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Voyage jusqu’à Athènes avec un Syrien réfugié

vendredi 28 août 2015 - 11h:22

Jonah Hull

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Une cabine totalement remplie sur un vol de Lesbos à Athènes est un extraordinaire mélange de touristes et de réfugiés.

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Les réfugiés comme Mohammed attendent d’être enregistrés à l’île grecque de Lesbos. La majorité d’entre eux vont quitter la Grèce - Photo : Reuters]

Lors de son embarquement sur un vol régulier de Lesbos à Athènes, un vacancier américain se pince le nez et marmonne : « Je ne peux pas supporter ça. »

Une famille syrienne prend place en face de lui. Il y a des enfants et des chargements de bagages à main. L’air est âcre de sueur.

La cabine est remplie d’un mélange surprenant de touristes et de réfugiés. Leurs mondes pourraient difficilement être plus éloignés...

Les Syriens ont reçu des documents d’enregistrement qui leur permettent de se déplacer en Grèce pour une période limitée.

Le gouvernement grec espère qu’ils auront la possibilité d’en repartir et la grande majorité d’entre eux le feront.

Les Syriens ont tendance à avoir au moins un peu d’argent - beaucoup d’autres nationalités arrivent en Grèce avec rien en poche - de sorte qu’ils peuvent se permettre de prendre occasionnellement un vol, un ticket de bus ou de traversée maritime.

A côté de moi s’assoit Mohammed (il préfère que je n’utilise pas son nom de famille), 22 ans, étudiant en design graphique à Damas.

Jeune et en forme, mais visiblement fatigué et mélancolique, Mohammed a quitté la Turquie il y a cinq jours.

Il a servi des cocktails de fruits à Istanbul pendant un an, mais, et sans aucun signe d’une fin imminente de la guerre civile dans son pays, il a décidé de se rendre par plusieurs moyens en Allemagne. Lui comme des milliers d’autres...

« En Syrie, on ne fait que tuer. Il me faut une nouvelle vie. Je vais y arriver en Allemagne. Je vais apprendre la langue et en apprendre davantage sur la société, et après deux ans, ils vont me donner un passeport, » dit-il.

Allemagne recevra 800 000 demandeurs d’asile cette année, plus que tout autre pays européen, la plupart étant des réfugiés comme Mohammed.

Je lui demande s’il retournera jamais en Syrie. Il a l’air offensé. « Bien sûr. Quand la guerre sera terminée, je vais rentrer à la maison. »

« Ils pensent que nous sommes mauvais »

Une majorité entre maintenant en Europe via la Grèce - 50 000 pour le seul mois de juillet - et la plupart de ces personnes traversent la mer Égée depuis la côté de Turquie jusqu’à l’une des îles du Dodécanèse ou de la mer Égée : Lesbos, Kos, Chios.

Je demande à Mohammed si il a été très bien accueillis par les Grecs.

« Certains. Les Grecs sont de bonnes personnes, mais ils pensent que nous sommes mauvais. C’est parce que d’autres comme les Pakistanais, les Afghans, les Irakiens se disent Syriens afin d’obtenir plus rapidement des papiers.

« Alors les Grecs pensent que les Syriens sont mauvais, mais nous sommes de bonnes personnes Si vous venez en Syrie avec rien, on vous donnera tout : .. la nourriture, de l’argent, un endroit pour dormir.

« Ici, ils ne nous donnent rien. »

Mohammed explique comment lui et d’autres ont été repoussés par la police dans un centre d’enregistrement à Lesbos, comment les hôtels disent régulièrement qu’ils sont pleins quand ils ne le sont manifestement pas.

Un homme grec âgé, dans le siège côté couloir, grogne et roule des yeux.

Quelle a été la pire partie de son voyage jusqu’ici ?

« Traverser la mer en provenance de Turquie. Nous sommes venus dans un grand bateau en plastique. Une cinquantaine de personnes. Nous avons payé 1200 dollars chacun. Je devais diriger le bateau. Je ne l’ai jamais fait cela avant et j’avais peur. Il faisait sombre et les enfants pleuraient. »

Pour Mohammed, il y a encore des difficultés à venir. Je lui demande où il ira après Athènes. Au nord de la Macédoine, dit-il, à pied, en bus peut-être, puis la Serbie, la Hongrie et ensuite en Allemagne.

Est-il conscient que la Macédoine vient de déclarer l’état d’urgence et la fermeture des routes à travers sa frontière avec l’aide de soldats armés et des gaz lacrymogènes ?

Sait-il que la Hongrie est en train de construire une clôture sur sa frontière avec la Serbie ?

« Oui, » dit-il, en montrant son iPhone. « Nous le savons, mais nous devons essayer. »

22 août 2015 - AL-Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.aljazeera.com/blogs/euro...
Traduction : Info-Palestine.eu


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