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Le petit Ali Dawabsheh est mort bien trop tôt

lundi 3 août 2015 - 15h:32

Rania Zabaneh

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La mort de ce bébé de 18 mois a laissé les Palestiniens avec un sentiment d’impuissance, tandis que les autres membres de la famille luttent pour leur vie.

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L’enterrement du petit Ali - Photo : Reuters

Il aurait pu être médecin, comptable ou enseignant. Il aurait pu grandir en détestant l’école et en aimant la poésie, ou peut-être aurait-il suivi les traces de son père en travaillant dans la construction. Mais nous ne le saurons jamais, car le petit Ali a été tué.

Peu de temps après minuit, dans la nuit de jeudi à vendredi, une bombe incendiaire a été lancée dans la chambre de la famille, mettant le feu à la maison. L’incendie qui a fait rage a coûté la vie à Ali, âgé de 18 mois, et a laissé ses deux parents, Saad et Reham Dawabsheh, ainsi que son frère de 4 ans, Ahmad, dans un état critique.

Des dizaines d’habitants se sont rassemblés à l’extérieur de la maison à Douma, un village d’environ 3000 habitants au sud de Naplouse, en Cisjordanie occupée. Les murs étaient encore très chauds quand nous sommes arrivés sur place et des débris de verre était répandus partout sur le sol humide.

Des photos d’Ali, ses vêtements brûlés et sa bouteille de lait entamée étaient posés sur le plancher de la chambre détruite par le feu. Les voisins de la famille Dawabsheh avaient peur, et le personnel médical les aidaient à garder leur sang-froid chaque fois qu’il leur était demandé de décrire la scène à leur arrivée.

« Ce n’était plus qu’un morceau de charbon, » a dit Yusef Dariyeh, un médecin de la Croix-Rouge palestinienne (PRCS), parlant de ce qui subsistait d’Ali.

À proximité, la maison de Maamaun Dawabsheh a été partiellement brûlée dans l’attaque. Heureusement, la famille n’était pas chez elle à ce moment-là. Des graffitis en hébreu maculaient les murs : « Vengeance » et « Vive le Messie. »

Nous avons parlé à Ibrahim Dawabsheh, âgé 23 ans, qui avait été le premier à entendre l’appel à l’aide de Saad.

« J’étais sur la terrasse de ma maison vers 2h30 quand j’ai entendu la voix de Saad qui criait : ’Au secours, ils vont me tuer’, » rappelle-t-il.

Ibrahim raconte alors qu’il s’est précipité en bas et s’est approché du mur séparant sa maison de celle de Saad, abasourdi par ce qu’il voyait. « Saad et son épouse étaient par terre, à quelques mètres de distance ; ils brûlaient et deux hommes masqués étaient en train de les regarder, » a-t-il déclaré à Al Jazeera.

Lorsque les deux hommes ont commencé à s’éloigner, ils l’ont alors remarqué et ont couru vers lui, dit-il. « Je suis retourné à la maison en criant pour que mon frère et son père se réveillent, et leur faire comprendre que d’autres personnes allaient venir, » dit-il.

Lorsque Ibrahim revint, ils étaient partis. Les habitants ont retiré Saad et son épouse de la maison ; ils ont sauvé Ahmad qui était dans le salon quand l’incendie faisait rage, hurlant en appelant sa mère.

« On m’a dit qu’il y avait un autre bébé à l’intérieur, mais les flammes étaient si grandes... », a déclaré Ibrahim. Il y a eu une énorme explosion après et il était trop tard pour sauver Ali.

Les parents luttent pour leur vie

Le tiers du drapeau palestinien suffisait à envelopper le corps d’Ali. Des centaines de personnes ont suivi son enterrement, mais pas ses parents. Ils sont encore dans les hôpitaux israéliens, luttant pour leur vie.

Saad est au centre médical Soroka, souffrant de sévères brûlures au deuxième degré sur plus de 80% du corps. Cet homme de 32 ans peut mourir à tout moment, ont dit des responsables hospitaliers israéliens.

Reham, l’épouse de Saad, âgée de 27 ans, est à l’hôpital Tel Hashomer, souffrant de brûlures au troisième degré sur 90% du corps, et elle aussi peut mourir d’un moment à l’autre. Son fils de quatre ans, est soigné dans le même hôpital pour des brûlures au deuxième degré sur plus de 60% de son corps.

De retour dans le village, on constate que tout est calme aujourd’hui. Les journalistes sont partis et les murs de la maison de la famille Dawabsheh ont refroidi. Mais l’immense plaie est toujours là, avec l’atroce souvenir d’une horrible nuit que le village ne pourra oublier.

1e août 2015 - Al-Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.aljazeera.com/blogs/midd...
Traduction : Info-Palestine.eu


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