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Pris au piège entre les lignes

vendredi 8 décembre 2006 - 09h:39

IRIN

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Ayoub : « Personne d’Azzun Atmeh ne s’en va. Nous avons ici toute notre terre et nous ne voulons pas la perdre. L’avenir est très sombre. »

En 2002, Israël a commencé la construction d’une barrière de béton de 703 km de longueur et de 8 m de hauteur à travers la Cisjordanie, dans les territoires occupées. Aujourd’hui, 670 km ont été achevés. Israël dit que le mur est une mesure de sécurité pour protéger les citoyens israéliens des attaques terroristes des militants palestiniens, mais quand la barrière sera terminée, environ 10 % de la Cisjordanie sera considérée à l’intérieur d’Israël.

En juillet 2004, la Cour internationale de Justice de La Haye a déclaré que le tracé de la barrière qui s’infiltre le long de la frontière occidentale de la plus grande partie des territoires occupés était illégal au regard de la loi internationale humanitaire et des droits humains, parce qu’il enfreignait « gravement » un certain nombre de droits des Palestiniens qui vivent en Cisjordanie.

IRIN traite en 5 articles des conséquences humaines du mur pour les deux côtés, israéliens et palestiniens.

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Ma’azouz Youssef aux funérailles de son grand-père. Beaucoup de ses parents n’ont pu y assister.
(Tom Spender/IRIN)

Seuls, 20 hommes ont pu assister aux funérailles du grand-père de Ma’azouz Youssef car on a pas permis aux autres de passer la barrière d’Israël vers le village, dit Youssef, 33 ans. Azzun Atma est l’un des quelques villages palestiniens qui se retrouvent [enfermés par le mur]. « Seuls les gens qui ont la carte d’identité conforme pour le village ont pu rentrer. Ma s ?ur n’a pu rentrer aujourd’hui parce qu’elle a épousé un homme de la ville de Saniri, lieu indiqué sur sa carte d’identité comme celui de sa résidence. Elle ne peut se rendre là où elle est née. » dit Youssef.

Environ 50 000 Palestiniens se retrouvent dans cette position peu commune, habitant entre la Ligne verte (la ligne d’armistice de 1949) et le mur qu’Israël dit nécessaire pour garder les terroristes hors d’Israël.

A Azzun Atma, les soldats israéliens ferment les portes à 10 h du soir, enfermant les habitants jusqu’à leur ouverture le lendemain matin à 6 h. Cela veut dire que 2 000 personnes ne peuvent recevoir de soins médicaux en cas d’urgence durant la nuit. Il n’y a aucun docteur dans le village ; il vient un docteur au centre de santé seulement 6 heures par semaine, dit Abdelkarim Ayoub, le secrétaire du conseil du village. Jusqu’ici, deux femmes ont été obligées de donner le jour à leur enfant dans leur propre maison car elles n’ont pu aller de nuit à l’hôpital, dit-il. « Maintenant, à environ une semaine du terme prévu pour accoucher, les femmes partent du village chaque soir avant 10 h et restent chez des parents de l’autre côté de façon à ce qu’une ambulance puisse les prendre et les emmener à l’hôpital » dit Ayoub.

Le couvre-feu oblige les villageois qui arrivent à la porte ne serait-ce que quelques minutes après 10 h du soir à dormir chez des parents de l’autre côté, ou dans leur voiture, ou même sous les arbres parce que les soldats ne les laissent pas rentrer, dit Youssef. C’est ainsi que Youssef n’a pu se rendre au chevet de son grand-père à l’hôpital de Qalqilya quand il mourrait. « Il a été seul. Il est mort sans sa famille autour de lui. » Les Palestiniens qui se retrouvent du « mauvais côté » du mur disent que leur village a été transformé en une prison. « Je vais changer la banderole de bienvenue à l’entrée du village pour mettre ’ Bienvenue dans la prison’, parce que c’est ce qu’il est devenu pendant ces trois dernières années » dit Ayoub.

Lors d’un déplacement dans les Territoires palestiniens occupés en novembre, Louise Arbour, directrice pour les Droits de l’homme à l’ONU, a déclaré que la Cour internationale de Justice (CIJ) avait dû se prononcer pour dire si l’impact humanitaire massif de la barrière sur des villages comme Azzun était justifié. « Pour ceux qui sont coincés entre la Ligne verte et la barrière, il y a une violation nette de leur droit à circuler. Est-elle justifiable ? la CIJ a déclaré que si Israël restait sur la Ligne verte, il pouvait construire ce qu’il voulait » a-t-elle déclaré à IRIN. « Ici, vous avez un peuple qui assure son droit à la sécurité contre le droit d’un autre peuple à la liberté. »

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Azzun Atma, le village est complètement enfermé par le mur.

Maintenant, le gouvernement israélien érige une nouvelle barrière entre la colonie israélienne d’Oranit à l’est et celle de Sha’are Tiqwe à l’ouest qui laissera Azzun Atma complètement enfermé. « Nous sommes maintenant enfermés des quatre côtés » dit Ayoub, dont la famille fait partie des dix qui sont à l’extérieur du deuxième mur, au sud du village. Il dit à IRIN qu’il n’a aucune idée de ce que deviendront ces familles. « Personne d’Azzun Atmeh ne s’en va. Nous avons ici toute notre terre et nous ne voulons pas la perdre. L’avenir est très sombre. » La pauvreté et le manque d’emploi touchent maintenant 60 % du village, dit Ayoub, et les entreprises font faillite parce qu’elles ne peuvent faire venir du travail de l’extérieur.

De leur côté, les forces de défense israéliennes (IDF) ont déclaré à IRIN que la barrière était un impératif pressant pour la sécurité. Elles prétendent que quiconque veut aller à Azzun Atma peut faire une demande au bureau de la coordination du district pour avoir une autorisation.
Mais en pratique, il est très difficile de l’obtenir, dit Ayoub, ajoutant que la plupart des villageois n’ont pas reçu la visite de leurs parents depuis que la barrière a été montée.


Article diffusé par l’intermédiaire d’IRIN, service pour l’information et les nouvelles humanitaires de l’ONU ; il n’exprime pas nécessairement l’opinion des Nations unies ni celle de ses agences. IRIN est un projet du bureau des Nations unies pour la coordination des Affaires humanitaires.

4 décembre 2006 - http://electronicintifada.net/v2/ar...
Trad. JPP


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