L’agression de l’été 2014 contre Gaza et l’impact grandissant de la campagne de boycott ont conduit à l’effondrement de presque 50% de l’investissement étranger en Israël durant l’année 2014.

Photo : huffingtonpost.fr

Cette semaine, la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement) a publié son rapport annuel sur l’Investissement dans le Monde et l’investissement étranger direct (IED), c’est-à-dire l’argent que les investisseurs étrangers placent dans un pays afin d’investir dans les entreprises, la construction d’usines ou alors le lancement de divers projets économiques.

D’après le rapport, l’IED en Israël en 2014 a chuté jusqu’à $6.4 milliards, alors qu’il était estimé à $12 milliards en 2013.

Le chiffre de l’année 2014 semble être le plus bas jamais enregistré durant toute une décennie. En effet, de 2005 à 2012, l’investissement étranger direct en Israël se situait aux alentours de $9 milliards par an.

A ce titre, Roni Manos, économiste israélien et co-auteur du rapport a déclaré au site israélien Ynet : « Nous pensons que les raisons de la chute des investissements en Israël sont liées à l’Opération Bordure Protectrice et aux campagnes de boycott lancées contre Israël. »

Pour rappel, l’ « Opération Bordure Protectrice » est le nom donné par Israël à son offensive de 51 jours, lancée l’été dernier contre Gaza et qui s’est soldée par une dévastation de grande envergure et l’assassinat de plus de 2200 Palestiniens, dont 551 enfants.

Par ailleurs, il convient de mentionner que l’IED, étant donné la tendance globale, a baissé dans d’autres pays de la région, mais à des pourcentages qui ne sont pas aussi brusques que ceux enregistrés en Israël. En Turquie par exemple, l’IED a baissé de 1.7%, en Irak 6.8%, aux Emirats Arabes Unis 4% et en Arabie Saoudite 9.6%. Au Liban, par contre, l’IED a en fait augmenté de 6.6%.

L’Iran qui a longuement été soumis à des sanctions internationales brutales a enregistré une chute de l’investissement étranger d’environ un tiers à un peu plus de $2 milliards.

Les touristes ne viennent plus

Les nouvelles qui font état de la fuite des investisseurs ne sont que le dernier coup asséné à Israël du fait de ses attaques contre Gaza.

Au mois de mai dernier, et dans un article intitulé « Les touristes ne viennent plus à Israël », Ynet a mis la lumière sur la chute dramatique des visites au pays.

Durant la période de l’assaut contre la Bande de Gaza, les organisations de la résistance palestinienne se sont félicitées d’avoir réussi à forcer la fermeture du principal aéroport international d’Israël pendant plusieurs jours. Cette importante réussite stratégique a porté un coup sévère à l’économie et à la réputation d’Israël.

Mais il semble que les dégâts aient duré plus longtemps que la fermeture de l’aéroport.

« Malgré les espoirs d’un redressement de la situation deux ou trois mois après l’opération de l’été dernier contre Gaza, il semble plutôt que la crise ne fait qu’empirer. Le nombre de touristes est en chute libre, le nombre de séjours dans les hôtels est en baisse et le nombre de voyages organisés a nettement été réduit, » rapporte Ynet.

Ce dernier a cité des chiffres communiqués par l’Association des Hôtels d’Israël. Couvrant le premier trimestre de l’année en cours, ces chiffres indiquent une baisse de 28% des séjours touristiques. Certaines régions, à l’instar d’Eilat, la station balnéaire réputée de la Mer Rouge et qui est fortement commercialisée comme étant la destination balnéaire préférée des Européens, a enregistré une baisse à hauteur de 51%.

Pour cela, le rapport a cité un tour-opérateur qui dit ne pas s’attendre à une amélioration de la situation pour l’année prochaine. Il déplore : « Il ne nous reste que les touristes et les pèlerins Juifs, » en ajoutant que les touristes religieux Chrétiens passent la majeure partie de leur temps et séjour dans la ville Palestinienne de Bethléem, en Cisjordanie occupée.

Préjudice économique

Cette semaine, le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU a publié un rapport indépendant au sujet de l’agression dont a été victime Gaza, ainsi que sur la répression violente simultanée orchestrée par Israël en Cisjordanie occupée. Le rapport a trouvé des preuves sur de nombreux crimes de guerre qui ont probablement été autorisés par les « plus hautes instances » du gouvernement israélien.

L’enquête de l’ONU, citant des chiffres de la Banque d’Israël, a également noté que « l’Opération Bordure Protectrice a provoqué une réduction de la production dans les secteurs du tourisme et de l’industrie » israéliens d’environ $900 millions, ainsi que des « dommages indirects » estimés à $440 millions.

Israël est lui-même en train de s’infliger des dommages économiques en poursuivant son régime d’occupation, d’apartheid, de siège et de massacre des Palestiniens, à ce rythme, le préjudice pourrait prendre de l’ampleur plus rapidement qu’on ne le pensait.

Cela pourrait aussi aider à expliquer pourquoi Israël intensifie considérablement ses efforts dans le but d’arrêter et de briser l’élan croissant du mouvement BDS qu’est le Boycott, le Désinvestissement et les Sanctions.

* Ali Abunimah est l’auteur de The Battle for Justice in Palestine. Il a contribué à The Goldstone Report : The Legacy of the Landmark Investigation of the Gaza Conflict. Il est le cofondateur de la publication en ligne The Electronic Intifada et consultant politique auprès de Al-Shabaka, The Palestinian Policy Network.

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25 juin 2015 – Electronic Intifada – Vous pouvez consulter cet article en anglais à :
https://electronicintifada.net/blog...
Traduction : Info-Palestine.eu - Niha