamas afin d’obtenir la libération d’un soldat israélien fait prisonnier par les groupes de la résistance dans la bande de Gaza il y a maintenant 11 mois.

L’universitaire palestinien devenu homme politique n’a jamais été accusé ni inculpé pour le moindre méfait et son arrestation a été interprétée comme un nouveau moyen d’intimidation de la part des autorités israéliennes.
Une autre personne détenue est Sheikh Hamed Al-Beitawi, un député âgé et ancien juge. Al-Beitawi est diabétique et il a eu une partie de son pied amputé il y a quelques semaines.

Aucun accusation n’a été formulée contre le député âgé de 73 ans qui avait fait partie des centaines de militants du Hamas expulsés au sud-Liban en 1991 alors qu’Yitzhak Rabin était premier ministre israélien.

Les arrestations massives ont également inclus le maire de Naplouse, Adli Yaaesh, le maire de Qaliqilya, Wajih Qawwas, l’ancien ministre du conseil législatif, Abdul-Rahman Zeidan aussi bien qu’un certain nombre d’autres députés.

Dimanche passé [27 mai] l’armée israélienne a arrêté un autre ministre du cabinet palestinien, Wasfi Kabaha, et un certain nombre d’autres députés et partisans du Hamas.
Ces nouvelles arrestations sont venues d’ajouter à celles de 40 autres députés du Hamas dont Aziz Deweik, le porte-parole du Parlement Palestinien, enlevés par l’armée israélienne dans leurs maisons et bureaux pour avoir participé aux élections et avoir pris des responsabilités dans un gouvernement qui ne reconnaît pas Israël.

Pourtant Israël et les Etats-Unis avaient approuvé la participation du Hamas aux élections. Mais après la victoire-surprise du Hamas Israël a changé d’attitude et a lancé une politique visant à traquer et arrêter les députés.

Cette campagne impitoyable d’intimidation contre les députés du Hamas, soulevant si peu, si ce n’est aucune opposition des pays occidentaux, a été aggravée par un cruel embargo politique et économique à l’encontre du gouvernement palestinien. Israël extorque les revenus fiscaux des Palestiniens et place leur économie au bord de l’effondrement.

En plus des arrestations, les militaires israéliens se sont lancés dans des incursions à travers toute la Cisjordanie, destruisant de façon éhontée les propriétés des Palestiniens, s’attaquant aux écoles islamiques, aux organisations caritatives aussi bien qu’aux établissements à vocation culturelle et éducative.

Dans la région d’Hébron, les soldats israéliens ont pillé le centre culturel d’Al-Anwar dans Dura, brisant à coups de masse les fenêtres, confisquant plus de 20 ordinateurs aussi bien que des imprimantes, des téléphones et des téléviseurs. Les responsables du centre ont estimé les pertes à plusieurs dizaines de milliers de dollars.

Dans la ville d’Hébron elle-même, les soldats israéliens ont pris d’assaut l’école primaire Qawasmi au milieu de la nuit, volant les ordinateurs des salles de classe et détruisant tout dans l’école. Les mêmes actes de vandalisme se sont répétés dans les loacux de la Liste pour le Changement et le Réforme et dans un certain nombre de centres culturels, sportifs et éducatifs liés aux organisations caritatives islamiques.

Pour devancer une critique possible mais peu probable venant de l’ouest, Israël a informé les Etats-Unis et certains états arabes de la région que les arrestations de masse visaient uniquement des dirigeants du Hamas et qu’elles devaient affaiblir ce mouvement au profit du Fatah et particulièrement au profit de l’entourage de Mahmoud Abbas, le président de palestinien.

Ceci n’est naturellement au mieux qu’une demi-vérité puisque l’armée israélienne a également assassiné et arrêté des militants du Fatah en Cisjordanie. Lundi dernier, les troupes israéliennes ont donné l’assaut à la petite ville de Jéricho et ont sérieusement blessé un militant du Fatah. Après que ce militant ait été amené à l’hôpital dans un état sérieux, les soldats israéliens ont attaqué l’hôpital et enlevé cet homme alors qu’il était dans un état critique.

Dans Ramallah, les troupes israéliennes camouflées ont enlevé Khaled Al-Shawish, un chef du Fatah, handicapé et en fauteuil roulant, sous le prétexte qu’il était un participant actif de la résistance à l’occupation pendant les premières années d’Intifada.

Ceci semble donner du crédit à l’opinion selon laquelle Israël, contrairement à ses affirmations, vise en fait le Fatah avec une vigueur égale et est uniquement intéressé à mener des pourparlers avec des Palestiniens qui soient des bénis oui-oui.

En attendant, des informations provenant de nombreuses sources parlent d’un plan combiné conduit par Israël, les Etats-Unis et certains gouvernements arabes dont l’identité n’est pas révélée, avec pour objectif la destruction du Hamas ou au moins son affaiblissement afin de faciliter le démantèlement de l’Autorité Palestinienne actuelle.

Selon les prévisions, Israël se chargerait de kidnapper la majeure partie de la direction du Hamas en Cisjordanie afin de le laisser sans direction ni orientation. Et dans la bande de Gaza, les Etats-Unis approvisionneraient en argent et en armes le camp représenté par Dahlan afin de renforcer celui-ci contre le Hamas.

Avec en face de lui un Hamas affaibli et sans direction politique, selon ce plan, Abbas dissoudrait le gouvernement national palestinien d’unité et exigerait des élections générales anticipées. Celles-ci seraient largement manipulées par les interventions américano-israéliennes, avec un engagement à lever l’embargo contre les Palestiniens et à payer les salaires en retard des fonctionnaires.

Elliot Abrams, l’apparent metteur en scène de ce plan, espère qu’une importante majorité de Palestiniens voterait pour la direction « modérée » du Fatah, qui accepterait par la suite « un accord de paix raisonnable » avec Israël en vertu duquel les Palestiniens abandonneraient le droit au retour et Jérusalem-est tout en permettrant à Israël de maintenir la plupart, sinon l’intégralité des colonies en Cisjordanie dont Mael Adumim, Ariel, et Pisgat Zeev.

Pour couronner le tout, l’accord final projeté comprendrait aussi « un accord palestinien-israélien » qui permettrait à l’état juif de maintenir un nombre non révélé de bases militaires et de stations de détection avancée sur les principaux sommets en Cisjordanie aussi bien que dans la vallée de la Jordanie, et ceci pendant au moins 30 années.

L’accord permettrait également à Israël « de louer » certaines colonies, tels que Kiryat Arbaa près d’Hébron, pendant 99 années. L’Autorité Palestinienne nie cependant que quelque chose d’équivalent ait été discuté.

Cependant, il est très clair que l’administration Bush, apparemment de connivence avec le gouvernement israélien, se comporte de façon à suggérer qu’un accord de la part de certains Palestiniens, ou au moins une « compréhension réciproque » ait été déjà trouvé avec Mohamed Dahlan. La rumeur veut que Dahlan soit vu comme le successeur d’Abbas, lequel est de plus en plus considéré par les Américains comme faible, indécis et trop peu disposé à s’affronter avec le mouvement Hamas.

Il n’y a aucun doute qu’un tel arrangement ou « braderie » comme de nombreux Palestiniens le considéreraient, entraînerait une opposition énergique de la part de la majorité des Palestiniens, depuis ceux que l’on nomme les « Arafatistes » jusqu’au Hamas et aux organisations de gauche.

Cependant, l’alliance américano-israélienne, probablement de concert avec des gouvernements arabes de la région, trouverait des moyens pour soutenir le « camp de paix » parmi les Palestiniens, arguant du fait que l’opposition doit « donner une chance à la paix », respecter « le jeu démocratique » et permettre « au gouvernement démocratiquement-élu » d’entamer des pourparlers pour un accord définitif avec Israël.

Il est néanmoins peu probable qu’une telle conspiration réussisse à cause de l’opposition massive qu’elle soulèverait, même appuyée par l’argent américain et les carottes israéliennes comme permettre à des Palestiniens de se nourrir et de travailler avec une facilité relative, ou le dégel des recettes fiscales palestiniennes.

En 1978, Israël a imaginé une opération semblable en tentant de détruire la direction d’OLP au profit de la prétendue « ligue des villages ». Cela avait été un échec pitoyable et Israël avait été forcé d’abandonner son plan.

Du même auteur :

- Alors que Gaza brûle...
- La Palestine lance un SOS

1° juin 2007 - Al-Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2007/847...
[Traduction : Claude Zurbach - Info.palestine.net]


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