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Italie : large appel au boycott des institutions universitaires israéliennes

lundi 1er février 2016 - 10h:19

Dalia Hatuqa & Patrick Strickland

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Les signataires accusent les universités israéliennes d’être complices de la violence étatique et des violations des droits humains par Israël.

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Les fidèles palestiniens sont de plus en plus fréquemment interdits d’accès par les troupes d’occupation, à l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem - Photo : AFP

Un groupe de professeurs et de chercheurs italiens appellent au boycott des institutions universitaires israéliennes, affirmant que celles-ci sont complices « de violations du droit international et des droits de l’homme ».

Quelques 170 chercheurs de plus de 50 universités italiennes et d’organismes de recherche ont signé un engagement au boycott. Les signataires se sont présentés comme « un bloc conséquent et critique de chercheurs » qui ne sont « plus disposés à tolérer la complicité universitaire israélienne avec la violence de L’État d’Israël ».

« L’absence totale de toute condamnation grave de leur part depuis la fondation de l’État d’Israël nous a amenés à prendre l’initiative » disent les signataires dans un communiqué.

Les universitaires - qui enseignent et travaillent dans des universités de premier plan, y compris l’Université de Bologne, l’Université de Rome et l’Université de Milan - ont indiqué qu’ils faisaient partie d’une tendance mondiale croissante de chercheurs prenant position pour les droits des Palestiniens.

« Je pense qu’il est important que les membres du milieu universitaire italien aient rejoint le boycott international, parce que c’est un signe que même en Italie, la campagne BDS [boycott, désinvestissement et sanctions] est de plus en plus fréquente, » a déclaré à al-Jazeera Federico Zanettin, professeur agrégé d’anglais et de traduction à l’Université de Perugia.

Le mouvement BDS est une campagne internationale dirigée par les Palestiniens, qui appelle aux pressions économiques et politiques sur Israël pour que ce dernier respecte l’égalité des droits de ses citoyens palestiniens et mette fin à son occupation des territoires palestiniens et arabes, y compris le Golan syrien.

« Le mouvement BDS redonne leur véritable signification et leur valeur aux notions de mandat politique et d’action collective, » a déclaré à al-Jazeera Alaa Tartir, le directeur des programmes à al-Shabaka Policy Network. « Cette appropriation populaire de l’un des outils pour la lutte pour l’autodétermination, est un facteur clé qui explique le succès, la légitimité et le rôle influent de BDS. »

Tartir présente le succès de la campagne de boycott sur les campus à travers l’Europe et les États-Unis, comme une preuve de la réussite croissante du mouvement.

« Voilà comment la relation entre l’occupé et l’occupant doit être considérée : une relation basée sur une confrontation continue pour l’imposition des droits, » a-t-il dit. « Voilà pourquoi [cette campagne] constitue une importante source d’espoir pour les Palestiniens, en Palestine même comme en exil. »

L’année dernière, plus de 300 universitaires de dizaines d’universités britanniques se sont engagés à boycotter les institutions universitaires israéliennes pour protester contre ce qu’ils ont appelé « les intolérables violations des droits de l’homme » contre le peuple palestinien. Cet appel a vu le jour après qu’un groupe d’écrivains et d’universitaires, avec parmi eux le célèbre auteur JK Rowling, aient critiqué le boycott, disant que cela « singularise Israël » en le pointant comme « discriminatoire ».

Les partisans du boycott en Italie ont également été confrontés à une certaine résistance au fil des ans. L’auteur italien Umberto Eco a critiqué un boycott culturel d’Israël lors du 25e Salon du livre à Jérusalem en 2011. Eco, l’un des auteurs à succès en Italie, a déclaré : « Je considère qu’il est absolument délirant et fondamentalement raciste d’identifier un érudit, un citoyen privé, avec la politique de son gouvernement. »

En Israël, l’Association des responsables des universités ont sans surprise condamné l’initiative BDS, en l’appelant « une campagne anti-israélienne globale agressive, orchestrée par un groupe d’intérêt marginal, qui depuis plusieurs années a soutenu la diffusion de mensonges démoniaques (sic !) contre l’État d’Israël. »

Les signataires de l’appel italien au boycott présentent leur initiative comme particulièrement importante en raison de la relation spéciale entre Israël et l’Italie.

« L’Italie [est] l’un des partenaires clés en Europe avec les militaires et universitaires d’Israël, » a noté la déclaration. « Un accord de coopération militaire entre les deux pays fournit une recherche militaire conjointe, des exercices pratiques et le développement de systèmes d’armes. »

En mars, la Société italienne d’études du Moyen-Orient va organiser un forum sur les implications générales des campagnes pour le boycott universitaire et culturel d’Israël, au cours de sa conférence annuelle à Catane. Ce sera la première fois qu’une association académique en Italie débattra publiquement de l’appel palestinien pour le BDS.

Simona Taliani, professeur adjoint d’anthropologie à l’Université de Turin, a déclaré que les universitaires italiens avaient juste commencé à s’engager dans les initiatives de boycott.

« La campagne est importante parce qu’elle informe mieux les universitaires en Italie », a déclaré Taliani à al-Jazeera. « Il est très urgent d’agir pour que les gens [prennent] conscience de la complicité des universités israéliennes dans les investissements militaires et le système répressif contre les Palestiniens. »

Selon les signataires, la déclaration sert également à soutenir les chercheurs palestiniens qui « subissent de graves violations des droits de l’homme et le déni de leurs libertés académiques de base. » L’initiative, cependant, tolère des collaborations individuelles.

Le boycott s’attaque spécialement à l’institut israélien du Technion à Haïfa, qui a largement contribué au développement de technologies employées par l’armée israélienne ,comme des bulldozers télécommandés utilisés pour démolir des maisons palestiniennes.

Certaines des plus grandes universités italiennes ont collaboré avec le Technion, « qui développe des technologies dangereuses pour la ... colonisation de la Palestine », a déclaré à al-Jazeera Gabriele Usberti, professeur à l’Université de Siena.

Les signataires de l’engagement au boycott déclarent qu’un certain nombre d’universités italiennes ont des accords de coopération avec le Technion, avec parmi elles les écoles polytechniques de Milan et Turin, et les universités de Cagliari, Florence, Perugia, Rome et Turin. Un porte-parole du Technion a refusé de commenter les allégations relatives à l’institut, et renvoyé al-Jazeera à l’Association des responsables des universités israéliennes.

Pour certains des signataires, la décision de participer à cet appel n’a pas été facile. Francesca Biancani, professeure adjointe à l’Université de Bologne, dit qu’elle s’est décidée à répondre à l’appel pour un boycott après un « processus à la fois douloureux et complexe » et après une « longue réflexion, » à la suite de 15 ans de visites en Israël et dans les territoires palestiniens sous occupation.

« Les propos racistes tenus par des universitaires israéliens et les mesures approuvées par leurs institutions - comme par exemple l’université de Tel Aviv - pour soutenir financièrement les étudiants servant dans l’armée, ont dépassé les bornes, à mon avis, » dit Biancani à al-Jazeera.

« Il était clair à ce moment-là que toutes mes préoccupations au sujet de la liberté académique ne pouvaient tout simplement pas prendre le pas sur les droits du peuple palestinien. »

30 janvier 2016 – Al-Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.aljazeera.com/news/2016/...
Traduction : Info-Palestine.eu


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