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Les critiques s’amplifient parmi les jeunes militants du Hamas

vendredi 6 mai 2016 - 07h:33

Asmaa al-Ghoul

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Bande de Gaza – Le mouvement du Hamas est né des initiatives de la jeunesse palestinienne dans les années 80, et ces jeunes hommes sont aujourd’hui devenus des dirigeants.

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Rafah, février 2016 - Des jeunes combattants du Hamas protègent un rassemblement de leur organisation - Photo : Reuters/Suhaib Salem

Comme le Hamas dirige la bande de Gaza depuis 2006, cela nous amène à nous interroger sur le rôle des jeunes. Sont-ils confinés aux fonctions de défense et de renseignement ? Qu’en est-il du côté politique ? Et pourquoi n’y a-t-il aucun dirigeant du Hamas âgé de moins de 40 ans ? Le responsable le plus jeune de ce mouvement est âgé de 40 ans et se nomme Mushir Al Masri, un membre du conseil législatif palestinien issu du Bloc du changement et de la réforme.

Un rapport rédigé par l’Institut du Développement des Études et titré « Cartographie de la participation politique de la jeunesse palestinienne », a révélé que les taux de participation des jeunes entre 18 et 35 ans dans le Hamas en Cisjordanie, la bande de Gaza et à l’étranger, sont de 0% dans les positions seniors, moins de 7% au sein des principaux comités et 4% dans les comités électoraux. Ces faibles taux de représentation coïncident avec la montée des critiques parmi les jeunes membres du parti islamique.

Un jeune adhérent du Hamas a confié à Al Monitor, en souhaitant conserver l’anonymat, que le parti se préoccupe fortement de son influence politique et sociale. « La direction traite étrangement les jeunes qui ont dédié leur vie à la cause. Aujourd’hui ils sont dans leur trentaine sans aucune réalisation à leur actif ». Il a également ajouté : « Quand le mouvement était plus important que les intérêts, nous comprenions l’importance d’être ensemble, nous étions vénérés plus que n’importe qui d’autre par les déshérités. Cependant, un changement s’est produit au sein du Hamas au niveau social après son arrivée au pouvoir, en donnant naissance à une disparité sociale. »

Il a expliqué que beaucoup de jeunes du parti sont maintenant concentrés sur la justice sociale, particulièrement en ce qui concerne les employés du gouvernement du Hamas avec leurs salaire impayés et les allocations qui ne sont pas versées. Il paraissait septique concernant n’importe quels changements dans un futur proche. Avec un groupe de jeunes islamistes, il a envisagé le lancement d’une initiative nationale non partisane. Selon lui, « en tant que membres de la génération des années 80 et 90, nous sommes arrivés à la conclusion que notre idéologie ne peut fournir une solution à nos problèmes d’aujourd’hui ».

Ibrahim Al-Mahdoun, un écrivain en lien avec le Hamas, explique cependant qu’il considérait comme illogique le fait de demander au Hamas de redevenir comme il était dans les années 80. Il soutient que « le Hamas s’était concentré sur ses activités caritatives tout en jouant un rôle minime avec très peu d’adhérents. Mais maintenant le Hamas est dynamique en ce qui concerne son expansion et son ouverture, en assumant un rôle central en faveur de la cause palestinienne. Ce n’est pas équitable de comparer le Hamas d’aujourd’hui à celui des années 80. Avec 50 000 employés, il dispose maintenant d’une autorité politique étendue et d’une forte importance régionale. La nature de la situation actuelle dicte une combinaison de révolution armée - incarnée par les brigades d’Izz ad’Din al-Qassam - et de services sociaux - ce qui est le travail d’un gouvernement ».

La critique émise par le jeune membre du Hamas est devenue banale aujourd’hui sur les médias sociaux.

Bilal Abu Shanab fait partie de la jeunesse islamiste qui ose parler à voix haute, tandis que d’autres membres du Hamas ont contesté son point de vue en commentant ses publications.

Le 11 février, Rami Rayan, un jeune homme travaillant au sein du ministère de l’intérieur de Gaza, a critiqué la décision d’acheter 36 nouvelles voitures pour les commandants alors que les fonctionnaires travaillaient sans recevoir leur salaire. La réaction du Hamas fut de l’arrêter immédiatement.

L’arrestation de Rami Rayan a poussé Abu Shanab a publier un message sur Facebook le 23 février, disant : « Premièrement, la mission des services de sécurité était de protéger le Hamas de n’importe quelle brèche, après leur travail avait pour mission de combattre la délinquance, et après cela, ils étaient chargés de protéger les voitures du vandalisme ou de la critique en poursuivant ceux qui n’aimaient pas ces voitures #FreeRamiRayan #We’veHadEnough ».

D’après Madhoun, la montée de la critique de la part des jeunes au sein du parti islamiste est la preuve de son évolution. Selon lui, « le Hamas est arrivé à un point où la critique est émise publiquement tout en émanant de l’intérieur ».

Madhoun a également ajouté : « Les voix qui critiquent le Hamas sont un signe de pouvoir. Le Hamas n’est plus seulement un mouvement de résistance mais celui qui détient les rênes du gouvernement ». Il a également souligné que « les jeunes sont satisfaits de la position révolutionnaire et religieuse du Hamas. La critique vise à améliorer la performance du gouvernement, ce qui affecte directement leur vie ».

Un autre jeune membre du Hamas, l’écrivain Ahmad Abu Ratima, s’oppose au point de vue de Madhoum. Le 25 février, il a émis un message sur facebook : « Tout le monde a bien accueilli le nouveau climat de liberté d’expression qui a donné le droit aux membres et supporters d’interpeller leurs partis... Mais est-ce que toutes ces critiques changeront quelque chose ? Quel bien peut émaner de la liberté d’expression si elle n’améliore pas les comportements ? ».

Lors d’une interview avec Al Monitor, Abu Ratima a expliqué : « La critique est un signe de vitalité et un indicateur positif que nous ne nous laissons pas diriger aveuglement. Cela montre que nous accordons de l’importance au Hamas, assez pour le pousser à adopter les principes de la justice que nous avons mis en valeur. Je crois que l’avenir du parti dépend directement de ce type de critique ».

Un membre du Hamas depuis son enfance tout le temps de sa jeunesse, Abu Ratima rajoute « L’honnêteté veut que nous soyons limpides, alors que la courtoisie et la volonté d’apaisement sont révélatrices d’un faux engagement ». Il souligne la difficulté pour le Hamas d’assurer la survie d’un gouvernement en crise au milieu de circonstances difficiles telles que le blocus et les salaires impayés. « C’est pour cela que notre critique est nécessaire, particulièrement parce que notre raison d’être en tant qu’organisation, c’est d’être meilleurs que nos prédécesseurs ».

S’exprimant devant Al-Monitor, Sami Abu Zahri, porte-parole du Hamas, affirme que le parti est à l’écoute des problèmes des jeunes à travers les cadres pour la jeunesse et les camps d’été qui accueillent des milliers de participants. Il dit : « Les dirigeants du Hamas sont généralement jeunes, dans la majorité des instances dirigeantes ».

Adressant une critique, Abu Zahri ajoute : « Quelques jeunes personnes sont très peu informées sur les principaux problèmes à cause de leur implication marginale. Le parti ne devrait être tenu responsable des critiques qu’il reçoit de la part de ceux qui sont en désaccord avec lui, simplement parce qu’ils sont sous l’influence de médias sociaux ». Et de conclure : « La manière dont les choses fonctionnent au sein du Hamas sont un effet de élargissement du mouvement. Et c’est en relation avec une forte promotion du nationalisme et de l’Islam, sans tomber dans l’esprit partisan ».

Dans ce contexte de montée des critiques à l’égard du parti, certains vont jusqu’à le quitter. D’autres se tournent vers le radicalisme religieux, tandis que quelques autres trouvent un juste milieu entre la critique et l’appartenance au mouvement.

* Asma al-Ghoul est journaliste et écrivain, du camp de réfugiés de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

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22 avril 2016 - Al-Monitor - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.al-monitor.com/pulse/ori...
Traduction : Info-palestine.eu - Kanachiwa


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