Dans l’immédiat, c’est le Hamas qui prend le dessus dans les combats interpalestiniens. Faut-il autoriser Amman et Le Caire à armer le Fatah ? Faut-il installer une force internationale à la frontière égypto-palestinienne ?

La tension demeure vive, tant entre Palestiniens qu’entre Palestiniens et Israël.

Bien que l’aviation israélienne ait intensifié son "blitz dissuasif" sur Gaza, le Hamas continue à bombarder le Sud d’Israël. Quelque 150 roquettes "Kassames" en moins d’une semaine, une cinquantaine rien que ce week-end, qui se sont abattues essentiellement sur la petite ville de Sderot, mais aussi sur les abords de la ville Ashkelon et sur les communautés rurales entourant la Bande de Gaza.

De portée de plus en plus longue et précise, ces projectiles artisanaux ont directement touché des logements, des voitures, une synagogue et une école à Sderot, ainsi qu’une zone industrielle d’Achkelone, et ont embrasé des champs cultivés. Si les habitants ont eu la vie sauve jusqu’à présent, c’est parce que des milliers d’entre eux se sont réfugiés ailleurs dans le pays, les écoles locales restent provisoirement fermées et la plupart des lieux de travail sont paralysés.

État "spécial"

Dimanche, le ministre israélien de la Défense, Amir Peretz, lui-même habitant de Sderot, a décrété un état "spécial" dans Sderot et ses environs. Ce qui permet à l’armée et la Défense civile de prendre des mesures d’urgence au service de la population sur place.

Parallèlement, le cabinet de sécurité israélien a décidé d’accentuer sa riposte à Gaza. L’aviation peut désormais cibler tout chef du Hamas et du Jihad islamique. Ainsi, dans la soirée, Israël a bombardé la maison d’un député Hamas, Halil El Haya. Ce dernier n’a été que légèrement blessé, mais au moins 8 personnes, dont six membres de sa famille, ont été tuées.

L’aviation avait déjà multiplié ses frappes durant le week-end sur des arsenaux, des véhicules et des commandos des deux mouvements islamistes. Depuis mercredi, une trentaine de Palestiniens ont été tués par les attaques israéliennes. Une centaine ont été blessés. Il n’est pas encore question toutefois de réoccuper Gaza.

Force internationale ?

Par ailleurs, la ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, a élaboré une solution inédite qu’elle compte bientôt soumettre à l’ensemble du gouvernement israélien : l’installation, en coordination avec l’Egypte, d’une force internationale sur la route qui longe la frontière entre la Bande de Gaza et le Sinaï égyptien. Cela, pour stopper l’infiltration d’armes dans Gaza et "assécher" le potentiel "terroriste".

La droite israélienne continue par contre à exiger une offensive d’envergure. Le ministre des Affaires stratégiques, Avigdor Lieberman, a lancé un ultimatum à M. Olmert, dimanche, si Israël ne "casse" pas le Hamas, c’est lui, Lieberman qui "cassera" le gouvernement Olmert. Mais le Jihad islamique a mis en garde ses militants : hommes et femmes, sont prêts à se faire exploser si les tanks israéliens envahissent Gaza.

Entre-temps, entre Fatah et Hamas, c’était l’accalmie ce week-end. Conformément à un cessez-le-feu conclu samedi à Gaza sous le patronage de l’Egypte, chacune des factions a libéré les dizaines d’otages enlevés dans le camp rival et rendu la rue à la population locale.

Mais les tensions internes demeurent à fleur de peau. Car on le confirmait dans les territoires, dimanche c’est une nouvelle génération d’extrémistes qui a pris le dessus dans les milices armées, tant au Fatah qu’au Hamas. Extrémistes en idéologie et en actes, qui sont résolus à prendre le contrôle de la Bande de Gaza, manu militari, au mépris de leurs propres dirigeants politiques - fut-ce le président Mahmoud Abbas, ou même le chef du Hamas en exil, Khaled Machal, qui maîtrisait le terrain islamiste jusqu’il y a peu.

Or, dans l’immédiat, d’après les observateurs locaux, c’est le Hamas qui gagne. Le Fatah a plus d’effectifs et d’armes que le Hamas. Mais ce dernier est mieux entraîné et organisé. Plusieurs officiers des branches de sécurité liées à M. Abbas ont fui Gaza pour la Cisjordanie, suite à des menaces de mort du Hamas. Israël devrait décider prochainement s’il accepte la demande américaine d’autoriser l’Egypte et la Jordanie à transférer des armes, munitions et autres équipements militaires aux forces de M. Abbas.

Anne-Renée Gutter, correspondante à Jérusalem - La Libre Belgique, le 21 mai 2007

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