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Alors que Gaza brûle...

lundi 28 mai 2007 - 22h:59

Khaled Amayreh - Al-Ahram Weekly

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Voulant s’assurer que les « erreurs » de la guerre de l’année dernière contre le mouvement Hizbullah ne se répéteront pas, l’armée israélienne continue de bombarder les zones résidentielles palestiniennes de Gaza et de ses alentours, semant la mort et la destruction sur une population sans défense.

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Sur le site d’une frappe aérienne par un avion israélien dans la ville de Gaza - Photo : AFP

Dimanche dernier, un avion F-16 israélien a envoyé deux missiles sur la maison de Khalil Al-Hayya, un député palestinien représentant le Parti de la Réforme et du Changement [Hamas].

Les missiles ont détruit sa maison, tuant six membres de sa famille, avec parmi eux sa femme et plusieurs de ses enfants. Deux autres personnes qui rendaient visite à la maison d’Al Hayya ont été également tuées dans l’attaque qui selon les israéliens devaient provoquer « choc et terreur ». Al-Hayya n’a pas été blessé [étant absent de son domicile au moment du massacre - N.d.T].

Plus tôt, l’armée de l’air israélienne a effectué un certain nombre de sorties contre des bâtiments du gouvernement, blessant nombre de civils et causant d’incalculables dommages aux infrastructures.

Mardi après-midi des avions de guerre israéliens ainsi que des hélicoptères Apache et des avions sans pilote [drone] ont bombardé un certain nombre d’ateliers métallurgiques, les israéliens affirmant que ces entreprises familiales étaient impliquées dans la fabrication de fusées Qassam.
Près de 30 Palestiniens ont été tués, la moitiéd d’entre eux sans armes et sans rapport aucun avec des groupes armés. Les israéliens ont prétendu que les attaques étaient une réponse à un barrage de missiles Qassam lancés vers des villes israéliennes à proximité de la frontière de Gaza, dont Sderot.

Il est notoirement connu que les fusées Qassam sont imprécises et bien qu’elles fassent beaucoup de bruit et de fumée et provoquent des dégats, elles ont tué très peu de personnes. C’est pourquoi elles sont considérées par Israël et beaucoup de Palestiniens comme arme essentiellement psychologique entretenant un sentiment collectif de crainte dans la population israélienne et particulièrement dans celle de Sderot.

Cette crainte s’est renforcée après qu’une femme israélienne ait été tuée dans Sderot. Jusqu’ici, c’est la seule personne tuée alors que ce sont plus de de 60 fusées Qassam qui ont été tirées, une preuve flagrante de l’inefficacité de ces projectiles.

En effet, la majorité des « dommages » côté israélien sont les personnes en état de choc. Mais si la « souffrance du choc » est considérée comme « un dommage » ou une « blessure » alors les Palestiniens peuvent légitimement affirmer que la population palestinienne entière dans Gaza (presque million et demi de personnes) souffre d’un état de choc encore plus grand dû aux bombardements presques quotidiens et aux massacres aveugles auxquels ils sont soumis.

Il n’y a aucun doute que la réelle motivation à l’origine de la dernière offensive israélienne contre Gaza a bien plus à voir avec le désir du gouvernement israélien de compenser les échecs de la guerre contre le Liban et de mettre en application les recommandations da la commission Winograd. Cette offensive a suivi les fortes critiques faites contre la direction politico-militaire par la commission [Winograd] qui a lancé des accusations de mauvaise gestion, celle-ci ayant permis au Hizbullah d’infliger des pertes élevées au côté israélien.

Certains observateurs estiment que les attaques disproportionnées contre le mouvement Hamas, en même temps que les menaces d’assassinat proférées contre le palestinien Khaled Mashaal, secrétaire-général du bureau politique du mouvement Hamas et le premier ministre Ismail Haniyeh, sont les manifestations de l’ingérence israélienne dans les affrontements intermittents entre le Hamas et la ainsi nommée « tendance pro-américaine » dirigée par Mohamed Dahlan dans le Fatah.

En effet, les chefs militaires israéliens étaient hésitants sur le fait d’attaquer le Hamas alors que les combats entre les deux organisations palestinienness faisaient rage. Mais dès que ces affrontements ont diminué en intensité, l’armée israélienne s’est lancée contre le Hamas.

La semaine dernière, le journal israélien Haaretz a signalé que des gouvernements occidentaux qu’il ne nommait pas, incluant vraisemblablement les Etats-Unis, avaient demandé à Israël d’aider le Fatah à vaincre le Hamas, suivant l’exemple de l’intervention éthiopienne en Somalie contre l’ancienne union des combattants des Conseils Islamiques.

Le Fatah a vigoureusement repoussé ces accusations car leur accorder le moindre crédit les ferait passer pour des agents des Israéliens et des Américains face aux patriotes Palestiniens.

Ce dimanche [20 mai], Urayeb Rantawi, un commentateur palestinien basé en Jordanie, a recommandé au Fatah de justifier « sa raison d’être » et de clarifier ses buts. « Nous voulons savoir et les Palestiniens veulent savoir, si le Fatah est toujours ce glorieux mouvement de libération qui a démarré et poursuivi la lutte pour la liberté pendant des décennies ou s’il s’est transformé en groupe dépendant des israéliens, financé et armé par les Etats-Unis et Israël ? »

En attendant, les derniers affrontements entre le Fatah et le Hamas semblent avoir cessé pour l’instant, principalement en raison des efforts intensifs de médiation faits par l’Egypte. De façon étonnante, il n’y a eu aucun effort de médiation fait par aucun autre état arabe.

La dernière explosion de violence, qui a duré plus qu’une semaine, a provoqué la mort de 45 Palestiniens et fait encore beaucoup plus blessés. En outre, le combat a encore creusé le fossé psychologique entre les deux mouvements et a pu préparer le terrain pour la prochaine confrontations armée si de fermes résolutions ne sont pas prises dans un proche avenir.

Salah Al-Naami, journaliste a Gaza, expert en affaires israéliennes et correspondant pour le journal Al-Sharq Al-Awsat publié à Londres, a écrit lundi qu’à moins que le Hamas et le Fatah ne soient d’accord pour une véritablement association, le dernier cessez-le-feu sera au plus une pause ou un bref répit dans le combat fratricide.

Al-Naami a également suggéré que des formes traditionnelles de réconciliation entre les clans et les familles de Gaza qui ont perdu des fils dans le combat fratricide soient adoptées par lesquelles « de l’argent pour le sang » ou diyya serait versé à chaque famille affectée.

Al-Naami a invité les riches états arabes à prendre cela en charge, disant qu’une telle méthode serait considérée comme un traitement radical du problème.

Au niveau politique, il est facile de pronostiquer que les confrontations reprendront rapidement si les forces et les milices dépendant de Dahlan, ainsi que la Force Exécutive du Hamas persistent à ne pas obeïr aux ordres du ministère palestinien de l’intérieur.

En effet, c’est suite à ces refus d’obeïssance que l’ancien ministre de l’intérieur a démissionné, arguant du fait que les milices ignoraient les directives de son ministère.

Arrivé à un tel point, il devient impératif que la direction palestiniene s’assure que les forces du Fatah cessent tout contact et toute coordination avec les représentants américains tels que Keith W. Dayton, coordinateur américain avec l’Autorité Palestinienne et Israël pour les questions de sécurité, qui ne font aucun secret de leur désir d’allumer le feu de la guerre civile parmi les Palestiniens afin de servir les intérêts israéliens.


Du même auteur :

- La Palestine lance un SOS
- Al-Qaida entre en scène

25 mai 2007 - Al-Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2007/846...
Traduit de l’anglais par [AIO - Info-palestine.net]


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