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Voir Beyrouth et vomir

samedi 26 mai 2007 - 06h:04

Loubnan ya Loubnan

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Vous voulez de l’odieux, du raciste, du répugnant (et du affreusement mal écrit) ? Vous voulez comprendre pourquoi le Liban va purement et simplement disparaître ? Il suffit de lire l’éditorial de ce jour de L’Orient-Le Jour, affligeant quotidien francophone devenu l’organe officieux des Forces libanaises. J’évoquais avant-hier l’invraisemblable cynisme des néo-conservateurs, dont la grande force est d’être capable d’éradiquer la réalité. En voici un cas exemplaire.

Chant de guerre, de Ziyad Makhoul

Le Liban et la Syrie, que cet ahurissant Ehud Olmert est en train de draguer de plus en plus ouvertement, sont désormais bel et bien en guerre : à chacun ici, donc, de choisir son camp. Ou, ce sera certainement plus honorable de fermer sa gueule : il est justement, en ce moment, de monstrueuses non-assitances à pays en danger comme de bien assourdissants silences qu’il faudra vite décrypter, une fois la guerre gagnée. Des coups de Jarnac et des silences jaloux, envieux : le cabinet Siniora, éminemment, évidemment critiquable dès lors qu’on le laissera travailler, a ceci de somptueux, dans ce monde post-11 Septembre, qu’il est le premier gouvernement libanais à engager, enfin, la guerre contre le terrorisme, à s’engager carrément. Cela peut paraître banal, comme cela, à première vue ; c’est juste énorme.

Le Liban et la Syrie sont en guerre, et cette guerre se fait sur trois fronts.

Il ne pourrait et ne pourra y avoir de solution politique, de compromis, de compromission avec cette Barbie syrienne mortifère qu’est Fateh el-Islam et que le régime de Damas a décidé d’exhiber dans l’une des pires superpoudrières libanaises : le camp palestinien, cette entité kystique dans laquelle grouillent, par définition, et s’opposent mille et une obédiences. Double et monumental défi ainsi imposé au gouvernement Siniora : réussir cette guerre contre le terrorisme et réussir là où tout le monde a toujours échoué, réussir à changer drastiquement la mentalité des réfugiés palestiniens au Liban en leur faisant comprendre qu’il est largement temps pour eux de remplir, sans tergiverser, sans pinailler, sans hésiter leur incontournable et, surtout, leur non négociable devoir de sol. Même si cela doit passer par une auto-intifada, une orageuse remise en question : en accueillant les terroristes, en les autorisant à opérer à partir de leur camp, en acceptant bon gré mal gré de leur servir de boucliers humains, les réfugiés de Nahr el-Bared, soumis sans aucun doute à de nouvelles et insupportables misères, n’en restent pas moins les seuls responsables de cette naqba. C’est uniquement en remplissant ce devoir de sol, en aidant par tous les moyens, politiques et militaires, cette armée libanaise qui, n’en déplaise à certains médias étrangers trop rapidement larmoyants, fait tout pour éviter la mort d’innocents, que les réfugiés palestiniens pourraient alors commencer à militer pour certains droits qui rendraient plus facile l’attente de l’urgentissime retour en Palestine.

Deuxième front de guerre libano-syrien, désormais diplomatique, dans les couloirs du Palais de Verre : le tribunal international, avec aux avant-postes l’indispensable Tarek Mitri. Et, en renforts, comme d’habitude, une France déterminée à assister, du premier rang, à la naissance de ce tribunal : pour le coup, ce si cher Émile Lahoud, qui s’était chaudement félicité du départ de Jacques Chirac, a dû apprécier hier à sa juste valeur la visite et la conférence de presse au Sérail d’un Bernard Kouchner surdopé. « Ne comptez pas sur la communauté internationale et en tout cas pas sur la France pour renoncer au tribunal international », a-t-il asséné avec un clin d’ ?il complice, amical et invisible au bon Sergueï Lavrov ; un tribunal qui sera très certainement adopté sous le chapitre VII mardi 29 mai, grâce ou plutôt à cause de l’opposition libanaise, qui a décidé de le politiser à outrance et qui s’y est employée comme une reine. Il serait à ce propos totalement faux de penser que le mode contraignant de la future résolution gêne le moins du monde cette opposition seulement préoccupée à sauvegarder les apparences face au régime syrien ; au contraire, il la soulage.

Troisième front de guerre entre Beyrouth et Damas, peut-être le plus pervers, pernicieux en diable, psychologique et criminel : la peur. Achrafieh la FL, Verdun la Courant du futur, Aley la PSP : premiers volets sanglants d’une danse de mort que le régime baassiste ne compte aucunement arrêter, d’un tryptique d’incendies qu’il compte bien démultiplier à volonté : coupler dans la tête de chaque Libanais la terreur de se faire tuer au dégoût de son pays, lui faire regretter au centuple chaque I Love Life qu’il a scandé, collé, affiché, hurlé ; mettre en quarantaine un pays qui a le culot de vivre et de vouloir vivre libre et ouvert aux mondes et le suicider économiquement, lui offrir une troisième misérable, monstrueuse saison estivale ; abuser de la psychose et transformer les Libanais en autant de zombies. Dans cette guerre, pourtant, voilà les vrais combattants : des Libanais, citoyens et responsables, qui ont toujours balayé d’un revers de la main et d’un éclat de rire, d’une bouteille d’arak ou d’une orgie de décibels les bombes, les voitures piégées, les faiseurs de cadavres. Les vrais gagnants.

Une lutte implacable contre le terrorisme ; un combat jusqu’au-boutiste pour l’avènement de la vérité et de la justice ; un transcendement de soi au quotidien pour bouffer la vie à pleines dents et la faire triompher : sans doute fallait-il cette guerre-là pour mettre l’État en marche, triplement et sacrément en marche, envers et contre tous ses contempteurs, du dedans et du dehors. Plus encore : pour la première fois, et voilà certainement pourquoi la victoire sera au rendez-vous, pour la toute première fois depuis le début des années 40, l’État et le peuple libanais mènent, après l’avoir librement décidée, leur propre guerre.

Pour donner à réfléchir, voici ce qu’écrivait Adolf Hitler dans Mein Kampf :

Un trait de génie d’un grand chef est de toujours laisser entendre que des ennemis, même très éloignés les uns des autres, appartiennent à une seule et même catégorie, car chez les faibles et les indécis, se savoir des ennemis différents éveille bien trop aisément un doute quant au bien-fondé de leur propre cause.

Loubnan ya Loubnan, le 25 mai 2007

Précédentes sections du blog :
- Les Hariri financent « al-Qaida », mais c’est pour la bonne cause
- Liban, le chaos constructif est en marche


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