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Le réalisme syrien

samedi 19 mai 2007 - 06h:32

Salama A. Salama - Al-Ahram Hebdo

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Opinion

Il est difficile de comprendre les angoisses et les méfiances qui motivent la politique syrienne, en ce qui concerne les conjonctures et les relations interarabes et internationales, sans se rendre au Golan occupé.

Le Golan n’est pas très loin de Damas. Il se situe dans la partie sud-ouest de la Syrie et s’étend sur une longueur de 80 km, en voisinage avec la Palestine. Le Golan est fait de collines vertes et fertiles où coulent un grand nombre de ruisseaux et de sources et il est la clé de la domination des territoires palestiniens. Israël y a installé de nombreuses colonies de défense. C’est de là qu’apparaît la réalité de la situation politique et militaire et tout observateur objectif assimile que les angoisses qui dominent la politique syrienne sont justifiables dès l’instant où Israël a réoccupé le Golan pendant la guerre de 1973.

Il n’y a pas moyen de comparer l’armement intensif qu’Israël obtient des Etats-Unis et les difficultés que la Syrie doit affronter pour obtenir des armes à partir de ses ressources traditionnelles. Outre le blocus américain qui lui est imposé à cause de sa lutte contre les politiques américaines d’hégémonie et les tentatives d’imposer la paix israélienne par la force.

Ceux qui accusent la Syrie de s’opposer aux efforts de paix oublient qu’elle était en 2000 sur le point de parvenir à un accord de paix par l’intermédiaire de Clinton. Mais Barak, qui était premier ministre d’Israël à cette époque, a fait échouer l’accord sous prétexte que les Israéliens ne pourront pas supporter le spectacle des Syriens en train de nager dans les eaux du lac de Tibériade.

Et quand le président Bachar Al-Assad a dernièrement insinué qu’il était prêt à parvenir à une paix sans conditions, les Etats-Unis s’y sont opposés et Olmert a posé des conditions réclamant à la Syrie de rompre toute relation avec l’Iran, le Hezbollah et le Hamas. Elle a également été appelée à ne plus intervenir dans les affaires libanaises et à interdire l’infiltration d’éléments armés en Iraq à travers les frontières syriennes.

C’est de là que le cas syrien est différent des cas égyptien ou jordanien qui sont liés au projet américain par l’intermédiaire de l’accord de paix avec Israël. Si la Syrie, sous les pressions américaines visant à l’isoler et à la marginaliser, s’est trouvée dans l’obligation de se rallier à l’Iran, et de coordonner ses efforts avec le Hezbollah et avec toutes les forces antagonistes au projet américain au Proche-Orient, personne ne peut la blâmer.

La Syrie a tenté de briser le mur d’isolement que lui ont imposé les Etats-Unis et la France et auquel ont participé certains Etats arabes sous prétexte de craindre la puissance iranienne. Mais il est vraiment étrange de voir que ceux qui craignent l’hégémonie iranienne sont totalement aveugles face aux dangers de l’hégémonie américano-israélienne. Cependant, il est naturel que l’issue logique soit de parvenir à des ententes régionales sécuritaires avec l’Iran qui préserveraient les intérêts des deux parties. La politique syrienne a prouvé qu’elle était la meilleure à employer ces cartes sans pour autant renoncer à ses constantes.

Si la porte s’ouvre face à la normalisation des relations syrio-américaines à la lumière de la détente qui a eu lieu à Charm Al-Cheikh, le problème libanais pourra alors connaître une solution rapide. Mais si toutes les issues sont bouchées et si les Etats-Unis ont recours au Conseil de sécurité pour promulguer un verdict de la part de la Cour internationale de justice sans prendre en considération les intérêts syriens, la situation pourra exploser au Liban pour ramener le danger d’une nouvelle invasion dans la région.

Salama A. Salama - Al-Ahram Hebdo, semaine du 16 au 22 mai 2007, n° 662

Du même auteur :
- Azmi Bishara : Un combattant en danger
- La résistance palestinienne touche-t-elle à sa fin ?


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